« Des brigades d’intervention rapide ont été mises en place pour injecter du Rivotril aux personnes âgées dans les Ehpad » – Pierre Chaillot
Pierre Chaillot est statisticien et auteur de la chaîne Décoder l’éco. Pendant la crise sanitaire, il a régulièrement analysé la façon dont les statistiques liées à l’épidémie ont pu être interprétées de façon erronée, voire manipulées par des acteurs publics ou privés.
Les 24 et 25 septembre 2022, il a participé à un colloque dans la région de Marseille dont l’objet consistait à proposer une analyse critique des décisions politiques prises lors de la crise du covid ainsi qu’à étudier le rôle de la fraude et de la corruption pendant l’épidémie.
Lors de son intervention, Pierre Chaillot a détaillé les modalités d’exercice de la corruption statistique. Il est notamment revenu sur la façon dont les résultats des tests avaient pu être dévoyés pour effrayer les populations.
« Depuis l’introduction de ces tests, on a complètement abandonné la notion de malade. On ne s’occupe pas des malades, on s’occupe des résultats des tests. »
« Si on essayait vraiment de dénombrer les malades à partir des remontées des médecins, via le réseau Sentinelles ou le réseau SOS Médecins, on ne pourrait pas faire peur aux gens. La seule manière d’avoir des chiffres massifs, ce sont les fameux tests qui donnent positif ou négatif sans rapport avec des symptômes. Les vagues suivent la dynamique des gens et leur volonté à se faire tester. »
« On a une adhésion à ce type de tests, les gens vont se faire tester pour savoir s’ils ne sont pas malades quand bien même ils ne ressentent aucun symptôme. Et vu que chaque personne qui a un test positif force tous ses voisins à se faire tester, nous avons eu une vraie propagation de la maladie du test où les gens transmettent à leur voisin le fait de devoir aller se faire tester », poursuit Pierre Chaillot.
« Depuis la fin du passe sanitaire, si vous consultez les chiffres de la Drees, les vaccinés sont bien plus positifs que les autres, tout simplement parce qu’ils se font beaucoup plus tester, car c’est gratuit pour eux. Il n’y a plus d’obligation pour les non vaccinés, donc eux ne le font plus ou quasiment plus », ajoute-t-il.
Pendant son intervention, Pierre Chaillot a également évoqué le rapport d’activité au titre de 2020 publié par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH).
« Il n’y a pas eu de saturation des hôpitaux, au niveau global j’entends, et il n’y en a pas eu non plus au niveau régional en 2020. On peut toujours trouver des services qui, à ce moment-là, sont tendus et sont saturés puisqu’il y en a tout le temps et que c’est comme ça que fonctionne l’hôpital, avec de la saturation à certains endroits et avec des gens que l’on déplace quand un endroit est saturé, c’est ce qui se passe habituellement. Mais là, on a eu un focus sur ces cas particuliers en disant que c’était comme ça partout. Le rapport de l’ATIH montre que ce n’est pas vrai. »
« La saturation hospitalière annoncée en 2020 n’a pas eu lieu, mais il y a bien eu une pression médiatique pour montrer les endroits qui saturaient, avec des chefs de service qui venaient raconter à la télé la saturation de leur service », souligne l’auteur de la chaîne Décoder l’éco.
Lors de notre entretien, Pierre Chaillot s’est aussi exprimé sur la polémique liée à l’usage du Rivotril – une molécule médicamenteuse de la classe des benzodiazépines – dans le cadre de protocoles de soins palliatifs, notamment dans les EHPAD.
« Le scandale n’est pas tant lié à la molécule en elle-même, mais plutôt au protocole. C’est ce qu’ils ont appelé le protocole palliatif covid. C’est un protocole qui n’a pas lieu qu’en France, et qui a consisté à dire « il y a un virus mortel qui circule et quand les personnes âgées l’ont, on ne peut pas les soigner, et en plus elles sont dangereuses pour les autres parce qu’elles vont contaminer leurs voisins. Donc, il faut les isoler et les mettre en protocole palliatif. »
« La molécule utilisée par la plupart des autres pays a été le Midazolam et on s’est retrouvé en situation de pénurie. Il y a eu un décret spécifique en France pour pouvoir utiliser le Rivotril », ajoute Pierre Chaillot.
« On a décidé sans le savoir, puisqu’il n’y avait pas de statistiques, que ces gens-là étaient atteints de quelque chose d’incurable et qu’on allait les accompagner vers la mort. C’est à partir du moment où l’on prend cette décision que l’on a une forte augmentation de la mortalité, en particulier des personnes âgées dans les EHPAD. »
« Cette prise de décision est un vrai scandale. Comment peut-on affirmer d’emblée que les personnes ne se sortiront pas d’une quelconque pathologie et faire peur à tout le monde pour dévoyer le système de soins palliatifs sans tenter autre chose ? »
« On peut estimer à 6000 décès en trop le fait de donner deux ampoules de Rivotril à une personne âgée pour l’accompagner vers le décès, et on a 6000 décès en trop dans les EHPAD sur la période », poursuit l’auteur de la chaîne Décoder l’éco.
« On a une corrélation temporelle entre la prise de décision et la mortalité. On retrouve exactement les mêmes nombres entre le nombre de doses de Rivotril et le nombre de morts que l’on a en trop, et on a aussi une corrélation géographique avec les endroits où cette directive politique a vraiment été appliquée avec beaucoup de zèle. Ça fait quand même un sacré paquet d’indices qui mériteraient d’être scrutés avec beaucoup plus d’attention. »
Selon Pierre Chaillot, les mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire s’apparentent d’ailleurs à une gigantesque « expérience de Milgram ».
« On a vécu un niveau d’absurdité phénoménal. On a forcé les gens à fliquer leur voisins pour savoir s’ils étaient vaccinés, tout le monde a joué le jeu. Les gens ont participé de manière volontaire à cette expérience. »
« On a fait peur aux gens de manière très forte, la théorie du contrôle des foules a fonctionné. La paresse intellectuelle naturelle implique que l’on peut faire faire à peu près n’importe quoi aux gens. »
Et Pierre Chaillot de conclure : « Quelle que soit l’expérience qu’on met en place, il y a toujours un nombre significatif de personnes qui ne se laissent pas avoir, à peu près autour de 5%. On a bien vu que ça n’avait aucun rapport avec le niveau d’éducation des gens. Il y a eu de grands chercheurs qui se sont rebellés, et puis il y a eu aussi des gens pleins de bon sens, quel que soit le niveau de diplôme. »
« Il ne faut pas se laisser faire. Il faut continuer à donner de l’information, refuser les choses quand elles sont complètement stupides, ne pas compter sur la totalité de la masse des gens pour s’investir à sa place, il faut le faire personnellement, fermement, sans s’arrêter. C’est nécessaire et ça suffit à ne pas tomber dans la dérive totale. »
Retrouvez l’analyse intégrale de Pierre Chaillot dans la vidéo.