« La caste est prête à tout sacrifier pour garder ses privilèges » – Éric Verhaeghe
Ancien haut fonctionnaire, Éric Verhaeghe est désormais entrepreneur et essayiste. Il est notamment le fondateur du site d’information Le Courrier des Stratèges et de l’association Rester Libre !.
Dans son dernier ouvrage Sécession – Manuel d’auto-défense contre la caste, paru aux éditions Culture & Racines, Éric Verhaeghe analyse les différentes crises qui se sont succédé ces dernières années et la façon dont la sidération qu’elles provoquent peut constituer une opportunité pour l’État d’accroître son emprise sur la société et de faire évoluer le comportement des individus qui la composent.
Il propose également à ses lecteurs plusieurs pistes pour faire « sécession » et bâtir un nouveau modèle de société afin de préserver leurs « droits naturels » et d’échapper à la « démagogie, c’est-à-dire la corruption de la démocratie, ces moments où la majorité se transforme en force d’oppression contre les libertés et l’État de droit ».
Dans le cadre de son analyse, Éric Verhaeghe se montre particulièrement critique quant à la gestion de la crise sanitaire, les mesures restrictives de liberté prises pendant l’épidémie ainsi que la vindicte et le mépris dont les Français n’ayant pas souhaité se faire vacciner ont pu faire l’objet.
« J’en veux à cette caste de bourgeois parisiens qui sont prêts à tout sacrifier, y compris la santé mentale de leurs enfants et de leurs petits-enfants, pour défendre leur train de vie, leur confort, leur santé. Aujourd’hui, nous sommes dirigés par une caste d’égoïstes absolus prêts à fouler aux pieds tous les droits sociaux, sanitaires, existentiels, politiques des autres pour défendre leurs privilèges », souligne l’essayiste.
« Il y a aujourd’hui une caste prévaricatrice, une caste qui vit sur le dos des autres et qui est prête à tout pour conserver ses privilèges. Il faut lui dire stop. Il faut renouveler les élites de ce pays, renouveler la gouvernance de nos sociétés, et il faut le faire sans aucun état d’âme », poursuit-il.
D’après Éric Verhaeghe, la crise sanitaire a également « donné aux pouvoirs policiers l’opportunité d’avancer grandement dans leurs projets de mise sous surveillance » de la population, accélérant la dérive autoritaire de l’État et lui offrant l’occasion de se diversifier, notamment via la mise en place du passe sanitaire.
« Sous le couvert de l’urgence sanitaire, on a fait passer une multitude de décrets qui organisent l’encadrement de la libre expression, la surveillance et la reprise en main des populations », note l’essayiste, qui prend pour exemple le décret du 13 juillet 2021 actant la création de Viginum, une agence rattachée au Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, dont la mission consiste à surveiller les plateformes numériques pour détecter d’éventuelles ingérences étrangères susceptibles d’altérer l’information et d’affecter le débat public français.
« Toutes les données circulant sur les réseaux sociaux doivent faire l’objet d’une collecte et d’un traitement avec des algorithmes que personne ne connaît et qui permettent de surveiller l’activité des Français. La liste des réseaux sociaux que Viginum doit surveiller est publique, il y a notamment Linkedin, Facebook, Twitter, les requêtes Google, etc. »
« En décembre 2021, le Conseil d’État a également validé des décrets autorisant le fichage systématique des opinions politiques, syndicales, religieuses, philosophiques de tous les citoyens du pays », ajoute-t-il.
Selon l’essayiste, le développement de ces dispositifs de contrôle et surveillance s’explique notamment par la crainte de troubles sociaux de grande ampleur : « On ne peut rien comprendre à la gestion du Covid et à son arrière-fond politique et économique, si l’on a pas mesuré le poids de la peur qui s’est emparé de la caste mondialisée face à la montée des risques sociaux. […] La caste mondialisée a globalement décidé de mettre les populations sous surveillance, et même sous une surveillance en progrès constant, afin de maîtriser au mieux le risque de révolte et de remise en cause d’un ordre qui lui profite. »
« La caste mondialisée brise ou cherche à briser toute possibilité d’autonomie dans la vie des gens. Ils doivent devenir complètement dépendant de l’État aux mains de la caste, pour ne pas pouvoir lui échapper le moment venu », écrit l’auteur de Sécession – Manuel d’auto-défense contre la caste.
Pour Éric Verhaeghe, les projets d’identité numérique et d’euro numérique portés par la Commission et la Banque centrale européennes s’inscrivent d’ailleurs dans ce cadre et pourraient ouvrir la voie à la mise en œuvre d’une forme de crédit social inspiré du système totalitaire chinois.
« Il y a aujourd’hui une fascination de la caste pour le totalitarisme communiste. Le grand rêve est d’instaurer dans le capitalisme de connivence dans lequel nous vivons les méthodes de domination communiste chinoise. Ces idées de rééducation, de crédit social, tout cela est signé. »
« On voit bien que le Forum de Davos est passé sous influence chinoise, que la filiale chinoise de McKinsey est devenue prédominante, et que McKinsey est devenu un vecteur très puissant de la diffusion du modèle chinois dans les esprits occidentaux », ajoute le fondateur du Courrier des Stratèges.
Afin d’échapper à l’emprise croissante de l’État, Éric Verhaeghe préconise la sécession, une démarche collective qui consiste à s’émanciper progressivement de la tutelle étatique en promouvant l’émergence de groupes locaux fondés sur la coopération et le partage des compétences et des savoirs : « L’horizon de la sécession politique est beaucoup plus large que la simple question de la survie. […] Notre projet est de changer la cité et non de la fuir, par une sorte de résistance passive et collective aux lois liberticides. »
« Il ne faut plus alimenter la caste qui nous domine. Il faut faire sécession, c’est-à-dire créer légalement, pacifiquement, une société alternative fondée sur nos valeurs de liberté et qui exclut, petit à petit, les gens de la caste et leur esprit toxique. Il faut créer des groupes où les gens se connaissent, où ils montent des coopérations locales. Il faut qu’ils organisent leurs propres écoles, leurs propres centres de soins, leurs propres réseaux de médecins », fait valoir l’ancien haut fonctionnaire.
Une démarche « qui ne se limite pas à vouloir survivre, ou vouloir surmonter un grand effondrement », mais qui revêt également une dimension psychique et spirituelle.
« Ce à quoi nous assistons, c’est à notre effondrement spirituel. On ne sait plus si l’on est un homme ou une femme, on ne dit plus lui ou elle, on dit iel, tout cela est l’organisation de la décadence de l’esprit. Il n’y aura de liberté que dans le relèvement moral. »
« Nous ne nous relèverons, nous ne défendrons nos libertés, nous ne récupérerons le contrôle et la maîtrise de nos vies que si nous acceptons de revenir à nos vieilles conceptions et de sortir de cette espèce de mollesse généralisée qu’on tente de nous imposer », conclut Éric Verhaeghe.
Retrouvez l’analyse intégrale d’Éric Verhaeghe dans la vidéo.