Laurent Ozon : « Les gens qui pilotent les politiques financières mettent à genoux les populations »
Le samedi 11 juin, Laurent Ozon, conférencier et essayiste, a participé au débat citoyen organisé sur la place du marché de Montreuil par l’équipe du collectif Prenez Place !
Un débat mêlant prises de paroles d’experts tels que l’ancien trader Anice Lajnef ou l’économiste Assen Slim, ainsi que des citoyens intéressés par les problématiques financières et monétaire, et leurs liens avec la démocratie et le bien commun.
Des sujets particulièrement importants pour Laurent Ozon, qui a pris la parole à plusieurs reprises lors des échanges avant de répondre à nos questions.
« C’est à cause de cette politique monétaire que l’on a une inflation qui explose, c’est à cause de cette politique monétaire que l’on a de la spéculation sur un certain nombre de biens qui circulent à travers le monde, c’est à cause de cette même politique monétaire qu’on a une économie de l’interdépendance, c’est-à-dire qui n’est pas basée sur l’échange entre des gens qui cherchent à se fournir les uns aux autres ce qui leur manque, mais sur un échange systématique qui fait que chacun doit être dépendant de tous. Dans une économie comme celle-là, aucun pays, aucun peuple ne détient les moyens de satisfaire ses propres besoins par lui-même, il est enchaîné à des politiques monétaires, des politiques financières. Les gens qui pilotent ces politiques là mettent à genoux les populations, ils sont en train de le faire en ce moment. »
« C’est pendant ces phases critiques que les gens sont parfois prêts à entendre ce qu’ils ne sont pas prêts à entendre quand le frigo est plein et quand ils ont du travail, c’est-à-dire pourquoi ça ne marche pas ? […] Pourquoi mon travail doit-il dépendre de la décision d’un type qui vit à 10 000 kilomètres de chez moi ? Pourquoi le prix des aliments que je donne à manger à mes enfants doit-il dépendre de critères de bourses à des centaines ou des milliers de kilomètres de chez moi ? Pourquoi suis-je obligé d’acheter des tomates produites à 2000 kilomètres de chez moi, alors que je pourrais en avoir à côté de chez moi ? Etc., etc. »
« Quand ça va mal, les gens se posent des questions, c’est ce qu’on appelle la crisis, c’est-à-dire la période de crise. Et lorsque la période de crise arrive, les esprits s’ouvrent, un peu comme dans le monde écologique où les espèces changent de stratégie alimentaire quand leur moyen de survie est en jeu. Nous sommes pareils, lorsque la situation se dégrade, lorsque le chômage explose, lorsque l’inflation monte, c’est le moment de donner à tous matière à réfléchir, à débattre. Aujourd’hui, nous avons deux pistes, soit le débat, soit la confrontation. »
« On ne peut pas se contenter d’être dans la déploration, il faut saisir toutes les occasions que l’on a pour parler et pour expliquer, parce que c’est maintenant que les gens sont curieux. Il faut leur donner des réponses, il faut leur expliquer, leur dire voilà d’où l’argent sort, voilà comment il est fabriqué aujourd’hui, voilà d’où vient la monnaie, voilà ce que vous vendent les banques, voilà quels sont leurs pouvoirs exorbitants, voilà le pouvoir qu’elles ont sur les médias, voilà le pouvoir qu’elles ont sur les politiques, voilà le pouvoir qu’elles ont sur les modes de production, sur le commerce international, sur l’interdépendance des économies. Il faut l’expliquer aux gens, c’est le moment de leur dire, de leur répéter. »
Retrouvez le témoignage intégral de Laurent Ozon dans la vidéo.
Pour soutenir le financement des prochains débats organisés cet été à travers la France par le collectif Prenez Place : https://www.helloasso.com/associations/association-pratiques-artistiques-scientifiques-paca/collectes/prenez-place-la-tournee-ete-2022