Véronique Bouzou : « Nous voulons retrouver du sens et de la vérité ! »
Véronique Bouzou est diplômée de Lettres modernes, professeur de français et auteur de plusieurs essais sur l’école. Elle a récemment publié un nouvel ouvrage, Les hussards noirs de la robotique.
Un roman d’anticipation dont l’action se déroule en 2070 dans un lycée pilote où les capacités intellectuelles des élèves sont augmentées grâce à des puces implantées dans leur cerveau et où les enseignements sont dispensés par des robots.
Le personnage principal du roman, Diane Bonnel, une « centenaire espiègle et rebelle », rend visite à des élèves du lycée pour leur faire part de son expérience et leur décrire l’état de l’école et de la société lorsqu’elle a commencé à enseigner, au début du 21e siècle.
Librement inspiré de son expérience d’enseignante, le récit permet à Véronique Bouzou d’aborder plusieurs problématiques actuelles telles que la crise sanitaire, la repentance et la culture de l’excuse, l’islamisme radical ou le transhumanisme.
Pour Véronique Bouzou, enseignante, les mesures sanitaires prises pour lutter contre l’épidémie ont ainsi eu des effets délétères sur les enfants qui ressentent « un profond mal-être ».
« De plus en plus d’élèves souffrent de dépression, ne veulent plus venir dans les établissements scolaires, se demandent ce qu’ils vont devenir. Ils ont peur d’être réprimandés, peur de ne pas pouvoir aller en récréation s’ils n’ont pas mis leur masque. Il y a même des chefs d’établissement qui excluent des élèves deux ou trois jours pour le seul motif de non-port du masque ou pour l’avoir porté négligemment », nous a-t-elle expliqué dans le cadre de notre entretien.
« Nous avons sacrifié notre jeunesse ! À quel prix ? Pour qui et pour quoi ? Que l’on ne nous fasse pas croire que c’est pour leur bien-être car la santé n’est pas uniquement physique, elle est mentale. Aujourd’hui de graves problèmes se posent, des psychologues en parlent, les tentatives de suicide… ce n’est pas un vain mot. De plus en plus d’élèves sont en grande souffrance. »
Selon Mme Bouzou, l’école à distance est également « une aberration ».
« Enseigner nécessite un échange entre le professeur et ses élèves, la circulation de la parole dans la classe. Que l’on ne nous fasse pas croire que l’école en distanciel se passe bien, c’est faux. En plus, cela creuse les écarts entre les élèves, entre ceux qui ont la possibilité de travailler correctement à la maison, qui sont dotés d’ordinateurs, de tablettes, et ceux qui ont à peine ce qu’il faut, qui travaillent dans des espaces réduits, avec du bruit. »
Professeur de français depuis une vingtaine d’années, Véronique Bouzou a notamment exercé son métier au Val Fourré, à Mantes-la-Jolie (78) au début de sa carrière.
Dans son dernier livre, Les hussards noirs de la robotique, son héroïne, Diane Bonnel, explique que les élèves « ont besoin de figures fortes » à même de les séduire et de les inspirer.
Elle regrette notamment le rôle désormais joué par l’école dans « la déculturation des masses à travers les programmes scolaires » et fustige « la repentance perpétuelle qui dénigre la France et son histoire », « la culture de l’excuse » ou « la dictature de la bien-pensance » qui modèlent « le cerveau de jeunes élèves en leur proposant une vision binaire et manichéenne ».
Une logique susceptible de nourrir la victimisation, le ressentiment et la haine, semant le trouble dans l’esprit des plus jeunes dont certains deviennent « des proies faciles pour les recruteurs au djihad. »
« Nous devions cesser de donner à notre jeunesse l’image pitoyable du pleutre, incapable de défendre son identité, tétanisé à l’idée de passer pour le ‘méchant’ intolérant. Une guerre psychologique était en œuvre et nous ne pourrions jamais séduire notre jeunesse si nous laissions à d’autres l’image du plus fort, de l’indomptable et de l’intrépide », affirme l’héroïne du livre Les hussards noirs de la robotique.
Préoccupée par les dérives potentielles liées aux perspectives offertes par le développement de l’intelligence artificielle, Véronique Bouzou entend aussi alerter sur l’idéologie transhumaniste, un thème au cœur de son dernier roman.
« Le transhumanisme est foncièrement diabolique, il renie notre spiritualité, notre être sacré et notre intégrité. Nous sommes à un tournant de l’histoire, le progrès a changé de nature et ne vise plus à améliorer nos modes de vie mais à nous changer de manière ontologique », nous a ainsi confié Mme Bouzou pendant notre entretien.