« La violence est devenue endémique en France » – Hervé Moreau
Formé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Hervé Moreau a passé une trentaine d’années dans les forces armées, d’abord comme officier de l’Armée de Terre puis en tant que capitaine de gendarmerie, avant de démissionner, écœuré par le laxisme de la justice et la culture du pas de vagues.
Il est l’auteur du livre Vérités d’un capitaine de gendarmerie, un ouvrage qui lui a valu un blâme de la part de la ministre de la Défense et qui vient d’être réédité dans une version augmentée et actualisée aux éditions Magnus.
Un témoignage de terrain dans lequel Hervé Moreau relate les crimes et les délits auxquels il a dû faire face lorsqu’il était commandant en second de la compagnie de gendarmerie départementale de Beaune, en Bourgogne.
« J’ai été confronté à la violence, au crime, à la haine, à l’injustice. J’ai entendu siffler les balles, j’ai risqué ma vie, j’ai souffert. Je me suis exposé aux coups dans ma chair, j’ai vu et connu l’indicible. Cela me donne une légitimité que nombre de mes contradicteurs n’ont pas », écrit l’ancien officier.
« Des compagnies de gendarmerie, comme celle dans laquelle j’ai servi, il y en a des centaines. Toutes sont exposées aux mêmes missions, aux mêmes difficultés, aux mêmes dangers, aux mêmes problématiques », ajoute-t-il.
La France Orange mécanique
Au fil des pages, Hervé Moreau décrit « une France Orange mécanique qui s’étend et s’intensifie », « un déchaînement de violence au quotidien, susceptible de vous frapper partout et n’importe quand pour un regard, pour un geste, pour une attitude et surtout pour rien ».
« Aujourd’hui, tout peut arriver, partout et n’importe où. La violence, le crime, le terrorisme sont des réalités incontournables. Et les choses n’iront qu’en empirant à moins que nous n’assistions à l’émergence d’une volonté répressive puissante, la seule à même de dissuader les passages à l’acte », poursuit l’ancien gendarme.
Une réponse pénale insuffisante
Selon lui, la progression des crimes et de la délinquance s’explique en effet par « le laxisme » et « la permissivité qui prévalent actuellement ».
Il fustige ainsi une réponse pénale insuffisante et le « laxisme éhonté des juges, des magistrats du siège, qui relaxent ou prononcent essentiellement des peines de prison assorties du sursis à l’encontre des prévenus ».
« Avec eux, les délinquants ne sont jamais responsables, tout demeurera toujours imputable à la société, la prison n’est d’aucune utilité, tout est affaire de réinsertion et d’éducation, et toutes les inepties du même acabit. Ils ont beau traiter de délinquance à longueur de journée, ils n’y sont pas ou peu confrontés eux-mêmes, dans leurs vies personnelles », explique-t-il.
D’après Hervé Moreau, si le système judiciaire « semble en théorie conforter les libertés publiques », il sert en réalité « les intérêts des truands » et les encourage à récidiver en consacrant leur impunité.
« Je ne crois plus en cette justice qui ne punit pas, qui ne protège pas les victimes, qui ne défend pas la société », souligne l’ancien capitaine de gendarmerie.
Des responsables politiques inconséquents
Dans son livre, Hervé Moreau n’épargne pas non plus les « politiques, de droite comme de gauche, qui ont trop souvent fait le choix de l’immobilisme, de la lâcheté et du clientélisme plutôt que d’initier les réformes courageuses et difficiles dont la nation a tant besoin ».
« J’ai pu constater, sur le terrain, à quel point les décisions politiques prises par les gouvernements successifs nous vouaient à l’échec et à la soumission, nous condamnaient au délitement et au chaos », écrit l’ancien commandant de la compagnie de gendarmerie de Beaune.
Et Hervé Moreau de conclure : « Ce qui se joue aujourd’hui, c’est ni plus ni moins que l’avenir de notre civilisation et nous nous trouvons presque au point de rupture après avoir reculé depuis déjà des décennies. Les prochaines années seront cruciales et presque irréversibles. »