Monumental. Le Français Teddy Riner a enrichi son palmarès XXL avec une dixième couronne de champion du monde, coiffée en toutes catégories, dix ans après la toute première, hier à Marrakech (Maroc).
En atteignant la symbolique decima (huit titres en +100 kg, deux en toutes catégories), Riner (28 ans) imprime encore un peu plus son empreinte dans l’histoire du judo.
Quelques chiffres en témoignent : le colosse (2,03 m, 142 kg) a étiré sa vertigineuse série de victoires consécutives à 144 combats. Sa dernière défaite remonte à plus de sept ans. Précisément au 13 septembre 2010, en finale des Mondiaux toutes catégories à Tokyo, face au Japonais Daiki Kamikawa, sur décision des arbitres.
Déjà le judoka le plus titré aux Championnats du monde (hommes et femmes confondus) depuis son huitième sacre en 2015, le double champion olympique en titre des poids lourds (2012 et 2016) en a ajouté deux de plus en l’espace de deux mois, début septembre à Budapest (+100 kg), puis samedi au Maroc.
Avec ce jalon symbolique, Riner se fait aussi une place de choix dans le monde du sport en général. Le voilà désormais associé dans l’imaginaire collectif à Rafael Nadal, dix fois vainqueur à Roland-Garros, au Real Madrid, dix fois victorieux de la Ligue des champions, ou encore au biathlète Martin Fourcade, dix fois champion du monde en individuel et futur porte-drapeau de la délégation française aux JO-2018 – un rôle que le judoka avait rempli à Rio en 2016.
Une médaille symbolique
« La dixième (médaille d’or), c’est quelque chose de symbolique. C’est les dix doigts, les deux mains. C’est aussi rejoindre au panthéon les grands noms du sport », a-t-il souligné.
C’est d’ailleurs en brandissant ses deux mains ouvertes que Riner a fêté son dixième titre.
Dans la matinée, il avait commencé sa journée par un combat prudent face au Kirghize Iurii Krakovetskii, remporté dans le golden score (waza-ari).
Le gros morceau s’est présenté dès le deuxième tour, avec le redoutable Géorgien Guram Tushishvili, qui l’avait fait vaciller en demi-finale mondiale à Budapest. Riner a brillamment franchi l’obstacle au bout d’un combat spectaculaire – à l’image de son premier waza-ari, d’abord annoncé ippon, quand il a fait voltiger son adversaire après à peine une minute de duel – et physique. On l’a vu les mains sur les genoux à l’approche de la fin du combat.
Ont ensuite successivement subi sa loi le Tunisien Faicel Jaballah, le Mongol Temuulen Battulga, le Cubain Andy Granda, puis le Belge Toma Nikiforov, dominé par deux waza-ari en finale.
« Sur chacun des combats, j’ai pris du plaisir parce que j’ai réussi à faire tomber. Pour moi, c’est le plus important. Je suis quelqu’un de très frustré, même à l’entraînement, quand je n’arrive pas à faire tomber », a insisté Riner.
Objectif ultime : Tokyo 2020
Devenu champion du monde pour la dixième fois, le boss du judo mondial se laissait tomber à genoux sur le tatami, la tête entre les mains, avant d’aller étreindre sa famille présente en nombre – entre 65 et 70 personnes ! – à Marrakech.
C’est peu dire qu’il a pu compter tout au long de la journée sur le soutien de ses proches – son fils Eden en tête, installé aux premières loges, dans la main duquel il est venu taper avant chaque combat ou presque. Parents, grands-parents, parrain, marraine, entourage, beaucoup habillés d’un tee-shirt floqué de son dossard doré de champion olympique : « Il y avait vraiment tous les gens qui comptent pour moi. C’est mon poumon, mon second souffle », a expliqué le judoka.
Riner peut désormais se tourner sereinement vers son objectif ultime : un troisième sacre olympique consécutif au pays du judo, à Tokyo en 2020. Du jamais vu chez les lourds. Un seul homme a réussi cet exploit : le Japonais Tadahiro Nomura en -60 kg (1996, 2000 et 2004).
D’ici là, le reverra-t-on aux Mondiaux ? La question est posée. La réponse attendra.
« Point d’interrogation », s’est contenté de lâcher le phénomène. Avant d’ajouter quelques instants plus tard : « Le titre olympique est le plus important maintenant. »
I.M. avec AFP
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