Jalouse le deuxième long-métrage des frères Foenkinos pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une énième comédie du genre malveillant et bas de gamme, traitant d’une femme hystérique qui arrive à la cinquantaine. Trois secondes suffisent pour nous rassurer en voyant Karin Viard passer d’un état à un autre comme par magie.
Le scénario des frères David et Stéphane Foenkinos est bien ficelé : authentique, compatissant et drôle. La sincérité réside non pas dans les actions où les mots qui nous font rire mais dans cette pulsion qui existe dans chacun de nous au moment du trouble.
Nathalie Pêcheux est une belle femme. Divorcée, professeur de lettres et de philosophie en khâgne, elle a tout ce qu’on pourrait souhaiter dans la vie, des amis qui l’aiment, un métier qui la passionne, une fille formidable (Dara Tombroff, belle et délicate comme une fleur). Danseuse classique, sa fille vient de fêter ses 18 ans. Elle incarne la jeunesse dans toute sa splendeur et sa candeur (elle a toute sa vie et tous ses rêves devant elle. C’est à ce moment que Nathalie se rend compte qu’elle a été flouée par la vie. L’amertume transforme la mère aimante et dévouée, en dangereux monstre. « J’ai l’impression que le monde m’est devenu hostile », dit-elle à son généraliste.
La comédie se met en marche là où la douleur s’installe. Comme dans la vie, ces émotions concordantes et contradictoires -qui nous envahissent- se reflètent sur le visage ou dans les gestes du personnage de Nathalie. Poussés à leur paroxysme, les sentiments qui envahissent Nathalie la poussent à tenter d’éliminer sa propre fille.
Une comédie qui côtoie le drame de la crise de la cinquantaine
Nathalie est une femme accomplie mais arrivée à cette âge de « transit » comme lui affirme son médecin elle se sent impuissante, déroutée. Le bonheur des autres « lui saute aux visage » comme pour la déstabiliser.
Son ex-mari a refait sa vie avec une femme plus jeune, moins intelligente certes mais plus gentille aussi. La nouvelle femme a droit à des vacances de rêve alors qu’elle avait droit à aller chez la belle mère à Dijon. Quant à sa meilleure copine (l’excellente Anne Dorval dont on se souvient dans Mommy), mariée depuis 20 ans, est toujours heureuse.
Sa nouvelle collègue, incarnée par la prometteuse Anaïs Demoustier, est jeune, pleine d’énergie, d’ambition et de nouvelles idées, à peine arrivée tout le monde l’admire déjà.
Tout cela devient pour Nathalie non seulement agaçant mais clairement insupportable.
À 50 ans, on voit nos enfants s’envoler et nos parents ne sont souvent plus là. À qui donc, raconter ses malheurs, ses joies, sa solitude, son nouvel amour ?
Nathalie est attachante et nous fait rire, sa méchanceté cache sa fragilité. En attaquant son entourage, elle est rongée par son poison, elle est en train de s’autodétruire.
Heureusement, c’est une comédie, et comme dans toutes les comédies, tout s’arrange à la fin !
Michal Bleibtreu Neeman
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