Pékin a arrêté 1,43 million de Chinois lors de la campagne de sécurité menée pendant trois mois à l’approche du XXe Congrès national du Parti. Les personnes arrêtées n’étaient pas forcément coupables de quoi que ce soit.
À l’approche du XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), prévu au mois d’octobre, une sécurité renforcée est de mise. Le régime a déployé l’ « Opération 100 jours » qui a débuté le 25 juin.
Lors d’une conférence de presse tenue le 27 septembre, le ministère de la Sécurité publique a salué le succès de la campagne : à ce jour, l’opération a permis de régler plus de 640.000 affaires pénales et d’arrêter plus de 1, 43 million de personnes.
Cependant, de nombreux suspects sont tout simplement des citoyens chinois ordinaires. Il y a notamment des dissidents, des militants, des pétitionnaires, des chrétiens et des pratiquants de Falun Gong.
Ennemis du peuple
Le régime affirme que l’opération a permis de protéger les groupes vulnérables, tels que les femmes, les mineurs, les personnes âgées et les personnes handicapées.
L’édition en langue chinoise d’Epoch Times a appris que la police s’en prenait à de nombreuses personnes dépourvues de tout caractère criminel, notamment des personnes qui ont osé s’exprimer et défendre les intérêts des citoyens dans le besoin.
Par exemple, l’avocat Chen Jiahong est porté disparu depuis le 24 septembre, lorsque la police s’est rendue à son domicile dans la province du Guangxi, dans le sud de la Chine.
M. Chen avait déjà été emprisonné pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État » pour avoir exprimé son soutien aux victimes de la « répression 709 », une arrestation massive menée en 2015 contre des avocats et des militants des droits civils.
Xiang Jinfeng, un militant des droits de l’homme au franc-parler originaire de la province de Fujian, sur la côte sud-est de la Chine, a été arrêté par la police locale de Longyan City le 1er septembre pour un motif inconnu. Sa famille a été informée de la durée de sa détention, un mois, a confié le frère de M. Xiang à Epoch Times.
Le facteur de risque social : les pétitionnaires
Les pétitions adressées au gouvernement de Pékin sont devenues une routine pour de nombreux Chinois estimant que leur voix doit être entendue par les autorités. Cependant, ils sont eux aussi devenus des cibles lors de cette dernière opération.
Hu Jianguo, par exemple, est un militant de Shanghai qui a un jour déclaré : « En défendant nos droits, nous luttons pour la démocratie et la liberté, qui sont notre plus grand espoir dans la vie. »
Il a révélé à Epoch Times le 28 septembre que la police était installée dans son garage, le surveillant jour et nuit, depuis deux semaines, pour l’empêcher de se rendre à Pékin pour adresser une pétition au gouvernement.
Selon M. Hu, d’autres pétitionnaires de Shanghai, dont Yang Yonglan, Gu Guoping, Peng Miaolin et sa fille Peng Jun, sont également surveillés par la police 24 heures sur 24.
Il a raconté : « J’ai dit à ces communistes qu’ils étaient tous des escrocs et des voleurs qui gardaient leur argent à l’étranger et intimidaient le peuple. Pour cela, ils ont envoyé quelques personnes supplémentaires [chez moi]. Une camionnette était garée juste à l’extérieur pour nous surveiller. »
Depuis 2005, le nombre annuel de pétitions en Chine s’est maintenu à près de 10 millions, selon un livre paru en 2013 intitulé « Petitions, Democracy, and the Rule of Law : China Topics » [Pétitions, démocratie et État de droit : thèmes relatifs à la Chine], publié par City University of HK Press,
En réalité, le nombre total de plaintes relatives à la gouvernance du régime s’est élevé à 10,24 millions à l’échelle nationale en 2000, selon une étude réalisée en 2005 par Xiong Yihan, chercheur en sciences politiques à l’université Fudan.
Zéro Covid et zéro pétitionnaire
Rien qu’en 2021, plus de 3,8 millions de plaintes ont été spécifiquement adressées aux bureaux anticorruptions de l’État, à la Commission centrale d’inspection disciplinaire et à la Commission nationale de supervision.
Le régime a prétendu que des fonctionnaires corrompus à l’échelon local étaient la cause principale des incidents collectifs.
Pour réprimer cette corruption, les responsables locaux ont lancé la campagne « zéro pétitionnaire ».
Par exemple, la province du Shanxi a adopté l’initiative zéro pétitionnaire en 2020 comme une des principales tâches confiées au comité permanent provincial du PCC.
Cette année, le bureau de l’éducation de Jiyuan, dans la province du Henan, a également encouragé l’initiative zéro pétitionnaire afin de garantir la bonne application de la politique zéro Covid.
Wu Shaoping, avocat spécialisé en droits de l’homme aux États-Unis, a expliqué que les contrôles sévères pratiqués par le PCC mettaient toute la société dans un état de tension et d’anxiété. La pandémie n’est qu’un prétexte pour contrôler les gens.
Il pense que le PCC est pleinement conscient que « la folie [la colère] et les protestations populaires pourraient conduire à l’effondrement du régime », a-t-il déclaré.
Dans une interview accordée en 2009 à Voice of America, l’avocat des droits de l’homme Jiang Tianyong a estimé que de nombreux pétitionnaires avaient finalement été « éclairés » par des décennies de pétition.
« Ils ont compris que les fonctionnaires locaux n’étaient pas les seuls à être corrompus. Plus ils progressaient dans leurs démarches, plus la situation s’aggravait. »
Jiang, également victime de la répression 709, est assigné à résidence et surveillé par la police 24 heures sur 24 depuis qu’il a été libéré en 2019 après deux ans d’emprisonnement.
Haizhong Ning et Chang Chun ont contribué à cet article.
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