Le syndicaliste Joe Wong voulait organiser une marche pour la fête du Travail, mais il a soudainement annulé sa demande après avoir brièvement disparu. À Hong Kong, les militants sont sommés de rentrer dans le rang et soumis à une surveillance de plus en plus poussée.
L’activiste ne peut pas révéler pourquoi il a changé d’avis à cause d’une clause de confidentialité de la loi sur la sécurité nationale, imposée à Hong Kong en 2020 par la Chine pour réprimer la dissidence. Trois ans après ce texte, la police du territoire semi-autonome a intensifié sa surveillance, décourage à l’avance toute manifestation et multiplie les visites au domicile à l’approche des dates considérées comme sensibles, indiquent les militants.
« Il est impossible d’organiser un rassemblement ou une marche à grande échelle maintenant », dit à l’AFP un autre syndicaliste, Denny To. « C’est certainement un processus visant à faire rentrer dans le rang » les militants.
Le rayon d’action de la répression s élargit
La répression à Hong Kong s’étend bien au-delà des partis politiques. Elle touche des associations de femmes et même une ONG de défense de la langue cantonaise. Le domicile de son fondateur a été perquisitionné le mois dernier et la police a exigé la suppression d’un essai décrivant un futur dystopique à Hong Kong. « Il semble que le rayon d’action se soit élargi », relève Chan Po-ying, chef de la Ligue des sociaux-démocrates, un parti politique pro-démocratie. Selon sept militants interrogés par l’AFP, les visites de police sont devenues régulières, même si leurs échanges avec les policiers ne peuvent pas être révélés.
Interrogée par l’AFP sur ses nouvelles tactiques sécuritaires, la police de Hong Kong a répondu qu’elle « prenait les mesures appropriées (…) conformément à la loi ». Hong Kong, qui jouit encore d’une plus grande liberté que la Chine continentale, avait encore il y a peu une société civile très active. Elle a nourri le large mouvement en faveur de la démocratie de 2019.
Les rues vides de manifestants
Mais depuis la répression de ce mouvement par Pékin, avec des milliers d’arrestations, les rues de Hong Kong sont désormais vides de manifestants. Même la marche annuelle de la Journée internationale de la femme a été abandonnée. La police a déclaré aux journalistes que la sécurité ne pouvait être garantie lors de cette marche après avoir lu des commentaires en ligne suggérant que l’événement soit « détourné ».
Un militant a indiqué à l’AFP avoir été mis en garde par la police contre toute participation, ainsi qu’une douzaine de ses connaissances. « Certains ont reçu des appels téléphoniques, d’autres des visites d’agent à leur domicile » et ont subi des pressions, a-t-il déclaré.
La surveillance est encore renforcée à l’approche de deux dates clés pour les autorités de Hong Kong : le 4 juin, anniversaire du massacre de Tiananmen à Pékin, et le 1er juillet, date à laquelle le Royaume-Uni a restitué son ancienne colonie à la Chine il y a 26 ans. La police a justifié une visite avant l’une de ces dates, arguant « que ces jours-là étaient des jours à haut risque », a dit à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un militant dont le groupe est aujourd’hui dissous.
« Essayer de faire valoir que c’est notre droit »
Avant la répression, des foules de Hongkongais de tous bords se rassemblaient chaque année à ces dates. Mais les veillées annuelles du 4 juin se sont arrêtées, et les manifestation du 1er juillet ont disparu cette année, sous les pressions multiples.
Deux militants disent être désormais convoqués par la police à des rendez-vous réguliers – auxquels ils doivent aller seuls – pour « rester en contact ». Des pratiques qui font peser une lourde charge mentale sur les militants, confessent-ils. Ils disent avoir peur d’être suivis, craignent que rencontrer des amis ne les mettent en danger, font des cauchemars. Malgré le stress, il est crucial de tenir bon, « on ne peut pas rester sans rien faire », déclare Chan Po-ying. Une militante dit essayer de « garder des forces pour l’avenir ». « Nous devons essayer de faire valoir que c’est notre droit, que c’est légal – jusqu’à ce qu’on nous dise que ce n’est plus le cas ».
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