Le centre hospitalier de Mayotte est victime d’une pénurie de médecins urgentistes, avec actuellement un seul titulaire sur les 37 postes habituels, au moment où sévit sur l’archipel une épidémie de choléra, a appris l’AFP auprès de la direction et de soignants.
Le 10 juin, ils n’étaient déjà plus que quatre médecins urgentistes, alors que les praticiens du centre hospitalier de Mayotte organisaient un mouvement de grève pour protester contre le manque d’effectifs. Trois semaines plus tard, la situation est encore pire. Seuls deux médecins urgentistes, dont un en CDD, sur les 37 postes nécessaires se relaient pour faire fonctionner le service des urgences, selon plusieurs sources au sein de l’établissement.
« Toutes les urgences sont prises en charge et il y a des médecins aux urgences », assure à l’AFP Jean-Mathieu Defour, directeur général du CHM. « Ce jeudi, il n’y aura aucun médecin sur place. Et le soir, seul un médecin généraliste devrait être présent, mais pas d’urgentiste, donc pas de personne compétente pour gérer les urgences vitales », dénonce une soignante sous couvert de l’anonymat.
« Les candidats ne se bousculent pas »
Actuellement, seul un médecin titulaire est en poste. Le second a signé un contrat à durée déterminée d’un mois. « S’il n’y a pas de nouveaux remplaçants, le titulaire sera seul dans trois semaines », poursuit la soignante. Et les candidats pour venir en renfort ne se bousculent pas. « Les gens qui partent ne veulent pas renouveler leur contrat ni revenir puisqu’ils savent que c’est le bazar et qu’il faut travailler pour trois. Et les autres comprennent vite que la situation est compliquée », déplore-t-elle.
À Mayotte l’insécurité est aussi une raison de la désertification médicale. Des bus scolaires sont régulièrement la cible d’attaques armées, mais aussi des ambulances.
Dans ce contexte, le service risque les accidents graves. Mardi, alors que le seul médecin urgentiste présent était parti sur une intervention, un arrêt cardiaque s’est déclaré aux Urgences. « Heureusement, le service réanimation a été très réactif », souligne un infirmier du CHM.
La plupart du temps, les urgentistes ne sortent donc plus et laissent les infirmiers seuls sur les interventions, ou bien accompagnés par des médecins généralistes qui arrivent des dispensaires les plus proches. « Si les médecins sortent des Urgences, ils laissent un flux d’une quarantaine de patients. Surtout que certains attendent déjà 10 heures avant d’être vus », souligne la soignante.
200 cas de choléra
Une autre soignante, toujours sous couvert d’anonymat, se dit « très inquiète pour Mayotte », confrontée à une épidémie de choléra. Plus de 200 cas ont été recensés depuis l’apparition de la maladie sur le territoire en mars. Et les cas les plus graves doivent être pris en charge en urgence au sein du centre hospitalier. « Ces patients sont pris en charge par un autre service mais cela tend encore plus la situation », estime la soignante.
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