INSPIRANT

À New York, un café français offre un emploi aux personnes autistes et trisomiques

mars 21, 2024 12:31, Last Updated: mars 21, 2024 12:31
By

Dans le coeur battant du business à New York, le Café Joyeux, chaîne française de restauration à visée d’inclusion de personnes autistes ou trisomiques, se lance aux États-Unis sur un marché du travail quasiment fermé aux personnes souffrant de handicaps mentaux et cognitifs.

Posé à l’angle d’une des artères les plus prospères de Manhattan, au milieu d’imposants gratte-ciels abritant banques et entreprises, Café Joyeux Lexington occupe depuis janvier un espace harmonieux et lumineux qui doit être inauguré jeudi par le fondateur de cette entreprise solidaire française, Yann Bucaille-Lanrezac.

« On arrive avec beaucoup d’humilité », dit à l’AFP cet entrepreneur social de 54 ans qui, avec sa femme Lydwine Bucaille, a ouvert le premier Café Joyeux à Rennes (ouest de la France) en 2017, puis quatorze autres en France, quatre au Portugal et un en Belgique.

Le restaurant parisien des Champs-Élysées a été inauguré en mars 2020 par le président Emmanuel Macron et celui de Lisbonne, en novembre 2021, par son homologue portugais Marcelo Rebelo de Sousa.

Mais à New York, ni le président américain Joe Biden ni le maire Eric Adams n’ont été conviés au 21e Café Joyeux, le premier aux États-Unis pour cette association qui vend aussi, en France, du café aux centres commerciaux et aux entreprises.

Avec au total 169 « équipiers » en Europe atteints de handicaps mentaux et troubles cognitifs, M. Bucaille-Lanrezac ne veut « pas faire la leçon aux Américains ».

Yann Bucaille-Lanrezac au Café Joyeux de Midtown, à New York, le 15 mars 2024. (Photo TIMOTHY A. CLARY/AFP via Getty Images)

Car son Café Joyeux new-yorkais est « un projet américain » dans le quartier « Midtown » de Manhattan, temple des entreprises, banques, avocats, assureurs, hôtels et restaurants.

« On se fait aider par des spécialistes des questions d’inclusion, de différence et de handicap mental, notamment les organisations AHRC et Autism Speaks implantées à New York depuis des dizaines d’années » et qui oeuvrent à l’intégration sociale de personnes « neurodivergentes », explique-t-il.

Le Français a mis plus de deux ans à monter une société de droit local avec un actionnaire unique, à but non lucratif, financée par le mécénat et la philanthropie dont les dons sont défiscalisés, comme c’est la norme aux États-Unis.

Dans l’une des villes les plus chères au monde, Café Joyeux se fait « prêter » pour dix ans, par le promoteur immobilier Boston Property Group, un espace calme d’une trentaine de places, décoré par l’architecte d’intérieur Sarah Lavoine.

On peut y déguster cafés italiens et plats simples conçus par le chef français Thierry Marx, à des prix conformes à la vie chère à New York.

Pour mettre un pied sur le marché ultra-saturé de la restauration rapide, toujours en pénurie de main-d’oeuvre après la pandémie de Covid, Café Joyeux a recruté une directrice et des encadrants américains sans handicap pour s’occuper de « quatorze équipiers en situation de handicap avec des troubles autistiques, cognitifs et avec trisomie 21 ».

(Photo TIMOTHY A. CLARY/AFP via Getty Images)

À l’instar de Peter Anderson, « serveur, plongeur et barista » d’une vingtaine d’années qui déplore que, « dans beaucoup d’endroits, il n’y (ait) pas d’emploi pour des personnes avec ce genre de handicap ». Pourtant, « nous avons les mêmes droits qu’une autre personne qui travaille », souligne-t-il.

Selon des statistiques officielles, les États-Unis comptent sept millions d’adultes avec des handicaps mentaux et cognitifs. Quelque 80% d’entre eux sont exclus du marché du travail.

« C’est très dur pour nous de trouver un job, même en étant qualifiés voire surqualifiés. Il suffit de dire ‘‘je suis autiste ou trisomique’’ pour ne pas être recruté. Nous sommes considérés comme un poids et c’est injuste », témoigne auprès de l’AFP Rachel Barcellona, jeune autiste titulaire d’un diplôme universitaire et élue Miss Floride.

(Photo TIMOTHY A. CLARY/AFP via Getty Images)

Pour Yann Bucaille-Lanrezac, ses nouveaux employés new-yorkais « ont le temps de progresser, de démontrer qu’au cœur d’une ville avec une clientèle très exigeante et très pressée, ils peuvent créer de la valeur et apporter un produit et un service de grande qualité ».

De quoi ravir Giovana Mullins, une cliente. Cette trentenaire travaillant dans le milieu du handicap se plaint du service de mauvaise qualité de chaînes américaines de cafés à tous les coins de rue à New York. « Même sans savoir ce qu’est ce café (joyeux), on sent l’énergie et la joie qui s’en dégagent », s’enthousiasme-t-elle.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER