Haut-parleurs à fond, jeux de lumières et drapeaux agités dans tous les sens: de nombreux touristes hongkongais découvrent à Taïwan une élection au suffrage universel, qui est refusée par Pékin dans l’ancienne colonie britannique.
La présidente sortante Tsai Ing-wen, qui brigue samedi un second mandat, a invoqué à plusieurs reprises les manifestations pro-démocratie, souvent violentes, qui agitent Hong Kong depuis maintenant sept mois.
Mme Tsai, qui se présente comme la garante des valeurs démocratiques face à l’autoritarisme de Pékin, répète à l’envi qu’un tel scénario pourrait aussi se produire à Taïwan si le pouvoir communiste venait un jour à prendre le contrôle de l’île.
« J’ai l’impression qu’il y a de l’espoir ici (à Taïwan) », affirme à l’AFP Karen Leung, une touriste hongkongaise de 26 ans.
La jeune femme rencontrée vendredi lors d’un rassemblement électoral s’est vu remettre un sac estampillé de slogans colorés en soutien aux manifestants de Hong Kong.
L’ancienne colonie britannique, rendue à la Chine en 1997, a longtemps entretenu des liens étroits avec Taïwan, passée de plusieurs décennies de dictature brutale à l’une des démocraties les plus libérales d’Asie.
« A Hong Kong, nous sommes désespérés parce que nous sentons l’arrivée du Parti communiste », avec une ingérence jugée grandissante de Pékin dans les affaires du territoire autonome, regrette Mme Leung.
« Taïwan a sa liberté et ils tiennent tête à la Chine. »
La semaine dernière, Pékin a annoncé le remplacement de son représentant à Hong Kong, un changement qui semble illustrer la volonté d’une reprise en main du pouvoir communiste alors que le conflit s’enlise avec les manifestants pro-démocratie.
Taïwan, qui dispose de sa propre monnaie, a un drapeau, une armée, décide de sa diplomatie et administre son territoire est de facto séparée politiquement de la Chine depuis sept décennies.
Seule une poignée de capitales reconnaissent toutefois l’île de quelque 23 millions d’habitants comme un pays indépendant.
La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces et a juré d’en reprendre un jour le contrôle, par la force si nécessaire, notamment en cas de proclamation formelle d’indépendance.
Les contestations de ces derniers mois à Hong Kong ont ravivé à Taïwan le débat sur le sens des relations que l’île doit entretenir avec Pékin, son premier partenaire commercial.
« Aujourd’hui Hong Kong, demain Taïwan » est un slogan régulièrement utilisé par le Parti démocratique progressiste (PDP) de la présidente sortante, Tsai Ing-wen.
Les Taïwanais n’hésitent pas à se déguiser en manifestants hongkongais
Drapeaux et phrases en référence à Hong Kong sont aussi devenus monnaie courante dans ses rassemblements.
Et certains Taïwanais n’hésitent pas à se déguiser en manifestants hongkongais pro-démocratie, arborant masques à gaz et casques jaunes de chantier.
D’une certaine manière, le mouvement de contestation « a rapproché » l’ancienne colonie britannique et Taïwan, assure à l’AFP Ivy, 36 ans, une Hongkongaise qui travaille dans le social.
Elle aussi a participé vendredi au dernier rassemblement de campagne de Tsai Ing-wen devant le Palais présidentiel à Taipei.
A l’inverse de la présidente sortante, son principal rival Han Kuo-yu, privilégie au contraire le réchauffement des relations avec Pékin, arguant que l’île pourrait en tirer des bénéfices sur le plan économique.
Pour Lu, 19 ans, qui ne pourra accomplir que l’an prochain son devoir électoral, un bulletin de vote reste la meilleure arme pour défendre des idées.
L’homme, qui n’a pas souhaité donner son nom complet, tenait une pancarte pour appeler les jeunes à voter.
« Je suis inquiet du fait que ce qui se passe à Hong Kong puisse se produire à Taiwan », dit-il.
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