SANTÉ & BIEN-ÊTRE

Comment aider les adolescents à faire face à la pression de la technologie et des réseaux sociaux

Conversation avec la femme "qui murmure à l'oreille des ados", Ana Homayoun
novembre 22, 2019 19:39, Last Updated: novembre 22, 2019 19:39
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Ana Homayoun est éducatrice et conseillère spécialisée dans l’aide aux jeunes afin de leur permettre de surmonter les pressions de l’éducation et de la vie qui sont uniques à cette génération.

Elle a écrit trois livres : That Crumpled Paper Was Due Last Week: Helping Disorganized and Distracted Boys Succeed in School and Life (Ce papier froissé devait être rendu la semaine dernière : aider les garçons désorganisés et distraits à réussir à l’école et dans la vie), The Myth of the Perfect Girl: Helping Our Daughters Find Authentic Success and Happiness in School and Life (Le mythe de la fille parfaite : aider nos filles à trouver le succès et le bonheur authentiques à l’école et dans la vie), et son dernier, Social Media Wellness: Helping Tweens and Teens Thrive in an Unbalanced Digital World (Bien-être dans les médias sociaux : aider les préadolescents et les adolescents à s’épanouir dans un monde numérique déséquilibré).

Avec l’augmentation alarmante de l’anxiété, du stress et de la dépression chez les adolescents d’aujourd’hui, les familles et les enseignants peuvent bénéficier de l’expertise de Mme Homayoun.

Epoch Times : Dans une vidéo qui se trouve sur votre site Web, vous expliquez que vous avez lancé votre entreprise de conseils et de consultation, Green Ivy Educational Counseling, pour offrir un endroit où « les enfants sont encouragés et motivés à réaliser leurs rêves ». Le genre de conseils et de soutien que vous offrez aux jeunes est peut-être plus nécessaire aujourd’hui que jamais auparavant. Qu’est-ce qui vous a d’abord attiré vers ce travail ?

Ana Homayoun : Peu après la publication de mon premier livre, j’ai pris un café avec une journaliste qui avait interviewé des milliers de personnes au cours de sa carrière, et elle a dit quelque chose qui me tracasse depuis près d’une décennie : elle a constaté que les gens qui aiment le plus leur carrière ont généralement un travail qui a commencé par quelque chose qu’ils aimaient faire au collège et au lycée. Et c’est vrai pour moi aussi.

Au collège, j’aidais mes camarades de classe et les jeunes élèves à s’organiser et à gérer leur stress. J’étais toujours été heureuse de donner un coup de main – et j’ai vu comment tant de camarades de classe étaient mal jugés à cause de leurs notes et de leurs résultats.

Lorsque j’ai obtenu mon diplôme universitaire, j’ai eu un professeur qui m’a demandé quelles étaient les trois qualités que je recherchais dans un emploi, et j’ai répondu : « Je veux aider les gens. Je veux écrire. Je veux voyager. » Et maintenant, deux décennies plus tard, j’ai l’impression d’avoir le meilleur emploi au monde et j’aime ce que je fais presque tous les jours.

Mon travail consiste à aider les élèves, les parents et les éducateurs à se sentir soutenus et à acquérir les compétences nécessaires pour naviguer dans un monde qui semble écrasant et toujours « en fonctionnement », qu’il s’agisse de contenu numérique ou autre. Il y a toujours quelque chose de nouveau et de différent, et travailler avec les élèves me donne de l’énergie.

Epoch Times : Qu’aimeriez-vous que les parents comprennent mieux au sujet du soutien des rêves et des aspirations de leurs enfants ?

Mme Homayoun : Une si grande partie de l’éducation des enfants est maintenant fondée sur la peur – et je pense qu’au cours des deux dernières décennies, à une époque où tant de nouvelles carrières et de nouvelles possibilités sont apparues, il est quelque peu ironique que nous ayons restreint la définition de ce à quoi ressemble le succès.

Nous encourageons chaque enfant à suivre le même cheminement, mais chaque enfant est différent. J’aimerais que les parents sachent que le fondement du succès à long terme et du bien-être passe vraiment par la compréhension et l’acceptation de leurs enfants tels qu’ils sont, tout en appuyant le sentiment d’autonomie de leurs enfants (pour qu’ils comprennent qu’ils ont des choix), de compétence (pour qu’ils comprennent qu’ils peuvent faire des choix et prendre des décisions intelligentes) et de lien (pour qu’ils sentent un sentiment d’appartenance).

Epoch Times : Qu’aimeriez-vous que les écoles fassent mieux pour soutenir les rêves et les aspirations de leurs élèves ?

Mme Homayoun : Une grande partie de mon travail dans les écoles consiste à aider les élèves à élaborer leur propre plan de réussite – à se concentrer sur leurs habitudes quotidiennes plutôt que sur leurs notes ou leurs résultats scolaires, à passer de l’idée du multitâche à ne faire qu’une tâche et à mettre en place des mesures plus proactives et préventives pour aider les élèves à se sentir mieux aux niveaux social, émotionnel et physique. Souvent, les écoles se sentent obligées d’agir à partir d’un endroit où la réactivité est constante – éteindre constamment des feux au lieu de penser activement à des moyens de les prévenir. Cela ne veut pas dire que l’incendie ne se déclarera pas, mais cela signifie que d’autres mesures sont en place.

Je pense que la technologie dans les écoles a complètement changé la donne, et j’aimerais que ce ne soit pas tout ou rien. Il y a tellement de façons dont la technologie peut être utile dans les cours – par exemple, la modélisation 3D et l’étude de sujets de biologie complexes, ou des cours interactifs qui mettent en lumière des sujets sensibles. D’un autre côté, il y a des situations où l’utilisation de la technologie peut être contre-productive – par exemple, si tout le monde est devant un ordinateur et un portable pendant une discussion qui exige ouverture, vulnérabilité et pleine concentration, il peut être moins qu’utile d’être potentiellement distrait par les écrans.

Epoch Times : Les adolescents d’aujourd’hui semblent subir des niveaux de pression sans précédent. L’augmentation de l’anxiété et du stress de ce groupe d’âge, bien médiatisée, est source d’une grande préoccupation pour les familles. À quoi attribuez-vous cette forte augmentation du stress et de l’anxiété ?

Mme Homayoun : Un certain nombre de facteurs contribuent à la forte augmentation du stress et de l’anxiété. Beaucoup d’experts veulent se concentrer sur l’utilisation des médias sociaux et de la technologie, mais c’est beaucoup plus nuancé que cela. Les médias sociaux et la technologie ne sont pas bons ou mauvais, mais la façon dont ils sont utilisés fait une différence. Le fait de rester en contact avec des amis et des membres de la famille qui vous soutiennent peut être une expérience incroyablement positive.

Pour les élèves, les attentes décuplées envers eux-mêmes peuvent provenir de la culture de comparaison qui se produit en ligne et dans la vie réelle et, à bien des égards, cette culture a rétréci la définition du succès. Ce rétrécissement de la réussite, jumelé à l’angoisse de la productivité où chaque seconde est programmée, conduit à un manque de temps pour la réflexion et ce que j’aime appeler la « désintoxication émotionnelle ». Tant d’enfants se sentent obligés de répondre à des SMS et à des notifications tout le temps, et les recherches suggèrent que 45 % des adolescents ont l’impression d’être tout le temps branchés. La surabondance d’informations est stressante, la façon dont les « j’aime », les « j’adore », les commentaires et les personnes qui les suivent sur les réseaux sociaux sont devenus de nouveaux baromètres de la popularité.

D’un autre côté, notre cycle de nouvelles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, n’a pas facilité les choses pour tout le monde, adultes ou enfants. Nous ne nous rendons pas compte que les enfants reçoivent tellement de contenu par le biais de différents flux et canaux que nous ne connaissons pas.

Epoch Times : Quels conseils donneriez-vous aux parents qui craignent que leurs enfants soient trop anxieux ou stressés ?

Mme Homayoun : Un article récent paru dans le Yale Daily News a mis en lumière SPACE – Supportive Parenting for Anxious Childhood Emotions – qui a été décrit comme une nouvelle technique axée sur le soutien parental plutôt que sur les interventions auprès des enfants, et dont les résultats ont été considérés comme extrêmement prometteurs. La première chose que les parents peuvent faire, c’est de prendre du recul, d’examiner leur propre vie et d’obtenir du soutien, car d’après mon expérience, les parents ont besoin d’un soutien extérieur pour bien gérer les moments où les élèves se sentent anxieux et stressés.

En même temps, il est essentiel de s’assurer que les enfants ont accès à des personnes qui les soutiennent et qui leur offrent de la lucidité – des pairs qui les soutiennent et des adultes de confiance qui peuvent les aider à le faire. Souvent, les élèves qui se sentent dépassés par les événements ne pensent pas avoir personne vers qui se tourner, alors il est essentiel de mettre en place des mesures préventives. Certains de mes élèves appellent ce travail la « création d’une boîte à outils émotionnelle » qui comprend des personnes qui les supportent et d’autres qui les éclairent, ainsi que l’identification de cinq comportements positifs vers lesquels ils peuvent se tourner lorsqu’ils se sentent dépassés. Mes élèves m’ont dit qu’aller dehors, lire un livre, prendre une douche, écouter de la musique, jouer avec des animaux de compagnie, faire de l’exercice et écrire un journal sont autant de façons de réduire le stress.

Epoch Times : Votre livre Bien-être dans les médias sociaux parle de l’impact significatif de la technologie sur la vie des adolescents d’aujourd’hui. À votre avis, à quoi ressemble une relation saine avec la technologie chez les adolescents ?

Mme Homayoun : Plus tôt cette semaine, j’ai parlé avec plusieurs centaines de lycéennes au sujet du bien-être dans les médias sociaux, et j’ai reçu la question que je reçois souvent : combien de temps moyen ou normal ou approprié devrions-nous passer sur notre téléphone ? Et la réponse est que cela dépend : ce qui fonctionne pour un jeune peut ne pas fonctionner pour un autre. Nous devons considérer l’utilisation de la technologie et des médias sociaux comme un problème de santé publique qui s’apparente à la nutrition plutôt que d’en parler constamment comme si tout cela était toxique et mauvais.

Nous devons donner aux élèves des outils pour qu’ils sachent à quoi ressemble une surutilisation déséquilibrée ou problématique afin qu’ils puissent prendre du recul et prendre des mesures actives pour apporter des changements. Et nous devons donner aux élèves les moyens de comprendre qu’ils ont le choix entre comment et où ils passent leur temps en ligne et dans la vie réelle. C’est faisable ! Ce matin, j’ai reçu un mail d’une mère dont la fille m’a entendue parler : « Bonjour Ana. Votre discours a eu un impact direct sur ma fille. Hier soir, elle a mis son téléphone à l’extérieur de sa chambre pour se concentrer davantage. J’étais si contente ! »

Epoch Times : Comment les parents peuvent-ils savoir si leurs enfants ont une relation malsaine avec la technologie ? Que peuvent-ils faire à ce propos ?

Mme Homayoun : Une grande partie de mon travail consiste à prévenir une relation malsaine avec la technologie et à me concentrer sur trois étapes clés : la sensibilisation, le cloisonnement et la cohérence. La sensibilisation implique la possibilité de savoir vraiment combien de temps on passe en ligne. J’ai demandé à un jeune de lycée de vérifier son temps d’écran pendant notre rendez-vous, et il a découvert qu’il avait passé 40 heures sur son téléphone la semaine précédente. Il a décidé que cela l’empêchait de progresser vers ses propres objectifs. Il s’est rendu compte qu’il avait besoin d’aide pour créer des opportunités de cloisonnement systématiques, de sorte qu’il puisse faire son travail sans distraction et, au lieu de cela, se concentrer sur la régularité, ce qui impliquait de s’assurer qu’il avait des possibilités quotidiennes et hebdomadaires de désintoxication numérique et d’être hors ligne.

Pour ce qui est de ce que les parents peuvent faire, cela dépend vraiment de là où se situe l’enfant dans le spectre de la surutilisation problématique. J’ai un quiz dans Bien-être dans les médias sociaux qui met l’accent sur le comportement (par exemple, la colère lorsque la technologie est retirée, le désespoir, l’irritabilité, la dissimulation, les comportements secrets, et ainsi de suite). Je ne saurais trop insister sur l’importance pour les parents d’obtenir un soutien extérieur.

Suivez Barbara sur Twitter: @barbaradanza

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