Dans son nouveau livre, intitulé « Road to Nowhere : What Silicon Valley Gets Wrong about the Future of Transportation » [En route pour nulle part : les erreurs de la Silicon Valley sur l’avenir des transports], l’auteur Paris Marx explique pourquoi il ne faut surtout pas laisser les élites de Santa Clara Valley s’approcher de nos véhicules.
Ce n’est pas vraiment une surprise. Certaines des entreprises les plus prospères de la Silicon Valley ont certes rendu nos vies plus pratiques, mais ce confort est loin d’être gratuit. Nous échangeons des informations sensibles pour plus de rapidité. Ça ne gêne en aucun cas les Big Techs, au garde-à-vous pour s’associer aux constructeurs automobiles.
Leur objectif ? Faire de nos voitures des prisons pilotées par nos données. Les conducteurs seront surveillés de près et les informations sensibles seront exploitées. Vous êtes prévenus : les voitures de demain ne ressembleront en rien à celles d’aujourd’hui. Les haut-parleurs auront des oreilles, et le tableau de bord aura des yeux.
En 2020, BMW a annoncé qu’il collaborait avec Amazon, coqueluche de la Silicon Valley, pour développer les processus de guidage par données. Depuis cette annonce, BMW a lancé de nombreuses innovations permettant d’exploiter les données. Comme l’a d’abord rapporté The Verge, la multinationale allemande vend désormais des abonnements pour des sièges chauffants. Pour avoir le derrière bien au chaud, les propriétaires d’une nouvelle BMW peuvent opter pour un abonnement mensuel, qui coûte 18 dollars, ou bien débloquer un « accès illimité » pour 415 dollars.
C’est ce que l’on appelle le micropaiement (ou microtransaction), un terme autrefois associé aux jeux vidéo. Méthode populaire de monétisation des jeux, le micropaiement encourage les utilisateurs à acheter des objets virtuels contre de l’argent. Le micropaiement explique tous ces jeux gratuits qui envahissent nos téléphones. Lorsqu’il faut payer un abonnement pour que son siège chauffe, on se sent vaguement comme un mouton, manipulé. C’est parce que c’est bel et bien le cas. Vous voyez, en ce qui concerne les sièges chauffants, comme le note The Verge, « les propriétaires de BMW ont déjà tous les équipements nécessaires ». Cependant, BMW a décidé de mettre « un blocage logiciel sur cette fonctionnalité. Les clients doivent ensuite payer pour le supprimer ».
La société a également l’intention de subordonner d’autres fonctions au paiement d’un abonnement, notamment les volants chauffants et le « pack Sport IconicSounds », qui « autorise » les conducteurs à écouter les bruits émis par le moteur de leur voiture pour 117 dollars.
Pendant ce temps, Ford, l’entreprise à l’origine de la toute première automobile véritablement abordable, a l’intention de transformer les voitures en un immense écran télé. En 2016, Ford s’est associé à Google, AT&T et Amazon et a commencé à passer en revue des logiciels automobiles améliorés. Comme le magazine Motortrend l’a rapporté en premier, le but est de diffuser des publicités dans les voitures.
Selon Motortrend, les mêmes « connexions de données embarquées qui prolifèrent dans toutes les gammes de véhicules et qui permettent d’intégrer le WiFi et les mises à jour du véhicule en direct » pourraient bientôt devenir des pipelines pour les publicités embarquées (voir le brevet de Ford ici).
Comment ce système fonctionnera-t-il ? En gros, si vous passez devant un panneau publicitaire avec des frites, par exemple, cette publicité s’affichera sur l’écran du véhicule. Pour chaque publicité à l’écran, les braves gens de Ford recevront une compensation. D’autres journalistes ont annoncé l’ambition de Ford de devenir le « Google de l’automobile ». Ce qui n’enthousiasme probablement pas tant de conducteurs.
Et puis, il y a Tesla, la multinationale américaine de l’automobile et de l’énergie propre qui ne cesse de faire parler d’elle. L’année dernière, Tesla a déplacé son siège social des banlieues verdoyantes de la Silicon Valley au Texas. Tesla reste toutefois une entreprise de la Silicon Valley par essence. En effet, Tesla est spécialisée dans la production de véhicules électriques (VE) et, comme le savent tous ceux qui connaissent les VE, ces engins intelligents sur quatre roues relèvent bien plus du logiciel que du matériel.
Cependant, comme le rapporte Luc Olinga de The Street, Elon Musk, le PDG de Tesla, veut transformer ces engins intelligents « en salons à quatre roues ». Au lieu de conduire réellement leur véhicule, les passagers seront bientôt encouragés à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéo. Au début de l’année, le groupe Tesla a annoncé qu’il allait bientôt intégrer dans ses véhicules Steam de Valve, un service de distribution de jeux vidéo. Cette initiative permettra à l’entreprise « d’inclure plus de 50.000 jeux vidéo supplémentaires dans son système, ce qui élargira considérablement les choix offerts aux propriétaires de véhicules Tesla », selon M. Olinga.
Bien sûr, les jeux vidéo peuvent être amusants. Cependant, il est important de se rappeler que les jeux vidéo ont évolué. Ils sont en passe de devenir des chevaux de Troie conçus pour collecter de grandes quantités de données hautement personnelles auprès d’utilisateurs peu méfiants. Avec l’introduction des dispositifs portables, notamment les casques de réalité virtuelle (RV) et les gants haptiques, la collecte de données a complètement changé l’industrie du jeu vidéo. Au cours des prochaines années, les jeux axés sur les données semblent prêts à bouleverser l’industrie de la voiture – et pas pour le mieux.
D’ici 2025, selon le chercheur Bill Buchannan, 60% des voitures circulant sur les routes américaines seront connectées à Internet. « Les possibilités d’exploitation des données seront donc quasiment illimitées. Le trajet en voiture entre votre domicile et votre lieu de travail, c’était probablement le seul moment où vous n’étiez pas encore espionnés. »
La voiture, qui était autrefois un sanctuaire pour beaucoup d’entre nous, semble être en passe de devenir un autre outil de collecte de données, un autre moyen de surveillance.
John Mac Ghlionn est chercheur et écrivain. Ses travaux ont été publiés par le New York Post, le Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review et The Spectator US, entre autres. Il étudie la psychologie et les relations sociales, spécialisé dans les dysfonctionnements sociaux et la manipulation médiatique.
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