Le gouvernement d’Olaf Scholz en Allemagne, miné par les divisions, apparaît lundi plus affaibli que jamais après une sévère défaite dans deux élections régionales.
« Débâcle », « désastre » : le verdict des médias allemands est sans appel pour la coalition au pouvoir après les scrutins organisés dimanche en Bavière (Sud), le plus riche État allemand, ainsi qu’en Hesse (Ouest) où se trouve Francfort, le siège de la Banque centrale européenne (BCE).
Dans ces bastions conservateurs, le parti social-démocrate (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP accusent de sévères reculs face à une droite comme prévu victorieuse et surtout une droite nationaliste qui concrétise dans les urnes son envolée dans les sondages des derniers mois.
À mi-mandat, le gouvernement d’Olaf Scholz, au pouvoir depuis décembre 2021, est sanctionné dans des élections dominées par l’inquiétude de la population face à la flambée des prix et la crise industrielle, dans la foulée de la guerre en Ukraine, conjuguée à la résurgence de la question migratoire.
Olaf Scholz doit « réagir le plus vite possible »
« Si Olaf Scholz veut être réélu » dans deux ans, « il doit accepter le fait que les deux résultats marquent un tournant de son mandat et réagir le plus vite possible », met en garde l’hebdomadaire Der Spiegel dans un éditorial. Cela passe aussi par un « changement de style », a souligné le président du SPD Lars Klingbeil à l’adresse du gouvernement – et du chancelier. Le successeur d’Angela Merkel est souvent critiqué pour sa communication jugée insuffisante en politique intérieure comme dans les relations internationales.
Le tabloïd Bild, citant l’institut de sondage Infratest dimap, souligne que 80% des électeurs de dimanche veulent un changement de politique migratoire. Plus de 250.000 demandes d’asile ont été déposées à fin septembre en Allemagne, soit plus que sur toute l’année 2022, selon des chiffres communiqués lundi.
Les craintes d’une nouvelle crise, comme celle de 2015-2016, sont en tête des préoccupations des électeurs, selon les études d’opinion. La majorité des électeurs « n’a pas confiance en la capacité de gouvernement », régulièrement agité de querelles internes, pour réduire le nombre des arrivées, souligne Hermann Binkert, de l’institut de sondage Insa dans le quotidien Bild.
Conséquence : la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser, en charge de ces questions et qui menait la liste social-démocrate en Hesse, a essuyé un revers cuisant. Le SPD (15,1%) est arrivé derrière le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD, environ 18,4%), et devant les Verts (14,8%), actuel allié junior au gouvernement régional, selon les résultats quasi définitifs qui montrent une large victoire de l’Union chrétienne-démocrate (34,6%) menée par un inconnu, Boris Rhein. La ministre entend conserver son portefeuille, malgré les critiques de l’opposition. Le FDP a réussi de justesse à conserver sa place au Parlement (5%), mais pas en Bavière.
Record de voix recueilli par l’AfD
Deuxième enseignement de ces élections : le record de voix recueilli par l’AfD dans ces deux grands Länder qui incarnent, pourtant, une Allemagne prospère et confiante. « Une catastrophe » pour la co-cheffe du SPD Saskia Esken. « L’AfD est une menace pour la démocratie mais aussi pour notre prospérité en Allemagne », a-t-elle lancé.
Donnée un temps en deuxième position également en Bavière, l’AfD a, avec 14,6%, finalement été dépassé par les très conservateurs « Electeurs Libres » (Freie Wähler, 15,8%), dans des élections remportées par l’Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU, menée par le tonitruant Markus Söder. « On ne peut plus dire que (l’AfD) est un parti exclusivement fort dans l’Est » du pays, où se trouvent les régions de l’ex-RDA, souvent défavorisées économiquement, a résumé le journal Süddeutsche Zeitung. La co-cheffe de l’AfD Alice Weidel a, elle, jubilé, estimant sa formation « sur la bonne voie ».
Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection du climat assimilées à la cherté et à la contrainte, a confirmé son envolée dans les sondages au niveau national. Pour le porte-parole d’Olaf Scholz, il est « trop tôt » pour dire si ces élections vont entraîner « un changement sur la façon d’agir du gouvernement ». « Le chancelier est convaincu que le gouvernement fait du bon travail », a assuré lundi Steffen Hebestreit.
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