Amazon a contesté jeudi l’attribution par le Pentagone à Microsoft d’un méga-contrat de stockage de données en ligne (cloud) de 10 milliards de dollars, pour lequel le géant du commerce en ligne et leader du marché était considéré comme favori.
« De nombreux aspects du processus d’évaluation du contrat comportaient des lacunes évidentes, des erreurs et des préjugés sans équivoque. Il est important que ces questions soient examinées et rectifiées », a indiqué un porte-parole d’Amazon.
Le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), qui s’étend sur une durée de dix ans, vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
Amazon a déclaré avoir notifié un tribunal la semaine dernière de son intention de contester la façon dont l’appel d’offres a été géré. Le ministère de la Défense maintient que l’évaluation a été menée de façon impartiale.
La division Amazon Web Services (AWS) domine le secteur du « cloud computing ». Elle fournit notamment déjà des serveurs sécurisés à d’autres organismes gouvernementaux américains, dont la CIA.
« AWS a une expérience unique et les qualités nécessaires pour fournir à l’armée américaine les technologiques essentielles dont elle a besoin. Nous restons engagés à soutenir les efforts de modernisation du ministère de la Défense », a détaillé l’entreprise.
Contrats de façon objective
« Nous pensons qu’il est tout aussi essentiel pour notre pays que le gouvernement et ses dirigeants élus attribuent les contrats de façon objective et sans influence politique », a ajouté le porte-parole.
Le Pentagone avait annoncé en août le report de son appel d’offres en attendant le feu vert du nouveau secrétaire à la Défense, Mark Esper.
Il a été nommé par le président Donald Trump, qui est en mauvais termes avec Amazon et avec son fondateur Jeff Bezos, par ailleurs propriétaire du Washington Post, cible de violentes critiques du milliardaire républicain.
D’après James Mattis, l’ancien secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Trump lui avait dit « d’envoyer paître Amazon » lors d’une discussion sur ce contrat.
Ces propos ont été rapportés par Guy Snodgrass, un proche de James Mattis, dans un livre paru en octobre. James Mattis a quitté son poste en décembre 2018, critiquant notamment la stratégie diplomatique de Donald Trump.
En juillet dernier, Donald Trump a indiqué lors d’une conférence de presse qu’il avait demandé à des conseillers d’enquêter sur le contrat JEDI, affirmant que des entreprises concurrentes avaient du fil à retordre avec Amazon.
« Je reçois des plaintes considérables au sujet de ce contrat avec le Pentagone et d’Amazon… Elles disent qu’il y a des problèmes au niveau de la compétition », avait-il déclaré.
Microsoft n’avait pas répondu aux requêtes de l’AFP jeudi soir.
Ce contrat en faveur de Microsoft
Ce contrat pourrait avoir un impact de fond sur le marché des services d’informatique à distance, en pleine croissance.
Au troisième trimestre 2019, le marché des services de cloud mondial représentait 27,5 milliards de dollars, 37% de plus qu’il y a un an, d’après le cabinet de consultants et d’études Canalys.
Amazon Web Services comptait pour 33% de ce marché, suivi par Microsoft Azure (14,5%) et Google Cloud (5,6%).
« Mais la croissance d’AWS ralentit », note Canalys, « tandis qu’Azure a grandi beaucoup plus rapidement, de 59% en un an ».
La décision d’Amazon de contester l’attribution « va faire du bruit et entraîner des délais pour ce contrat », constate Daniel Ives. Mais cet analyste de Wedbush ne pense pas que le contrat puisse changer de mains à ce stade.
« Microsoft va conserver le titre de vainqueur de cette bataille durement menée depuis un an, et cela va rester un œil au beurre noir pour Amazon et (son patron) Bezos », commente-t-il.
Ce contrat « change la donne en faveur de Microsoft avec un effet d’entraînement pour des années », estime l’analyste, qui pense que le groupe de Satya Nadella est désormais bien placé pour remporter une part plus importante qu’Amazon « du prochain trillion de dollars qui devrait être dépensé dans le cloud pendant les dix prochaines années ».
Les deux rivaux n’ont en effet pas fini de s’affronter aussi bien pour les contrats privés que publics. Daniel Ives évalue ainsi à 100 milliards de dollars la valeur cumulée des opportunités à venir dans les services de cloud pour le gouvernement américain.
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