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ANALYSE : Les déboires de l’immobilier chinois constituent un autre avertissement pour le Canada

Le Canada devrait suivre l'exemple des États-Unis et se dissocier de la Chine, selon un professeur d'économie
septembre 4, 2023 7:19, Last Updated: septembre 4, 2023 10:00
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L’économie mondiale attendait l’essor économique de la Chine après la crise du Covid, mais celui-ci ne s’est pas concrétisé. Et l’inverse pourrait bien se produire, les analystes estiment qu’il s’agit d’un nouveau rappel pour le Canada de se sevrer de la Chine.

Le problème réside dans le marché immobilier hypertrophié de la Chine, qui, selon certaines estimations, représente plus de 25 % de l’économie du pays. Les prix des matières premières, qui ont été stimulés à long terme par la surconstruction immobilière de la Chine, sont menacés.

Avery Shenfeld, économiste en chef de la CIBC, a déclaré à Epoch Times le 23 août qu’un effondrement du marché immobilier « pourrait avoir un impact sur la demande chinoise en matières premières, avec des répercussions sur les prix de certaines des ressources exportées par le Canada ».

Mais il a également souligné qu’un ralentissement des exportations aiderait le Canada à faire baisser son taux d’inflation élevé et à réduire la nécessité d’augmenter les taux d’intérêt.

Ian Lee, professeur de gestion à l’université de Carleton, qui a enseigné pendant plusieurs années des programmes de MBA et de MBA pour cadres à Hong Kong et en Chine, se dit « très pessimiste » quant à l’avenir de la Chine et pense qu’elle perdra de son importance économique au fil du temps.

Deux raisons plaident en faveur d’un découplage entre le Canada et la Chine.

Outre la fragilité économique de la Chine et ses perspectives douteuses à long terme, M. Lee estime que ce qui poussera principalement le Canada à se dissocier de la Chine, c’est la volonté de ne pas « risquer d’irriter » les États-Unis.

« Dans la mesure où nous devons nous séparer d’entreprises de haute technologie et d’industries plus sensibles, ce n’est pas tant la situation économique de plus en plus désastreuse de la Chine qui nous poussera à le faire. Je pense que cela sera motivé par le fait que si nous ne nous dissocions pas de la Chine dans les domaines clés, nous nous aliénerons de plus en plus les États-Unis », a déclaré M. Lee lors d’une interview accordée le 24 août.

La demande chinoise faiblit

Alors que les banques centrales du Canada et des États-Unis ont relevé leurs taux de manière agressive pour juguler l’inflation, la situation est tout à fait inverse en Chine, où la banque centrale a réduit ses taux pour soutenir l’économie et stimuler la demande.

Les autorités chinoises exhortent leurs banques à augmenter les prêts pour soutenir l’économie, mais Bloomberg a rapporté qu’en juillet, les banques ont accordé le plus faible montant de crédits mensuels depuis 2009, ce qui est une autre indication de la morosité de la demande dans l’économie.

Les exportations et les importations de la Chine sont en baisse et, le 21 août, les actions chinoises (CSI 300) ont atteint leur plus bas niveau en neuf mois, lorsque les marchés ont réagi négativement aux mesures de relance moins importantes que prévu de la banque centrale chinoise.

La monnaie chinoise s’échange à ses plus bas niveaux depuis 2007, et le chômage des jeunes dans l’économie planifiée est le plus élevé de l’histoire récente. Les autorités chinoises ont cessé de publier ces données sur l’emploi.

M. Lee note également que l’un des nombreux problèmes structurels de la Chine est le vieillissement de sa population, qui en réalité a diminué en 2022.

Échec de la planification centralisée

Selon M. Lee, l’économie planifiée est à l’origine des difficultés économiques de la Chine.

Dans un premier temps, les régimes autoritaires peuvent forcer la main-d’œuvre à construire des infrastructures et donc à réaliser des gains économiques, ajoute M. Lee, mais lorsque l’économie arrive à maturité et qu’il est temps d’innover davantage pour poursuivre la croissance économique, c’est là que les menaces et la coercition ne fonctionnent plus aussi bien.

« Ils ne peuvent pas résoudre les problèmes de la planification centrale avec encore plus de planification centrale, parce que les défauts de la planification centrale sont endémiques, ils sont moins efficaces, et nous le voyons en ce moment même en Chine », a-t-il déclaré.

Selon M. Lee, les démocraties commettent des erreurs, mais elles peuvent ensuite les corriger en réorientant les entreprises ou en les remplaçant, alors que les régimes autoritaires comme la Chine, avec leur processus décisionnel descendant, sont beaucoup plus lents à réagir.

« De nombreuses personnes et des économistes, affirment que la Chine doit se restructurer massivement et devenir beaucoup plus décentralisée, beaucoup plus axée sur le marché. Et bien entendu, le plus grand obstacle à cela est le Parti communiste, car il ne veut pas abandonner le pouvoir », a-t-il déclaré.

Symptôme d’une maladie sous-jacente

L’endettement considérable de la Chine à tous les niveaux du gouvernement et dans le secteur des entreprises est un « symptôme de la maladie sous-jacente », a affirmé M. Lee.

L’économie chinoise – contrairement à la plupart des démocraties libres du monde – n’a pas été construite autour de la consommation, mais plutôt de l’investissement, a-t-il souligner.

« Il y a une mauvaise répartition massive des ressources qui, à son tour, provoque d’énormes problèmes d’endettement massif en Chine, et c’est le résultat ou le symptôme des énormes problèmes structurels sous-jacents de la Chine », a déclaré M. Lee, ajoutant que la Chine a une économie très « déséquilibrée ».

La Chine a surconstruit son secteur immobilier, ce qui a contribué de manière significative à la croissance des années précédentes, mais une fois de plus, les fissures dans cette stratégie s’agrandissent.

« Pour remettre l’économie chinoise sur les rails, Pékin devra probablement stimuler davantage la consommation intérieure et prendre des mesures pour renforcer la santé de son système financier afin de faire face aux pertes liées aux prêts immobiliers », a déclaré M. Shenfeld.

Shehzad Qazi, directeur général du China Beige Book (Livre beige de la Chine), souligne que l’endettement excessif entrave la croissance et la prospérité à long terme.

« La capacité de Pékin à recycler les créances douteuses ou à orchestrer des renflouements de facto en cas de besoin, signifie que beaucoup de bon argent est gaspillé de façon continue. Et cela signifie que le capital est détourné d’utilisations plus productives, ce qui nuit à la croissance à long terme », a-t-il tweeté le 21 août.

Les fonds de pension canadiens ont été critiqués pour avoir augmenté leurs investissements en Chine au fil des ans, mais les investisseurs institutionnels sont de plus en plus nombreux à rechercher de meilleurs rendements et des investissements plus sûrs ailleurs.

Aujourd’hui, avec des taux d’intérêt beaucoup plus élevés aux États-Unis qu’en Chine, on s’attend de plus en plus à ce que l’argent quitte la Chine.

Si j’étais gestionnaire d’un fonds de pension, je regarderais la Chine en me disant : « À quoi vont ressembler les dix prochaines années sur le plan économique ? Et est-ce que je vais obtenir un bon retour sur investissement en actions dans ce pays ? Et ma réponse est non », a déclaré M. Lee.

M. Shenfeld et M. Lee estiment tous deux que, pour le Canada et d’autres démocraties, la prochaine étape vers la croissance pourrait être celle d’une dépendance moindre à l’égard de la Chine que par le passé.

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