Apple a supprimé une application de sa boutique d’application qui fournit des mises à jour en temps réel aux Hongkongais sur les mouvements de la police et des manifestants le 10 octobre, devenant ainsi la dernière marque internationale à céder aux pressions du régime chinois.
L’application dynamique HKmap.live était devenue populaire pour aider les gens à naviguer dans les rues remplies de gaz lacrymogènes à Hong Kong, une ancienne colonie britannique où des manifestations prodémocratie ont éclaté depuis juin contre l’ingérence effrénée de Pékin. Les émojis et les mises à jour spontanées s’avéraient pratiques pour les utilisateurs qui pouvaient suivre les conditions telles que les fermetures de trains et les affrontements potentiels.
Apple a déclaré dans un communiqué que l’application posait « un préjudice grave » à l’exécution de la loi et aux résidents.
« Nous avons vu auprès du Bureau de la cybersécurité et de la criminalité technologique de Hong Kong que l’application était utilisée pour cibler et piéger la police et menacer la sécurité publique, et des criminels l’avaient utilisée pour victimiser des résidents dans des zones où ils savent qu’il n’y a pas d’application de la loi », dit le communiqué.
Le PDG d’Apple, Tim Cook, a défendu le retrait de l’application le 10 octobre, affirmant qu’elle était basée sur des « informations crédibles » de la police de Hong Kong et des utilisateurs d’Apple à Hong Kong.
Dans une note de service interne obtenue par plusieurs médias et confirmée par Apple, Tim Cook a écrit que, bien que des informations telles que les données provenant de la foule sur les points de contrôle de police et les points chauds des manifestations soient « bénins », l’application était « utilisée à des fins malveillantes pour agresser des agents de police seuls et pour victimiser des individus et des biens en l’absence de policiers ».
« Ce n’est un secret pour personne que la technologie puisse être utilisée pour le bien ou pour le mal. Cette affaire n’est pas différente », a écrit Tim Cook.
Les médias chinois ont réprimandé l’entreprise pour avoir aidé les manifestants de Hong Kong en approuvant une application « toxique », Apple a pris la décision de la retirer le lendemain de leurs critiques. L’application, qui est également sur Google Play, venait à peine d’être mise en ligne sur l’étagère iPhone il y a moins d’une semaine, après avoir été initialement rejetée par Apple plus tôt en octobre.
En réponse au retrait de l’application, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse le 10 octobre, a de nouveau qualifié le mouvement de Hong Kong « d’extrémiste » et « d’activités criminelles ».
Les concepteurs de HKmap.live ont déclaré qu’ils n’étaient pas d’accord avec les affirmations selon lesquelles l’application constitue une menace pour la sécurité publique et qu’il n’y avait aucune preuve à l’appui des allégations des autorités de Hong Kong.
« La majorité des commentaires des utilisateurs dans l’App Store […] suggèrent que HKmap AMÉLIORAIT la sécurité publique, et non l’inverse », ont-ils déclaré.
Le rejet de l’application par Apple est « manifestement une décision politique de supprimer la liberté et les droits de l’homme à Hong Kong », ont-ils ajouté.
« HKmap est utilisée par des passants, des manifestants, des journalistes, des touristes et même ceux qui supportent le régime […] Si HKmap servait à embusquer et cibler la police ou à d’autres fins illégales, tel que faussement stipulé, pourquoi s’être donné la peine de la rendre accessible au public ? »
Le sénateur américain Josh Hawley (R-Mo.) a critiqué la décision d’Apple, affirmant que la société lui avait assuré la semaine dernière que « leur décision initiale d’interdire cette application était une erreur ».
« On dirait que les censeurs chinois leur ont parlé depuis. Qui dirige vraiment Apple ? Tim Cook ou Pékin ? », a-t-il dit le 10 octobre.
Les responsables chinois et les médias d’État ont toujours qualifié les manifestations prodémocratiques incessantes à Hong Kong d’« émeutes » et ont tourné en dérision les entreprises étrangères qui vont à l’encontre de la ligne du Parti pour avoir « blessé les sentiments chinois ».
HKmap.live a exprimé sa déception de voir les marques américaines telles que « Apple, NBA, Blizzard Entertainment et Tiffany & Co. agir contre la liberté ».
Ces entreprises, entre autres, ont récemment essuyé des critiques pour avoir pris des mesures visant à apaiser le régime chinois dans le cadre des manifestations de Hong Kong.
Apple avait récemment retiré une application d’actualités, Quartz, de son magasin d’applications mobiles chinois, en raison de plaintes du régime chinois selon lesquelles elle « inclut du contenu qui est illégal en Chine », selon le site web The Verge. L’organisme de presse a déclaré à The Verge qu’il « déteste ce genre de censure d’Internet par le régime ».
Google a également suspendu une application de jeu de rôle le 10 octobre pour avoir enfreint une politique de l’entreprise « interdisant aux développeurs de tirer profit d’événements sensibles, tels que tenter de gagner de l’argent à partir de conflits ou de tragédies graves en cours à travers un jeu ». L’application, intitulée « The Revolution of Our Times », permet aux utilisateurs de jouer le rôle de manifestants de Hong Kong.
La grande Chine est le troisième marché d’Apple en termes de chiffre d’affaires et a généré 47 milliards €, soit environ un cinquième des ventes totales de l’entreprise, au cours de l’année écoulée. C’est également là qu’Apple fabrique la plupart de ses produits, y compris les iPhones et les iPads.
Lors de la conférence de presse du 10 octobre, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a également déclaré que les entreprises étrangères sont invitées à investir en Chine, « mais la condition préalable est qu’elles respectent les lois et règlements et les sentiments nationaux du peuple chinois ; il n’y a aucun doute là-dessus ».
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