Si la pandémie du Covid-19 nous a appris quelque chose, c’est que les technocrates ont peu de scrupules à restreindre la liberté. De plus, une fois qu’ils ont pris le pouvoir, ils sont très réticents à le rendre.
Cependant, nos suzerains potentiels font face à un gros problème. La pandémie qui, selon eux, justifie les restrictions de la liberté individuelle, finira par s’atténuer. Ils se sont donc mis en quête de la prochaine excuse pour limiter notre liberté.
Il est de plus en plus clair que la « crise climatique » remplira ce rôle. La beauté de la chose – du point de vue de ces suzerains technocratiques potentiels – est que le réchauffement de la planète est un phénomène qu’on peut exploiter longtemps, ce qui signifie que la prétendue urgence ne disparaîtra pas de sitôt, quelles que soient les politiques adoptées. Si le pouvoir accordé aux autorités de santé publique pendant la pandémie du Covid est cédé aux autocrates du climat, cela deviendra un autoritarisme sans fin prévisible.
Un argument en faveur de la poursuite de cet objectif vient d’être publié dans American Political Science Review, l’une des revues professionnelles les plus élitistes et les plus influentes au monde. L’auteur de l’article « Political Legitimacy, Authoritarianism, and Climate Change » prévoit que notre liberté devra être restreinte parce que nous avons refusé de faire ce que les experts nous ont dit !
« Les gens aspirant à la démocratie ont, à de multiples occasions, rejeté (par référendum ou protestation) des taxes sur le carbone, même modestes », déplore l’article. De plus, « le droit à la liberté d’expression dans de nombreux pays a rendu pratiquement impossible la réglementation des campagnes nuisibles de négation et de désinformation relatives au changement climatique.
Non seulement cela, mais la primauté de l’autonomie individuelle a parfois rendu extrêmement litigieuses des interventions même mineures (par exemple autour des ampoules électriques, des normes d’efficacité énergétique ou des régimes alimentaires) et même impensables des politiques plus ambitieuses (comme le contrôle de la population). » Comme il est difficile d’être un autocrate !
Ainsi, pour maintenir la « légitimité fondamentale » (LF) de ces mesures, il faudrait imposer une « gouvernance climatique autoritaire ». Vous vous demandez ce qu’est cette légitimité fondamentale ? « En gros, la LF exige que les besoins essentiels de sécurité des citoyens soient satisfaits. » De plus, cette « légitimité fondamentale » a la priorité sur la « légitimité contingente » – par exemple, la croyance dans un pouvoir limité du gouvernement – car « assurer la sûreté et la sécurité peut, à certains moments, justifier le relâchement ou la suspension du respect strict de certains processus démocratiques ou des droits individuels ».
Il va sans dire que l’auteur de l’article affirme que « les catastrophes climatiques en cours » ont créé un état de péril si grave que – à moins que nous ne fassions volontairement ce que les autocrates du climat nous disent – les dirigeants mondiaux n’auront d’autre choix que de brandir le bâton du dictateur. L’auteur donne des exemples spécifiques des politiques despotiques qu’une gouvernance climatique autoritaire pourrait imposer :
- « Les gouvernements pourraient contraindre les citoyens à modifier considérablement leur mode de vie. Un exemple pertinent concerne la réduction des régimes alimentaires riches en viande… étant donné l’énorme empreinte carbone de l’agriculture animale.
- Un régime de censure qui empêche la prolifération de la négation et de la désinformation relatives au changement climatique dans les médias publics. Cela pourrait entrer en conflit avec les conceptions habituelles de la liberté d’expression ou de la presse. Là encore, [censurer] dans la mesure où ces libertés ont été exercées d’une manière qui a nui (et continue de nuire) à une intervention climatique efficace.
- Assouplir les droits de propriété afin de nationaliser, fermer ou réorienter certaines entreprises – en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture – de manière à garantir que l’abandon de la production à forte intensité de carbone se fasse rapidement, équitablement et à un coût limité.
- Les gouvernements pourraient également imposer des limites, à juste titre, aux certaines institutions et aux certains processus démocratiques dans la mesure où ceux-ci ont une influence sur la promulgation ou la mise en œuvre de la politique environnementale. Cela pourrait impliquer l’imposition d’un test climatique pour les candidats à des fonctions publiques, disqualifiant toute personne ayant des liens importants (relationnels ou financiers) avec des industries nuisibles au climat ou un passé de négationnisme par rapport au changement climatique.
- Comme mesure plus forte, les gouvernements peuvent mettre en place des institutions capables de renverser les décisions démocratiques antérieures (exprimées, par exemple, dans des référendums ou plébiscites populaires) contre la mise en œuvre de taxes carbone ou d’autres politiques climatiques nécessaires. »
Et si le peuple ne veut pas de ces politiques ? « Si de telles restrictions sont nécessaires pour préserver la légitimité fondamentale (LF), alors elles peuvent être imposées de manière justifiée, même si cela va à l’encontre des souhaits des gens aspirant à la démocratie ou si cela viole les droits individuels ou de groupe. »
Certains lecteurs peuvent penser : « Tiens, encore un ‘intello’ qui a écrit dans une revue de haut niveau et qui a la folie des grandeurs. Cela ne se passera jamais. »
N’en soyez pas si sûr. Le fait qu’un plaidoyer aussi choquant ait été publié dans l’une des plus importantes publications de sciences politiques au monde – et ait passé le contrôle par les pairs – signifie que les idées qui y sont exprimées sont jugées légitimes et honorables par les politologues et l’élite dirigeante.
De plus, cet article ne représente pas un cas isolé. Ce type d’argumentation est en train de devenir un modèle parmi les intellectuels internationaux et les dirigeants mondialistes. Par exemple, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a soutenu dans un rapport officiel de l’ONU que le monde devrait adopter – et l’ONU administrer – un « code de conduite mondial visant à promouvoir l’intégrité de l’information publique » et que « le moment est venu désormais de considérer les communs numériques comme un bien public mondial et de les réglementer et de les gérer comme tel ».
Le plus haut responsable sanitaire américain, le Dr Anthony Fauci, a préconisé de donner aux Nations unies le pouvoir de « reconstruire l’infrastructure de l’existence humaine ». D’éminentes revues médicales ont appelé à déclarer le changement climatique comme une urgence de santé publique afin que des restrictions de type Covid puissent être imposées.
Un éditorial dans la prestigieuse revue scientifique Nature a même proposé d’imposer des « quotas carbone individuels » qui rationneraient les émissions de la même façon que les achats privés d’essence ont été réglementés pendant la Seconde Guerre mondiale – une politique qui serait appliquée par des techniques de haute technologie du type de celles actuellement imposées en Chine dans le cadre du système de contrôle total orwellien de « crédit social » du Parti communiste chinois.
Nous n’entendons pas beaucoup parler de ce futur despotisme dans les médias mainstream. Je pense que cela est attribuable en partie au fait que beaucoup de ces articles sont écrits par des universitaires et des apparatchiks politiques dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler, qu’ils sont écrits dans le langage sec du discours universitaire qui endort les lecteurs.
De plus, les « journalistes de gauche » qui dominent les médias peuvent être favorables à la cause des militants du climat en croyant qu’ils sont du bon côté de l’Histoire et que le monde est mis en danger par les « négationnistes du climat ».
En même temps, on ne peut pas oublier l’indignation sélective pratiquée par les médias mainstream. Imaginez seulement si quelqu’un de l’entourage de Donald Trump – disons, son fils aîné ou Steve Bannon – préconisait de révoquer des lois adoptées démocratiquement pour servir un objectif plus élevé. Les cris d’indignation dans les médias ne s’arrêteraient jamais.
Pourtant, lorsque le chef de l’ONU, le Dr Fauci et des universitaires influents – des personnes qui ont beaucoup plus de pouvoir que le fils de Trump ou Bannon – proposent des prescriptions anti-liberté pires encore dans les revues les plus prestigieuses du monde, tout ce que nous entendons est le son du silence.
Il faut y faire attention. La rédaction de tels articles n’a pas été financée et leur publication n’a pas été assurée simplement dans le but de lancer un nouveau débat. Ils ont un objectif bien pratique : influencer la pensée des puissants politiciens et faire passer les idées qu’ils contiennent de l’état de proposition à celui de politique publique.
Nous ne pouvons pas laisser un tel plaidoyer antidémocratique se faufiler dans l’ombre. La liberté individuelle est trop précieuse et importante pour être laissée aux « experts ». La meilleure façon d’empêcher la « gouvernance climatique autoritaire » est d’exposer au mépris du public les idées répressives de ses promoteurs.
Et voici la bonne nouvelle. Il reste un énorme obstacle entre notre société encore majoritairement libre et le monde oppressif que nos potentiels suzerains technocratiques veulent nous imposer. C’est nous. Plus nous en saurons, moins ils auront de chances de réussir dans leur machination.
Wesley J. Smith est un auteur primé et le président du Center on Human Exceptionalism du Discovery Institute. Son dernier livre s’intitule Culture of Death: The Age of ‘Do Harm’ Medicine.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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