Il n’exprime aucun remords et est persuadé de « crever en taule »: un sexagénaire, déjà condamné deux fois à perpétuité pour assassinat et tentative d’assassinat sur des femmes, comparaît de nouveau aux assises à Saintes, pour avoir tenté d’étrangler la psychologue qui le suivait en prison.
Le 25 mai 2021, à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, les surveillants étaient intervenus à temps pour sauver la spécialiste des mains de Philippe Pacque, alertés par une autre psychologue. En procédant à une fouille, les surveillants avaient trouvé une fourchette limée ainsi qu’une lettre manuscrite intitulée « Projet d’assassinat », détaillant ses desseins criminels.
Surnommé « l’Épervier d’Amiens », car il fondait sur ses proies, lorsqu’il avait poignardé au printemps 1983 plusieurs jeunes femmes dans la cité picarde, l’accusé va avoir 66 ans début juillet.
Passer à l’acte pour attirer l’attention
Dès sa première prise de parole face à la présidente du tribunal, Anne Haye, Philippe Pacque se montre hostile. « Je ne veux pas me présenter, vous avez votre dossier sous les yeux, je ne participe pas à votre cinéma ! », clame-t-il, se considérant comme « un simple numéro ».
Pourquoi avoir voulu étrangler la psychologue qui était son oreille attentive, « l’une des rares personnes à l’écouter », de l’aveu même du concerné ? Philippe Pacque confie ressentir « un profond mal-être, l’impression de ne pas être entendu par la justice » et le besoin « d’un passage à l’acte pour attirer l’attention sur sa situation ». « Quoi que je dise, on écoute ce qu’on a envie d’entendre (…) Dès que je dis quelque chose, on n’en tient pas compte, donc forcément, on explose », ajoute-t-il.
Décrit par les enquêteurs de personnalité, comme « timide, solitaire, peut-être dépressif, anxieux », il n’a pratiquement vécu qu’en milieu carcéral depuis 27 ans. « Une mini-société dans la société », résume la présidente du tribunal.
Condamné une première fois à perpétuité en 1987, pour avoir assassiné une adolescente prise en auto-stop, et tenté de tuer trois femmes, en mars 1983 à Amiens, il a de nouveau été condamné à la peine maximale en 2014 pour avoir tenté d’assassiner l’éducatrice en charge de sa réinsertion, en 2012 à Caen, alors qu’il bénéficiait d’une libération conditionnelle.
La victime, Céline Vidal, a relaté son expérience dans un livre intitulé « Même pas morte ».
« L’envie de tuer » mais pas tout à fait
Marié une fois en 1980, Philippe Pacque s’est séparé de son épouse deux ans plus tard. Tous les membres de sa famille sont décédés.
Des collègues de la supérette d’Amiens où il travaillait avant sa première condamnation l’avaient décrit aux enquêteurs comme « serviable, amical », d’autres avaient fait part « d’un dialogue pas facile avec un employé renfermé ».
Tantôt silencieux, tantôt marmonnant tout seul, le sexagénaire navigue entre deux registres parallèles de pensée, selon la psychologue clinicienne près la cour d’appel de Poitiers, Anne Jolly.
Il avait à la fois « envie de tuer » et dans le même temps « n’avait pas envie de la tuer », tente-t-elle d’interpréter en évoquant sa collègue qu’il a tenté d’étrangler.
La psychologue clinicienne dresse un portrait complexe de cet homme qui a « un contact facile, très attentif à l’interlocuteur et une grande réactivité » qui ont rendu les échanges « efficaces ». « C’est quelqu’un que je n’oublierai jamais », ajoute-t-elle même.
Ému, Philippe Pacque regarde Mme Jolly dans les yeux durant quelques secondes et lui dit « merci ».
La psychologue agressée vient ensuite à la barre. Encore choquée, elle n’en veut pourtant pas à Philippe Pacque : « J’ai conscience du milieu dans lequel j’exerçais. Le passage à l’acte, c’est une question de survie psychique pour celui qui le commet. Ce n’était pas moi en tant que personne qui était visée. C’est pour ça que je ne suis pas en colère ».
Le procès doit s’achever vendredi.
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