La mer Rouge, voie maritime stratégique où des navires commerciaux font régulièrement l’objet d’attaques depuis le Yémen de la part des terroristes Houthis, fait face à un débordement de violence « décomplexée », a expliqué lundi Laurent Saunois, commandant de la frégate Languedoc ayant effectuée une mission nationale de sécurité maritime en mer Rouge.
« Aujourd’hui, on est face à un débordement de la violence en haute mer de façon décomplexée, en mer Noire et Rouge », a affirmé depuis la base navale de Toulon (Var) Laurent Saunois, commandant de la frégate Languedoc, de retour après huit mois de mission dans l’Océan indien. Cette frégate multi-missions (FREMM) avait été déployée en mer Rouge pour une mission nationale de sécurité maritime.
Les terroristes houthis, qui contrôlent de vastes régions du Yémen, mènent depuis novembre des attaques contre des navires dans la région.
« Il n’y a pas eu de notion de peur »
À l’occasion de son déploiement dans cette zone, la frégate avait abattu au moins quatre drones provenant du nord du Yémen mi-décembre, drones qui la menaçaient directement. Jusqu’à présent l’état-major français n’avait parlé que de deux drones abattus par cette frégate. De tels tirs de missiles sol-air en autodéfense effectués par des missiles antiaériens Aster 15 constituaient une première pour la Marine française.
« Il n’y a pas eu de notion de peur. Ce qui a prévalu dans les sentiments, c’est la volonté de bien faire le travail » a commenté sur RCF le capitaine Saunois une fois la frégate rentrée à Toulon. Il raconte l’état d’alerte permanent « pour être en mesure de répondre au bon moment et à bon escient à une menace » qui peut arriver à tout moment. Cela s’est produit « plus d’une douzaine de fois pendant la mission, souvent de nuit ». « Cela crée forcément une forme de tension au sein de l’équipage. Cette tension se gère individuellement, collectivement avec un gros travail de présence sur le terrain des cadres officiers mariniers » a-t-il ajouté.
Outre la FREMM Languedoc, la France a également déployé dans la région la frégate Alsace le 20 janvier. Fin février, celle-ci a également abattu au moins quatre drones en deux fois. « Il y a une vraie menace qui pèse sur le trafic commercial », a alerté le commandant Saunois, dont la frégate a sécurisé le passage de seize navires commerciaux en mer Rouge.
Des artères commerciales importantes pour la France
« Les missiles qui ont frappé, touché et entraîné des pertes humaines sur les bâtiments de commerce, nous rappellent que ces artères commerciales sont particulièrement importantes pour la France car elles permettent de rallier un certain nombre (de territoires) d’outre-Mer, elles concernent directement nos approvisionnements énergétiques et commerciaux », a-t-il défendu.
Selon l’armée américaine, trois membres d’équipage d’un navire marchand ont été tués mercredi dans le golfe d’Aden, dans la première attaque meurtrière des Houthis au large du Yémen. « On se trouve face à un adversaire qui est capable de déployer une menace qui couvre tout le spectre », du drone au missile balistique, a-t-il averti : « On est clairement dans un conflit où la haute intensité apparaît. »
Face aux attaques houthies, les États-Unis ont mis en place en décembre une force multinationale de protection maritime en mer Rouge, baptisée « Prosperity Guardian », tandis que l’Union européenne a lancé en février une mission similaire, nommée Aspides, prévue pour un an et éventuellement renouvelable. Elle pourra faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des objectifs à terre contre des positions des houthis au Yémen, selon des diplomates.
Plusieurs pays ont fait part de leur intention d’y participer, notamment la Belgique, l’Italie, l’Allemagne ou la France. L’Espagne a indiqué qu’elle n’y participerait pas.
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