JOS, Nigeria – Pour les chrétiens assiégés dans l’État du Plateau au Nigeria, le meilleur espoir pour beaucoup est un avocat des droits civils qui déjoue la mort avec talent.
L’avocat Gyang Zi, 43 ans, n’est pas étranger à la controverse au tribunal ou au danger dans la ville de Jos, au nord du Nigeria.
Cet avocat, qui gagne moins de 5 000 dollars par an, fait partie des 254 avocats de l’État du Plateau qui utilisent leurs finances personnelles pour se battre pour les victimes de violations des droits de l’homme, déclare M. Panmak Lere, le chef de la Fédération des avocats chrétiens du Nigeria (CLASFON) dans l’État du Plateau.
« Les cas portent sur la liberté de religion pour des convertis qui subissent des persécutions, des agressions sexuelles ou des bévues du gouvernement. Il y aussi des appels contre des jugements ou des procès injustes ou pervers, des interventions en faveur de veuves, d’orphelins, d’indigents, de détenus sans représentation légale, de PID (Personnes déplacées à l’intérieur, de force), ainsi que de victimes d’injustices et de violences religieuses », explique M. Lere.
Gyang Zi a gagné les procès de plus de 500 victimes dont les droits ont été bafoués diversement, principalement contre l’armée nigériane à dominante musulmane, selon son partenaire, Solomon Dalyop. « Le dernier en date était un procès entre l’armée et 28 villageois arrêtés à la suite de la disparition d’un général de l’armée en septembre 2018 », précise Solomon Dalyop.
« Il y a eu une attaque en 2018 [11 septembre] dans le village de Lopandet, une communauté chrétienne dans la banlieue de Jos, et 13 personnes ont été tuées sur place, tandis que 3 personnes sont mortes à l’hôpital. Le lendemain, un général [de division] [Idris] Alkali a été porté disparu, et un groupe de personnes venues de nulle part a déclaré que c’était les habitants de cette communauté qui avaient tué le général.
L’armée a alors installé son quartier général dans le village. Les gens étaient arrêtés au hasard dans la rue, dans leurs maisons ou dans leurs commerces. Même les journalistes étaient arrêtés. Il y a eu plus de 60 détenus. Beaucoup ont dû fuir, mais Gyang Zi a défié l’armée. Il a fait venir certains d’entre nous et nous avons continué à écrire à l’officier général commandant la troisième division de l’armée nigériane [à Jos] où ils étaient détenus.
Environ 40 d’entre eux ont ensuite été libérés, tandis que 28 ont été traduits devant la Haute Cour de l’État, et nous les avons défendus. L’affaire est toujours en cours, mais par la grâce de Dieu, avant qu’il [Gyang Zi] ne confie la défense à la Christian Lawyers Federation of Nigeria (CLASFON), nous avons déposé plusieurs demandes de mise en liberté sous caution, et en février de cette année, ils ont tous été libérés », témoigne Solomon Dalyop.
Gyang Zi a récemment laissé entendre à ses amis qu’il envisageait de poursuivre les autorités locales pour le meurtre de plus de 70 personnes dans le nord du Plateau, sous la surveillance de l’armée. Les attaques du 31 juillet au 2 août près du quartier général de la troisième division de l’armée nigériane ont été menées conjointement par des soldats et des terroristes peuls, une affaire risquée, confie Gyang Zi, mais « je n’ai pas le choix ».
« Que je le veuille ou non, un jour je flancherai, un jour je mourrai. La seule chose qui parlera pour nous lorsque nous quitterons cette terre, ce sont nos actes », confie-t-il.
« Par la grâce de Dieu, j’ai dépassé la quarantaine. Je n’ai aucune raison de renoncer à faire le bien simplement parce que j’ai peur de ce qui va arriver », ajoute-t-il.
L’avocat a frôlé la mort lors de son propre enlèvement, il y a moins d’un mois.
La dernière chose à laquelle il pensait le 15 juillet, dit-il, alors qu’il approchait de son allée dans un quartier urbain, était qu’il allait se faire kidnapper par des bandits tueurs. Mais en un instant, sa vie a failli lui échapper.
Il était 19 heures, et Gyang Zi rentrait chez lui en voiture, à deux pas du siège du gouvernement de l’État du Plateau. « J’avais entendu parler de nombreux cas d’enlèvement et j’en avais traité certains, mais je n’avais jamais pris conscience de ce que cela faisait d’être aux mains de terroristes à l’allure féroce, armés de fusils, au milieu de nulle part », confie Gyang Zi pour Epoch Times. « Ils m’appelaient par mon nom », se souvient-il.
« Tout de suite, je suis allé vers la jonction qui se trouve juste à côté de la clôture de la Maison du gouvernement. J’ai vu deux personnes armées s’approcher de moi, alors j’ai immédiatement mis la voiture en marche arrière. J’essayais de vérifier l’arrière pour voir s’il était possible d’accélérer et j’ai vu deux autres personnes. La voiture s’est donc retrouvée au milieu. À ce moment-là, je n’avais pas d’autre choix que de m’arrêter, et ils m’ont ordonné de descendre.
Ils en savaient beaucoup sur moi, y compris sur ma famille et mes voitures. En fait, ils avaient mon profil complet. Ils m’ont dit : ‘Avocat, on nous a envoyés pour vous éliminer, alors vous n’avez qu’à coopérer avec nous’.
J’étais encore un peu audacieux, et j’ai demandé qui les avait envoyés. Je leur ai dit que je n’avais de problèmes avec personne, mais ils n’ont rien dit. Ils m’ont traîné dans une ferme de maïs voisine et ont commencé à siffler. D’autres sont sortis de la brousse. Nous avons marché un peu et une Golf 3 est arrivée, ils m’ont fait monter et m’ont bandé les yeux. Nous avons roulé pendant un long moment et après le trajet, je me suis retrouvé au milieu de la brousse.
Quant aux 8 terroristes qui sont venus me chercher, ils avaient tous des fusils. Après avoir roulé pendant environ 2 heures dans la brousse, nous avons marché pendant un certain temps. De 21 heures à minuit environ. C’était la plus longue marche de ma vie, à cette heure de la nuit et dans ce genre d’endroit. Puis ils m’ont emmené dans des montagnes et dans une grotte où ils avaient prévu de me massacrer et de se débarrasser de mon corps. »
Gyang Zi a fait appel à tous ses talents d’avocat pour plaider sa propre cause.
« J’ai plaidé que j’avais aidé des personnes en détresse de leur tribu et de leur religion, ce dont ils ont eu confirmation en appelant une vieille connaissance fulani dans mes contacts téléphoniques. C’est même lui qui a parlé en ma faveur. Ils ont discuté au téléphone dans leur dialecte et après environ 24 heures, ils m’ont dit qu’ils avaient reçu 15 millions de nairas (31 000 €) pour me tuer et que j’avais une chance de racheter ma vie en remboursant cet argent. Nous avons continué à les supplier jusqu’à ce qu’ils acceptent de réduire le prix à 8 millions de nairas (16 000 €) », selon son récit. Gyang Zi estime que son amitié avec l’homme peul lui a sauvé la vie.
Le traumatisme causé par sa détention a failli conduire cet homme de 43 ans sur un lit d’hôpital après sa libération, mais pendant qu’il était sous leur garde, tout ce qui comptait pour lui, c’étaient les affaires de droits de l’homme qu’il devait encore régler.
« Chacune des secondes où j’étais avec eux était comme une année. Je me demandais ce qui allait se passer. Même lorsqu’ils m’ont assuré qu’ils ne me feraient pas de mal après avoir parlé à mon ami, je me demandais encore s’ils n’essayaient pas simplement de me calmer et de m’exécuter de façon surprenante. C’était une situation où vous voyez votre vie défiler devant vous, et vous ne pouvez rien faire. J’étais à leur merci.
Mais pendant que j’étais avec eux, tout ce qui me traversait l’esprit était ce qui allait arriver aux cas et au peuple opprimé de Dieu. J’étais confiant que Dieu ferait encore venir des gens pour continuer, mais j’étais quand même un peu inquiet que certaines situations tournent mal. »
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