ANALYSES

Budget 2025 : ce que l’on va payer en plus et les économies à la marge

février 5, 2025 7:46, Last Updated: février 5, 2025 8:14
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Effort exceptionnel demandé aux grandes entreprises et aux plus riches, changement de la TVA pour les auto-entrepreneurs, malus auto alourdi, triplement de la taxe des billets d’avion, etc. : le projet de budget 2025 de l’État annonce des taxes nouvelles et des efforts budgétaires à la marge. Ce texte commun, validé en commission mixte paritaire a été adopté le 3 février à l’Assemblée avec l’utilisation du 49.3 par le Premier ministre François Bayrou.

En résumé, 27 milliards d’augmentation de prélèvements obligatoires ont été ajoutés, soutenus essentiellement par les entreprises et les hauts revenus alors que les coupes budgétaires sont amoindries dans les ministères.

Selon le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, le patronat est poussé à « ne plus investir dans notre propre pays » et les hausses d’impôts vont « accélérer la montée du chômage ».

Le PS, avec qui le Premier ministre a négocié le nouveau budget, a indiqué qu’il s’abstiendrait d’une motion de censure, ce qui compromet la réussite, pour le moment, d’une censure soutenue par LFI et le RN.

De nouvelles taxes exceptionnelles 

Après le rejet du budget Barnier à l’automne par l’Assemblée nationale, la commission mixte paritaire (CMP) a confirmé en grande partie la nouvelle copie adoptée le 23 janvier au Sénat, une version globalement fidèle aux propositions initiales de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, reprises par François Bayrou – surtout sur le volet dédié aux recettes.

Au total 27 milliards de taxes supplémentaires ont été ajoutées dans ce budget, essentiellement soutenues par les entreprises.

Y figurent des mesures annoncées à l’automne, comme l’effort « temporaire » sur l’impôt sur le revenu des ménages les plus aisés (2 milliards d’euros espérés) et la « contribution exceptionnelle » sur les bénéfices des grandes entreprises (8 milliards). Cet effort a été limité à la seule année 2025, contre 2026 dans la « mouture Barnier ».

Autres dispositions retenues : un malus renforcé sur l’achat de voitures thermiques, une fiscalité alourdie sur les rachats d’actions, une TVA alourdie de 5,5 à 10 % sur les chaudières à gaz, une hausse des frais de notaires, le triplement de la taxe des billets d’avion. Le relèvement à 0,4 % de la taxe sur les transactions financières, jugé insuffisant par le Parti socialiste ces derniers jours, a lui aussi été confirmé.

Les parlementaires ont trouvé un compromis sur l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion, qui passerait de 2,63 euros à 7,30 euros pour un billet en classe économique vers la France ou l’Europe, alors que le gouvernement visait 9,50 euros. Le dispositif rapporterait 800 à 850 millions d’euros à l’État, selon un parlementaire.

Le projet de budget de l’État prévoit également d’abaisser le seuil d’exemption de TVA pour les petites entreprises à 25.000 euros de chiffre d’affaires annuel. Jusqu’ici, ce seuil était fixé à 37.500 euros de chiffre d’affaires annuel pour l’essentiel des entrepreneurs, ce qui va étouffer les entrepreneurs aux petits revenus.

Des coups de rabot à la marge dans les ministères

Le gouvernement Bayrou, qui veut ramener le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, a fait inscrire des coups de rabot marginaux dans le budget de plusieurs ministères.

Aide publique au développement, écologie, culture, agriculture, recherche et enseignement supérieur… Les coupes se chiffrent à quelques centaines de millions d’euros, avec quelques gestes sur la prévention des catastrophes naturelles, le Fonds vert ou le budget des Outre-mer, revalorisé pour répondre notamment au besoin de reconstruction de Mayotte.

L’effort financier demandé aux collectivités locales a été stabilisé depuis plusieurs semaines sur la version du Sénat, soit environ 2,2 milliards d’euros. Avec, pour les départements, la possibilité de relever le plafond des taxes sur les transactions immobilières (DMTO) de 0,5 point, sauf pour les primo-accédants.

Le gouvernement a par ailleurs renoncé à étendre à trois le nombre de jours de carence des fonctionnaires en cas d’arrêt maladie, mais le taux d’indemnisation a été ramené à 90 % au lieu de 100 %.

Plusieurs points sensibles ont été arbitrés par la CMP, notamment sur le budget de l’aide médicale d’État (AME, soins aux étrangers en situation irrégulière), diminué de 111 millions d’euros par rapport au budget de M. Barnier, pour le maintenir au niveau de 2024, soit environ 1,3 milliard d’euros au total.

Les parlementaires ont inscrit dans le marbre du budget la promesse de François Bayrou de rétablir 4.000 postes d’enseignants, mais à budget constant – les 50 millions d’euros nécessaires seront prélevés ailleurs dans le budget de l’Éducation.

Le budget du Sport, que le gouvernement avait envisagé de diminuer ces derniers jours malgré la fronde du secteur, a été sanctuarisé dans sa version proposée à l’automne, déjà réduite par rapport à 2024.

Dénoncé par toutes les oppositions pour son coût et son manque d’efficacité, le service national universel (SNU) a vu ses crédits diminuer, résistant encore à une suppression pure et simple.

L’augmentation des dépenses pour la Sécurité sociale

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) adopté au Sénat prévoyait de contenir la hausse des dépenses de santé à +2,6 % en 2025, pour arriver à 264,2 milliards d’euros. Mais M. Bayrou a promis de réviser cet objectif à +3,3 %. Une rallonge de plus d’un milliard d’euros pour redonner de l’air aux hôpitaux.

« Sur les Ehpad, nous proposons de tripler le fonds d’urgence […] en le passant de 100 millions à 300 millions d’euros », a précisé la ministre de la Santé Catherine Vautrin.

L’ex-gouvernement Barnier visait un effort de 4 milliards d’euros, abaissé à 3 milliards par le Sénat, avant que le camp macroniste, très opposé, ne parvienne en commission mixte paritaire (CMP) à ramener l’objectif à 1,6 milliard.

Pour permettre à la Sécu d’engranger de nouvelles recettes, les sénateurs avaient prévu d’alourdir la « taxe soda » (destinée à limiter la quantité de sucres), les taxes sur les tabacs, et de renforcer la fiscalité des jeux et loteries en ligne. L’exécutif a pour l’instant chiffré ces mesures à 300 millions d’euros, sans intégrer le tabac dans la liste.

Le PLFSS initial prévoyait un déficit de 16 milliards d’euros. Mais avec le retard pris depuis la censure, l’abandon de certaines mesures (moindre revalorisation des retraites, baisse du taux de remboursement des médicaments et consultations…) et la dégradation des prévisions macro-économiques, le gouvernement prévoit désormais un déficit de « moins de 23 milliards d’euros », qui atteindrait 30 milliards en l’absence de budget de la Sécu.

Le rapporteur général du Budget très critique sur le nouveau budget

Le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, Charles de Courson (Liot), a critiqué avec virulence les hausses d’impôts du projet de budget 2025 qui vont selon lui « accélérer la montée du chômage », mais a exclu de voter la censure.

Dans ce projet de budget, « on augmente massivement les prélèvements obligatoires, de 0,9 point de PIB, à peu près 27 milliards. Le taux d’impôt sur les sociétés, qui était redescendu à 25 %, on le remonte pour les groupes de plus de 3 milliards d’euros (de chiffre d’affaires) à 40 % », a-t-il regretté. « Et les dépenses, par rapport à la richesse créée, ne baissent que de 0,1 point, c’est-à-dire 3 milliards ».

Le patronat est poussé à « ne plus investir dans notre propre pays ».

Selon M. de Courson, ces mesures présentées comme temporaires, risquent de devenir pérennes car il faudra aussi économiser les années suivantes.

Il estime que les concessions au Parti socialiste ne coûteront pas cinq milliards d’euros mais sept milliards, dont 5,8 milliards dans la loi sur la Sécurité sociale et « 1,3-1,4 milliards dans la loi de finances ».

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