ENTRETIEN — Après son intervention au César sur les violences sexuelles commises sur les jeunes filles dans le milieu du septième art, Judith Godrèche a offert un relai politique à son discours dans le cadre d’une audition sous les ors de la chambre haute du Sénat. Devant les parlementaires de la délégation au droit des femmes, l’actrice a dénoncé le silence d’une industrie qui ne « dit pas tout haut ce qu’elle sait tout bas ». Journaliste et essayiste, Céline Pina analyse cette prise de parole et appelle à discerner l’enjeu crucial de la protection des enfants face à des adultes prédateurs du militantisme néo-féministe, dont les tenants idéologiques mettent en danger certains fondements structurels de notre démocratie, tels que la présomption d’innocence.
Epoch Times : Ce jeudi 29 février, Judith Godrèche a été auditionnée par la délégation sénatoriale aux droits des femmes. Pourquoi vous êtes-vous intéressée à son audition ?
Céline Pina : Pour deux raisons. D’abord parce que son témoignage est important et que je ne doute pas qu’elle ait été victime d’abus, mais aussi du fait des réactions dogmatiques que ce témoignage suscite. En effet, vous êtes enjoint d’être entièrement du côté de la victime, de considérer sa parole comme sacrée et le moindre questionnement, la moindre nuance déclenche l’agressivité des militantes néo-féministes. Celles-ci érigent toute victime de fait divers en preuve de la violence de notre société qu’elles décrivent comme patriarcale et font de la déviance d’un seul homme, la preuve de la corruption de tous les hommes.
Pour avoir la paix, on se sent presque contraints d’adopter une seule et unique position. Dans ce cas, il s’agit d’être entièrement du côté de la victime en affichant une empathie sans faille envers elle. Mais il se trouve que Judith Godrèche, si elle fait des propositions intéressantes, se méprend souvent quand elle passe du témoignage individuel à la posture politique. Outre qu’elle ne maîtrise pas toutes les implications de ses propos, son langage devient alors stéréotypé. On sent la langue de bois lié à une forme de prise en main militante.
Devant le témoignage de Judith Godrèche, j’ai donc ressenti une dualité émotionnelle. D’une part, une profonde empathie, car son récit était poignant, puisqu’il révélait d’importantes réalités présentes dans notre société. D’autre part, une certaine irritation, voire une inquiétude, en observant la façon dont elle transforme son vécu personnel en une vérité absolue et généralisée sur le fonctionnement de tout un pays et de toute une société.
Ce qui m’intrigue, c’est la façon dont la voix d’une victime authentique peut devenir sacralisée pour prohiber la critique d’un propos contenant une dimension politique qui dépasse le cadre du seul témoignage personnel.
Vous déplorez que l’enrobage idéologique du discours de Judith Godrèche affaiblisse la portée de son témoignage, alors même qu’il porte sur un enjeu sociétal essentiel : les abus sexuels commis sur des enfants.
Dans ce témoignage, il est crucial de souligner un aspect fondamental : la manière dont la société réagit à ce type d’histoire. Il est fréquent d’entendre des réflexions telles que « à quatorze ans, une jeune fille peut être provocante, séduisante, et chercher un homme plus âgé ».
Il est indéniable que, à cet âge, une jeune adolescente explore sa sexualité et cherche à affirmer sa propre identité, en essayant d’attirer le regard de l’homme. Cette quête de reconnaissance peut être exploitée par des adultes en position d’autorité, qui abusent de leur pouvoir pour manipuler et tirer avantage de la vulnérabilité de ces jeunes filles en construction. En croyant servir leur désir, elles se retrouvent ainsi à servir celui du prédateur. La responsabilité revient donc à l’adulte, qui sait ce qui se joue dans l’esprit de la jeune fille à cette période de la vie, de faire preuve de discernement et ne pas profiter de cette fragilité émotionnelle. Un homme, ça s’empêche et ça protège les adolescents d’eux-mêmes.
L’histoire de Judith Godrèche a ceci d’important qu’il permet de sensibiliser la société à ces enjeux, et d’encourager une réflexion profonde sur la manière dont nous protégeons les jeunes filles en période de transition vers l’âge adulte.
Mais plutôt que de verser dans le pathos et le récit victimaire, on ferait mieux d’être très au clair avec ces enfants en transition vers l’âge adulte. Leur dire que la puissance de leurs pulsions, liée à l’explosion hormonale qu’est la puberté, les expose à des désirs trompeurs et dangereux. Leur dire qu’elles peuvent être proactives, désirantes, séductrices, car elles expérimentent leur pouvoir, et que plaire est une façon d’être reconnues par les autres et de trouver sa place, mais que cette pulsion de vie, qu’elles ne maîtrisent pas, en font des proies faciles pour des adultes expérimentés et sans scrupules. Et cela d’autant plus facilement qu’elles sont manipulables et se font souvent les complices et premières avocates de leur abuseur. Celui-ci sait très bien ce qui se passe dans leur corps et dans leur tête, et va en tirer profit.
C’est aussi l’occasion d’expliquer à la société son rôle, car les abuseurs peuvent bénéficier d’un environnement social malsain. On pense au Libération des années 60-70 qui défendait la pédophilie ou faisait de la transgression que représentait un homme mettant dans son lit une adolescente, une preuve de liberté et une marque de supériorité.
Vous trouvez que la dimension politique qu’elle donne à une histoire particulière est mal à propos ?
Il convient de faire la distinction entre son récit personnel et les conclusions politiques que l’actrice en tire, qui sont parfois à la limite de la sottise. Quand elle affirme être en réalité une victime du patriarcat, son discours sonne faux et perd ainsi de sa force, puisque l’on reconnait bien la reprise en main de son propos par l’idéologie néo-féministe.
Par exemple, balayer d’un revers de main le principe de présomption d’innocence d’un homme en cas d’accusation de viol par une femme au motif que la parole de la femme serait une vérité irréfutable, constitue une remise en cause des fondements du système judiciaire d’une démocratie en bonne santé. Cette dérive qui veut que l’accusation qu’une femme porte contre un homme soit forcément considérée comme vraie, aboutit à une rupture d’égalité pour essentialiser la femme en éternelle victime et l’homme en perpétuel bourreau.
Une telle évolution est une impasse et institue une guerre des sexes aussi dommageable que sans issue. Il est au contraire essentiel de garantir à tous les individus le droit à un procès équitable et à la présomption d’innocence, tout en respectant la parole des victimes et en assurant leur protection. Une accusation ne peut valoir une condamnation : la quête de vérité est essentielle, le contradictoire aide à faire émerger le réel. On devine bien les abus que son absence pourrait engendrer.
Être victime d’un drame personnel n’autorise pas à essentialiser les hommes en les assimilant tous à des potentiels violeurs, et à présenter nos sociétés démocratiques, parmi les plus égalitaires de toutes, comme si elles ressemblaient au modèle saoudien. La condition des femmes en Occident, qui reconnait dans son corpus juridique l’égalité entre les sexes, est incomparable à celle de pays d’Afrique ou du Moyen-Orient. Nous ne réalisons qu’imparfaitement les idéaux qui structurent nos sociétés (c’est d’ailleurs le cas de toutes, et dans les pays soumis à la loi religieuse, curieusement le paradis sur terre tarde à advenir également). Il n’en reste pas moins que les femmes, en Occident, ont les mêmes droits que les hommes et peuvent aller au bout de leurs aspirations personnelles et professionnelles, là où, dans le reste du monde, elles sont limitées, quand elles ne sont pas réduites au rôle d’éternelles mineures.
Je note par ailleurs que les néo-féministes qui dénoncent à juste titre les abus commis sur des enfants, sont les mêmes qui se sont illustrées par leur silence assourdissant lorsque des Israéliennes ont été violées et brûlées vives par les terroristes du Hamas. Ce qui dénote un courage à géométrie variable : se positionner sur les crimes commis par des islamistes est risqué à plus d’un titre. D’abord parce que ceux-ci sont capables de passer à l’acte et tuent et ont tué sur notre sol. Cela décourage nombre de pasionarias et calme leurs ardeurs pour défendre l’égalité des femmes. Ensuite parce qu’elles sont en pleine dissonance cognitive.
L’alliance de la gauche avec les islamistes les a amenées à défendre le voile, un signe sexiste qui fait de la femme une inférieure et marque son impureté en la réduisant à un sexe sur pattes. Cela explique pourquoi elles sont gênées et ont du mal à défendre aussi les Iraniennes. Elles ont même tenté de faire croire que les Iraniennes se battaient pour la liberté de porter ou pas le voile ; ce qui est faux, elles mettent en avant la dimension sexiste de ce signe d’abaissement de la femme. Défendre les femmes israéliennes et montrer à quel point la violence sexuelle est assumée et fait partie des buts de guerre du Hamas pourrait leur coûter cher idéologiquement.
Or, ces femmes qui n’ont pas de mots assez durs pour s’en prendre à leur société égalitaire, préfèrent fermer les yeux sur de véritables horreurs pour ne pas perdre leur position de pouvoir. Résultat : alors que la femme est rabaissée dans les sociétés musulmanes, c’est un système patriarcal qui n’existe plus chez nous qu’à l’état de vestige qui est attaqué. Alors que l’islamisme conquérant bâche les femmes et légitime leur viol, ce sont les sociétés démocratiques qui sont mises en accusation.
Enfin, bien que la douleur de Judith Godrèche soit réelle et que son témoignage mérite d’être écouté, il convient de souligner l’aspect idéologique de certaines de ses déclarations, en reconnaissant que l’exacerbation de la douleur peut parfois conduire à des affirmations douteuses, voire dangereuses.
Faire montre d’esprit critique et de nuance ne signifie pas attaquer la personne elle-même, mais simplement chercher à analyser de manière objective les différents aspects d’une prise de parole. Or, cela peut vous valoir des attaques extrêmement violentes où toute prise de recul est vue comme une trahison, si bien que certains préfèrent éviter les conflits en se conformant aux éléments de langage militants. Cela ne fait que générer un climat de suspicion et d’agressivité entre les sexes. Pendant ce temps, le viol et les relations incestueuses restent souvent impunis ou sont trop légèrement sanctionnés par la justice. Autrement dit, l’hystérisation des positionnements se fait au détriment d’avancées réelles sur la condition des femmes.
« Ramener toujours à la question de la responsabilité des parents est une façon de ne pas faire face à la responsabilité des hommes », a affirmé Judith Godrèche durant son audition. Comment analysez-vous cette déclaration ? La responsabilité des parents, particulièrement celle du père, figure appartenant à ce patriarcat honni par les néo-féministes, devrait-elle être davantage mise en avant ?
Les déclarations de Judith Godrèche, affirmant que responsabiliser les parents revient à évacuer la réalité et la culpabilité du patriarcat, sont absurdes. Une autre actrice apporte un autre point de vue sur cette question. Dans le Parisien, Juliette Binoche explique la fragilité des acteurs de ce métier où on se met en jeu soi-même, où il faut donner de soi. Elle dit aussi à quel point l’éducation reçue, les valeurs transmises par les parents, l’importance de l’indépendance et de l’autonomie, le fait d’être doté de valeurs qui permettent de dire non et de fixer des limites, est essentiel. Elle estime que cela l’a protégée.
Vouloir évacuer la question des responsabilités individuelles, c’est évacuer la figure du prédateur. Si la société est organisée sur la prédation, alors Benoit Jacquot n’est pas coupable : il est victime d’un système qui voue toutes les femmes à être des victimes et transforme tous les hommes en prédateurs. C’est d’ailleurs la défense de Gérard Miller, accusé d’avoir abusé de nombreuses femmes après les avoir placées sous hypnose. Il prétend n’avoir pas pris conscience que son pouvoir et sa célébrité induisait des relations dissymétriques susceptibles d’influer sur la liberté du consentement.
La notion de consentement est elle-même à interroger car lorsqu’on n’est pas constitué, trop jeune ou inexpérimenté, on peut consentir à son propre abaissement, à sa propre dépossession, sauf qu’on est loin d’une décision éclairée, d’un choix conscient. Le consentement n’est pas toujours une liberté, cela peut être le résultat d’une emprise. C’est là que les parents ont un rôle à jouer. Un jeune de 14 ans n’est pas libre de consentir dans un cadre sexuel car il ne sait pas à quoi il consent : c’est le rôle des parents que de lui rappeler qu’il n’est pas à l’âge de faire ce type de choix et d’assumer de le frustrer.
À titre personnel, on peut comprendre qu’il soit extrêmement violent pour Judith Godrèche de réaliser la sordide histoire d’abus dont elle a été victime, alors qu’elle avait cru vivre une histoire d’amour qui la rendait particulière. Devoir prendre conscience dans le même temps que les abus ont été rendus possibles car ses parents s’en sont rendus complices en ne jouant pas leur rôle, quelles que puissent être leurs raisons, est un déchirement sans doute impossible à intégrer. Pour autant, accuser « le patriarcat » ne doit pas servir d’échappatoire au réel et d’excuse face aux responsabilités individuelles.
Cela étant, parents comme enfants peuvent aussi être victimes de leur époque. Au moment où l’histoire de Judith Godrèche se déroulait, il s’agissait d’un temps marqué par l’insouciance : on croyait que les enfants devaient être libres de leurs choix et qu’après tout, la sexualité était une ode à la vie, on en évacuait les questions de domination et d’appropriation qu’elle contient également. Difficile pour les parents de poser des limites si la société décrète que s’opposer aux desiderata d’un enfant est une violence et une atteinte à sa liberté.
Autre facteur : nous sommes dans une période où toutes les valeurs deviennent troubles et où cohabitent sur le même sol des traditions opposées. En Occident, être un homme se définit avant tout par le contrôle de soi, la capacité à s’empêcher et la contention de la violence. Mais dans certaines traditions orientales, la figure de l’homme accompli est souvent celle du caïd. Dans le premier cas, on devient un homme en assumant ses devoirs, en se pliant à la loi commune. Dans le second, être puissant signifie l’impunité à commettre des abus, le fait d’échapper à la loi commune. Dans le second cas, la puissance s’exprime par la capacité à rabaisser l’autre. Dans les sociétés orientales, demander le respect, ce n’est pas réclamer l’égalité mais imposer la soumission.
Le respect dans les sociétés occidentales est une reconnaissance d’égalité, la capacité à se regarder l’un l’autre dans les yeux. Dans d’autres sociétés, c’est la capacité à faire baisser les yeux d’autrui qui détermine le degré de respect que vous méritez. Le respect, c’est la reconnaissance que vous accorde un inférieur qui reconnait son positionnement subalterne. Cela a des conséquences dans les rapports hommes-femmes. Dans le premier cas, la femme est l’égale de l’homme et les abus qui lui sont faits doivent être condamnés. Dans le second cas, la femme n’est pas l’égale de l’homme, mais sa propriété. Le mariage n’est pas une alliance entre égaux mais l’acquisition d’un bien féminin destiné à la procréation. Et là, on est bien dans une société patriarcale. La société patriarcale est celle où l’individu n’est rien, il n’existe que par son appartenance à une famille, un clan et par sa capacité à en être le reflet et le produit. L’individualité est une déviance qui doit être écrasée.
Cela impacte la figure du père et le rôle des parents. Dans le monde occidental, la répartition traditionnelle des rôles vise à permettre l’émancipation de l’enfant, l’exercice de sa liberté individuelle et des responsabilités qui y sont liés. La mère incarne souvent l’aile sous laquelle on vient se reposer et se réfugier, le nid en quelque sorte. Tandis que le père est celui qui vous pousse vers l’extérieur, vous encourageant à affronter le monde en tant qu’adulte. Dans les civilisations orientales où les relations sociales sont plus tribales et claniques, l’individu n’existe pas : il n’est qu’un élément du clan. À ce titre, le patriarche n’a pas à émanciper qui que ce soit. Au contraire, son pouvoir dépend de sa capacité à castrer les autres mâles de la lignée.
Dans le même temps, la qualité de l’homme est indexée sur une affirmation viriliste où il doit exhiber sa domination et sa force. Dans le cadre de ces injonctions contradictoires qui rendent fous, la variable d’ajustement qui permet d’exercer une domination et de s’ériger soi-même en possesseur est la femme. Ces logiques qui s’expriment de plus en plus dans notre espace public et dans le champ politique ont un impact sur la condition des femmes, la place des sexes, l’éducation des enfants. Le fait qu’un signe sexiste et humiliant pour la femme comme le voile soit autorisé fragilise les droits des femmes et l’affirmation de principes contraires aux bases de notre société : l’égalité et la liberté. Ce double standard a fragilisé la transmission et aujourd’hui nombre de jeunes pensent lutter contre le racisme en promouvant le sexisme et en piétinant la loi de 2004 qui interdit le voile à l’école.
Pour doter un adolescent des armes qui lui permettront d’être un adulte accompli, il faut aussi redonner du positif à la figure du père et accepter qu’être limitant ne soit pas assimilé à être castrateur. Le problème du mantra du « patriarcat » accusé de tous les mots, c’est qu’il rend négatif la figure de l’homme et de père. Or, dans un cas comme celui de Judith Godrèche, le père aurait dû faire barrage tant aux désirs de sa fille qu’à celui du prédateur. Il était légitime pour le faire eu égard à l’âge de la jeune fille. Exercer son autorité à bon escient ne signifie pas faire preuve d’emprise et abuser de son pouvoir. D’autant que le rôle protecteur du père est limité dans le temps. Il doit juste s’assurer que l’enfant est suffisamment mûr, non pour éviter les erreurs, mais pour résister à leurs conséquences.
Judith Godrèche a demandé aux sénateurs la mise en place d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma. Jugez-vous cette initiative opportune ?
Je suis d’avis que l’établissement d’une commission d’enquête au sein du Sénat sur ces questions peut se justifier. En revanche, il revient aux sénateurs d’évaluer la pertinence de cette démarche. Si, dans l’industrie cinématographique, nous constatons un nombre disproportionné d’abus, cela suggère qu’il existe une organisation favorisant ces dérives. Auquel cas l’intervention se justifie tout à fait. Par conséquent, enquêter sur les méthodes de travail dans le cinéma pour déterminer si des pratiques risquent de mettre en danger les mineurs pourrait être justifié. Réfléchir à des mesures visant à les protéger dans ce contexte ne serait certainement pas superflu.
En revanche, un deuxième problème concerne la perpétuation de la mythologie autour du cinéma, comme le montre bien le film Babylon, sorti en salles en 2022. Ce film dépeint un univers de débauche où la transgression est la norme et où les fêtes se transforment en orgies. Il est légitime de se demander si nous ne sommes pas très hypocrites face à toutes ces questions. En effet, le cinéma est souvent associé à l’excès et au désir. Le cinéma hollywoodien, notamment, véhicule un imaginaire souvent superficiel et pulsionnel centré sur le sexe et l’apparence, un imaginaire qui fonctionne sur nous et dans lequel le désordre des sens révèle toute sa capacité de fascination. Dans cet univers, la raison et la tempérance sont surtout facteur d’ennui. La fascination des professionnels souhaitant rejoindre ce monde-là prend peut-être sa source dans le désir de création artistique, mais aussi dans l’attrait pour la transgression. Jusqu’à quel point feignons-nous de croire que nos désirs sont aussi purs qu’ils ne le sont réellement ?
Les usines à rêves se nourrissent parfois de nos cauchemars les plus sombres et de nos fantasmes les plus débridés. Et gare à qui se laisse happer par cette illusion. J’espère que le milieu du cinéma n’en fait pas des tonnes sur ces questions afin que l’indignation mise en scène remplace l’action réelle. Je me demande parfois si la mise en place d’une commission d’enquête n’est pas plus destinée à faire croire que les acteurs du secteur sont déterminés à agir, alors même que peu de changements concrets sont susceptibles de voir le jour à l’issue. Il se peut que cette industrie, en partie alimentée par ses propres excès, résiste à toute tentative d’assainissement.
Toutefois, en ce qui concerne les enfants et adolescents, il est impératif de ne pas les exposer à cet environnement sans protection adéquate. Sur ce point, je suis d’accord avec Madame Godrèche. Certaines de ses propositions, notamment l’idée que les jeunes filles ou jeunes garçons mineures au cinéma aient un représentant indépendant de la production pour les soutenir, porter leur voix et poser des limites, sont pertinentes.
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