Shanghai est entrée dans sa septième semaine de confinement, et les mesures ne font que durcir, les fonctionnaires étant pressés d’éliminer toute infection de Covid-19 parmi la population, conformément à la politique zéro Covid du régime. Tout ceci laisse des millions de personnes dans une situation désespérée, avec des perspectives sombres.
Dans certains quartiers, un cas positif dans l’immeuble résulte sur la mise en quarantaine de tous les résidents du bâtiment, qui sont expédiés de force dans des installations de quarantaine. Les personnes infectées doivent remettre leurs clés pour que les agents de santé puissent désinfecter leurs maisons.
Certains habitants de Shanghai ont signalé que leur quartier avait proclamé une « période d’abstention », au cours de laquelle personne n’est autorisé à quitter son domicile et les livraisons sont interrompues, mais il n’y a eu aucune annonce officielle.
Ces décisions strictes ont porté un nouveau coup sur les 26 millions d’habitants qui comptaient sur les livraisons pour obtenir de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
Le renforcement des restrictions est intervenu après que le chef du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, a abordé pour la première fois l’épidémie de Shanghai. Selon la chaîne publique CCTV, s’exprimant lors de la réunion du Comité permanent du Politburo, composé de sept membres, le 5 mai, Xi Jinping a promis de remporter ce qu’il a appelé une « bataille pour la défense du grand Shanghai », tout en lançant des avertissements à quiconque remettrait en question la politique zéro Covid.
Après la réunion à Pékin, le chef du Parti de Shanghai, Li Qiang, a ordonné le 6 mai aux responsables de « donner des ordres militaires à tous les niveaux et de prendre des mesures plus résolues et plus fortes pour surmonter la grande guerre et les grandes épreuves », selon un communiqué officiel.
« Une personne testée positive et tout le bâtiment est mis en quarantaine »
Selon les témoignages en ligne, les habitants sont envoyés dans des installations de quarantaine centralisées si une personne dans le bâtiment est testée positive. Au cours du week-end, de nombreuses internautes ont partagé sur Weibo, le Twitter chinois, comment ils ont été emmenés de force pour être placés en quarantaine. Le 10 mai, le hashtag « une personne testée positive et tout le bâtiment est mis en quarantaine » a recueilli 1 million de vues.
Interrogés lors d’une conférence de presse le même jour, les responsables de la ville ont déclaré que le terme de contact étroit dans un immeuble fermé inclut les habitants vivant au-dessus ou au-dessous de l’étage où une personne a été testée positive. Auparavant, seuls ceux qui partageaient l’appartement ou vivaient au même étage que les cas positifs étaient considérés comme des contacts proches. L’élargissement des critères implique un risque plus grand d’être envoyées dans un centre de quarantaine. Pourtant, les responsables ont appelé à éviter une approche « uniformisée ».
Dans une vidéo largement partagée, on voit des policiers en combinaison de protection en train d’informer des habitants de leur mise en quarantaine car un de leur voisin a été testé positif.
« C’est pour que nous puissions éliminer complètement tous les cas positifs », déclare un des policiers.
« On ne peut pas faire ce qu’on veut – sauf si on est en Amérique. Ici, c’est la Chine », rebondit un autre. « Arrêtez de me demander pourquoi. Il n’y a pas de pourquoi. Nous devons nous conformer aux directives nationales et aux politiques de contrôle des épidémies. »
Dans une autre vidéo virale sur Douyin, la version chinoise de Tiktok, on peut entendre les agents de quartier tout vêtus de combinaisons crier en patrouillant dans une rue vide : « Habitants ! Ne sortez pas. Si une seule personne devient positive, tout le bâtiment sera emmené. »
Epoch Times n’a pas pu vérifier l’authenticité des vidéos.
« Période d’abstention »
Plusieurs communautés résidentielles ont ordonné aux gens de ne pas quitter leur domicile ou de ne pas recevoir de livraisons, dans le cadre d’une « période d’abstention ».
Une communauté résidentielle dans le district de Pudong à Shanghai a ordonné aux gens de ne plus sortir de chez eux ni de recevoir les livraisons essentielles telles que la nourriture ou les médicaments, selon un habitant pour Epoch Times.
Les gens ont été priés d’annuler les commandes de nourriture qui devaient être livrée avant le 10 mai, selon une déclaration publiée par la collectivité du quartier de Laoshan Sancun. Epoch Times n’a pas pu joindre la collectivité malgré des appels répétés.
Selon un autre habitant de Pudong, M. Hu, s’exprimant pour Epoch Times le 9 mai, d’autres comités de quartier ont émis des ordres similaires. Les habitants du quartier de M. Hu auraient dû retrouver leur liberté à partie du 11 mai si aucune nouvelle infection n’était enregistrée pendant deux semaines. Mais la « période d’abstention » signifie qu’ils seront encore confinés chez eux pendant encore trois ou quatre jours, a-t-il dit.
Ce week-end, les habitants d’au moins quatre des seize districts de Shanghai ont reçu des avis similaires. Beaucoup d’entre eux étaient auparavant autorisés à se promener à l’intérieur de leur complexe résidentiel, selon Reuters.
« Aucun espoir »
Le responsable de la ville de Shanghai, Jin Chen, a confirmé lors d’une conférence de presse le 10 mai que les agents de santé devaient désinfecter les maisons des personnes dont le test était positif. Le fonctionnaire a rappelé aux habitants qu’ils devaient informer les agents de santé des objets nécessitant une protection particulière.
Les inquiétudes se sont accrues après l’apparition sur les médias sociaux d’enregistrements montrant des employés de quartier à Shanghai exigeant que les habitants remettent les clés de leur maison pour permettre aux agents de santé de la désinfecter.
Un habitant nommé M. Chen a expliqué à Epoch Times que les habitants de la ville de Beicai ont été priés de remettre leurs clés au moment d’être envoyés en quarantaine.
Selon lui, les agents de santé sont ensuite entrés et ont pulvérisé du désinfectant sur le sol, les meubles et les lits, et ils ont jeté tous les aliments froids et congelés sur le sol pour désinfecter le réfrigérateur.
« Les gens sont furieux quand ils rentrent chez eux après deux semaines de quarantaine : La nourriture est moisie et sent mauvais (…) et il y a des mouches partout », a-t-il dit.
Ces mesures extrêmes attisent la colère et soulèvent des questions quant à leur légalité.
Le professeur Tong Zhiwei, qui enseigne le droit à l’Université de sciences politiques et de droit de l’Est de la Chine, a écrit dans un essai largement diffusé sur Weibo le 7 mai que de tels actes étaient illégaux et devaient cesser.
« Aucune organisation à Shanghai n’a le droit d’exiger par la force que les habitants remettent les clés, [ni n’a le droit] d’entrer dans leur maison pour une ‘désinfection’ », a écrit le Pr Tong. « Toute pratique consistant à utiliser des moyens coercitifs pour forcer les habitants à être envoyés dans des centres pour être isolés est illégale. »
Liu Dali, avocat pour ‘un des plus grands cabinets d’avocats de Chine, a écrit une lettre similaire aux autorités.
Les copies de ces deux lettres ont été censurées sur la Toile chinoise. Les messages du compte Weibo du Pr Tong ont été bloqués à partir du 8 mai.
Les autorités cherchent à étouffer la transmission du variant Omicron, qui se propage rapidement, et certains n’ont aucun espoir d’être libérés de sitôt. Le 9 mai, Shanghai a officiellement enregistré 3 014 cas, contre 3 947 le jour précédent, mais on ne peut se fier aux chiffres du régime.
Le 10 mai, les deux dernières lignes de métro ont suspendu leur fonctionnement, selon le journal en ligne The Paper.
Un habitant de Pudong, M. Wang, a déclaré qu’il y avait toujours un ou deux cas positifs après les tests obligatoires effectués sur tous les habitants des 33 immeubles de son quartier.
« Tous les habitants se plaignent. Il semble qu’il n’y ait aucun espoir d’assouplir les restrictions. On pourrait rester enfermés jusqu’au dernier jour de l’année », a déclaré M. Wang à Epoch Times le 9 mai. « Les gens sont désespérés. »
« C’est comme une prison », a déclaré Coco Wang, un habitant de Shanghai vivant sous les nouvelles restrictions. « Nous n’avons pas peur du virus. Nous avons peur de cette politique. »
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