Des conditions météorologiques extrêmes ont frappé plusieurs régions de Chine. Des vagues de chaleur et une grave sécheresse ont dévasté l’agriculture dans le Nord, tandis que des pluies torrentielles ont inondé le Sud. Les mesures prises par le gouvernement, notamment les pluies artificielles et la vidange précoce des barrages, ont exacerbé l’impact des intempéries, selon les agriculteurs et l’analyse des experts.
Le 12 juin, le ministère chinois des ressources en eau a émis une intervention d’urgence de niveau IV pour la sécheresse persistante dans huit provinces du Nord. Les agriculteurs des provinces côtières du Nord-Est ont signalé que les pluies ont été rares ce printemps.
« Nous ne pouvons irriguer qu’avec de l’eau de puits », confie M. Chen, originaire de Linyi, dans le Shandong, souhaitant être nommé uniquement par son nom de famille. « Les agriculteurs locaux ont eu recours au creusement de puits et à la recherche d’eau dans la rivière, mais cette solution n’a guère apporté de soulagement en raison du temps exceptionnellement sec », explique-t-il à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times.
« Le rendement du blé a diminué de moitié en raison de la sécheresse. D’autres cultures, comme le maïs, les pêches, les cacahuètes, les patates douces, ont été affectées, et le tabac a été complètement ruiné par la sécheresse », ajoute-t-il.
Un habitant de Xixian, dans le Henan, prénommé Xu, rappelle à Epoch Times que c’est actuellement la saison de plantation du riz, mais que le principal bassin d’irrigation de son village est asséché. La Chine est le premier producteur mondial de riz et de nombreuses régions du Nord-Est de la Chine sont d’importantes bases céréalières pour le pays.
Des interventions météorologiques inefficaces
Wang Weiluo, ingénieur et géographe ayant enseigné à l’université de Nanjing et à l’université de technologie de Dortmund, fait observer que les phénomènes météorologiques extrêmes sont devenus de plus en plus fréquents en Chine au cours des dernières décennies. Toutefois, les tentatives du régime communiste pour lutter contre la nature ont été vaines, selon lui.
M. Wang précise que la Chine, située dans une zone climatique de mousson subtropicale, connaît une répartition inégale des précipitations. Par conséquent, toutes les régions ne bénéficient pas de conditions météorologiques favorables chaque année. Au cours des dernières décennies, le régime s’est principalement appuyé sur les réservoirs pour l’approvisionnement en eau. Cependant, les considérations politiques conduisent souvent à des décisions qui ont de mauvais résultats.
« Pour éviter d’avoir à rendre des comptes sur d’éventuelles ruptures de barrages pendant la saison des inondations, les gestionnaires de réservoirs libèrent souvent de l’eau avant le début de la saison des inondations en juin », explique M. Wang. « Par conséquent, il n’y a plus d’eau dans les réservoirs lorsque l’on en a besoin. »
Il ajoute que c’est ce qui se passe chaque année. Certaines années, cela fonctionne, mais la nature ne coopère pas toujours. « Certaines années, il pleut plus, d’autres moins. La science actuelle ne peut pas prédire avec précision les schémas météorologiques à long terme », ajoute-t-il, en précisant que « l’humanité doit respecter la nature, sinon les conditions météorologiques extrêmes deviendront la norme ».
Mesures localisées et épuisement des eaux souterraines
Dans le cadre de l’intervention d’urgence de niveau IV pour la prévention de la sécheresse, les autorités chinoises ont décrété des mesures localisées, notamment des transferts d’eau d’urgence et le forage de puits, afin de sécuriser les approvisionnements en irrigation et de garantir une eau potable aux populations touchées.
Un agriculteur de la province orientale de Shandong, prénommé Li, révèle que les agriculteurs locaux sont passés de la culture des céréales à la culture sous serre en raison du manque de profit de la culture des céréales. Des dizaines d’agriculteurs mettent en commun des fonds pour forer des puits d’eau pouvant atteindre 180 mètres de profondeur. « Auparavant, la profondeur était de 150 mètres, et aujourd’hui, même le petit puits de mon jardin a une profondeur de près de 40 mètres », confie-t-il.
Selon M. Wang, l’abondance historique des eaux souterraines en Chine a souffert des politiques de production céréalière à grande échelle. L’extraction intensive dans les bassins des rivières Hai (dans le Nord de la Chine) et Huai (dans le Centre-Est de la Chine) au cours des années 1980 et 1990 a épuisé les réserves peu profondes, incitant à des forages plus profonds qui ont rapidement abaissé le niveau des eaux souterraines et déclenché l’affaissement des sols. Les efforts récents pour reconstituer les eaux souterraines ont apporté un certain soulagement, mais ils ont aussi involontairement contribué à la pollution des eaux souterraines.
« Dans le passé, des régions comme la plaine de Chine du Nord et la plaine du Yangtze-Huai, en particulier la plaine de la rivière Huai, bénéficiaient de niveaux élevés d’eaux souterraines », remarque M. Wang. « Des villes comme Jinan étaient réputées pour l’abondance de leurs sources, et chaque foyer avait accès à des puits. Aujourd’hui, ce paysage a radicalement changé. »
En outre, poursuit-il : « Dans des régions telles que Shouguang, dans le Shandong, réputées pour la culture de légumes sous serre, le niveau des eaux souterraines s’est effondré, passant en dessous de 100 mètres en raison d’un pompage agricole intensif. » Selon lui, la baisse du niveau des nappes phréatiques est un problème courant en Chine.
M. Wang blâme également le manque d’innovation. La Chine doit faire face à des besoins en eau considérables pour l’agriculture, avec une moyenne de 400 à 600 m2 par mu (environ 647,5 m2) de terre agricole. « Mais ces techniques d’irrigation par inondation restent obsolètes, proches de celles du XIXe siècle », déplore-t-il.
Selon un rapport publié en 2022 par des scientifiques de Pékin, la Chine prélève chaque année plus de 100 milliards de m3 d’eau souterraine, soit plus de 10 % du total mondial, ce qui fait d’elle l’un des principaux pays dont les ressources en eau souterraine s’épuisent.
Pluie artificielle
En réponse à la chaleur et à la sécheresse persistantes, des opérations de pluie artificielle ont été lancées à Shandong, Henan et dans d’autres régions de Chine.
Le 12 juin, des grêlons inattendus de la taille d’un œuf de caille ont dévasté les vergers de pêchers locaux qui souffraient déjà d’une grave sécheresse dans le comté de Mengyin, dans le Shandong. Comme l’ont rapporté les médias chinois, certains arboriculteurs ont subi des pertes de plus de 200.000 yuans (25.750 euros) en l’espace de quelques minutes.
M. Chen fait remarquer à Epoch Times que la culture des pêches est très répandue à Mengyin, et que le 12 juin, il y a eu environ 3 cm de précipitations suivies de grêle. « Le gouvernement a déployé des efforts pour faire tomber la pluie à l’aide de canons, mais les résultats, loin d’être efficaces, ont provoqué des chutes de grêle qui ont endommagé les pêches », ajoute-t-il.
Le directeur de l’observatoire météorologique de Linyi a dissipé les spéculations, affirmant que deux séries d’opérations artificielles de suppression de la grêle et de renforcement de la pluie ont été menées en réponse à un temps convectif sévère. Les médias d’État chinois ont publié des rapports indiquant que les efforts déployés ont permis d’atténuer les conditions de sécheresse et de réduire les dégâts causés par la grêle.
Manipulation artificielle du temps
Selon M. Wang, il s’agit là d’un jeu typique du Parti communiste chinois (PCC) : « Le PCC se présente souvent comme le sauveur des catastrophes naturelles. Son recours à des interventions artificielles peut parfois se retourner contre lui, entraînant des pluies diluviennes ou, dans le cas présent, des tempêtes de grêle, ou ne pas produire du tout l’effet escompté. »
Il précise que l’efficacité de la manipulation artificielle des conditions météorologiques varie. Les échecs, comme celui de Shenyang il y a quelques années, où la pluie artificielle a provoqué de graves inondations, soulignent les risques de cette approche. « La précision dans l’exécution est cruciale, car des mesures inappropriées peuvent exacerber plutôt qu’atténuer les défis liés aux conditions météorologiques. »
Le 6 août 2018, Shenyang a connu des pluies torrentielles qui ont entraîné des inondations généralisées. En l’espace de douze heures, les médias locaux ont rapporté que plus de 2000 véhicules ont été submergés dans la ville. De nombreux habitants ont découvert à leur réveil que leur véhicule était sous l’eau. La frustration monte chez les habitants qui pensent que le déploiement de cent obus pluviométriques est à l’origine de l’averse incessante. Face au tollé général, les autorités ont nié tout lien entre les obus tirés et l’intensité des précipitations.
Selon les médias d’État chinois, les scientifiques du PCC explorent fréquemment les technologies de modification du climat pour provoquer artificiellement la pluie dans les régions touchées par la sécheresse. L’une de ces techniques consiste à tirer des obus contenant des substances chimiques induisant la pluie — comme des particules d’iodure d’argent — dans les nuages qui s’amoncellent, afin de provoquer des précipitations sous forme de pluie ou de neige au-dessus de la ville.
M. Wang conclut que le PCC pense pouvoir conquérir la nature en provoquant des pluies artificielles ou en empêchant la pluie de tomber. Cependant, la Chine continue d’être victime de graves sécheresses dans le Nord et d’inondations catastrophiques dans le Sud malgré la manipulation des conditions météorologiques.
« Les humains possèdent-ils vraiment de telles capacités » ? s’interroge M. Wang.
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