Une petite Syrienne de neuf ans, Cham, secourue après être restée coincée pendant quarante heures sous les décombres après le séisme et dont la vidéo du sauvetage était devenue virale, risque d’être amputée des jambes.
Comme beaucoup de survivants du séisme du 6 février qui a fait plus de 45.000 morts en Syrie et en Turquie, Cham al-Cheikh Mohammad souffre d’une rhabdomyolyse traumatique, ou « syndrome des ensevelis ».
Potentiellement mortel, ce syndrome peut aboutir à l’amputation d’un membre, endommager les reins ou provoquer des complications cardiaques.
La petite fille avait été ensevelie sous les décombres de sa maison, à Armanaz, dans le nord-ouest de la Syrie. Les secouristes l’avaient repérée mais il a fallu six heures pour l’extraire des ruines.
Elle fredonne une chanson avec les secouristes
Dans la vidéo mise en ligne par les Casques blancs, les secouristes qui œuvrent dans les zones rebelles en Syrie, on les entend plaisanter avec la fillette pour lui donner du courage.
Elle fredonne avec eux une chanson dédiée à la capitale syrienne, Damas (Cham en arabe), dont elle porte le nom, ou leur demande de l’eau.
La mère et la sœur de Cham sont mortes dans l’effondrement de leur immeuble dans la province rebelle d’Idleb.
Cham, son père et ses deux frères ont survécu. La famille s’était installée à Armanaz après avoir fui il y a trois ans le régime syrien et les bombardements russes dans le sud de la province d’Idleb.
« Aidez-moi »
« Elle risque d’être amputée des jambes », après avoir été coincée sous des dalles de béton pendant 40 heures, déclare à l’AFP Tarek Moustafa, un orthopédiste d’un hôpital d’Idleb.
« Aidez-moi », implore Cham, allongée sur son lit d’hôpital, une poupée à ses côtés.
L’opération d’amputation a été reportée, mais elle est toujours en convalescence dans un hôpital d’Idleb, explique le médecin, qui travaille dans un hôpital géré par la Société médicale syrienne américaine (SAMS).
Au moins 100 patients atteints, comme elle, du syndrome des ensevelis
« Cham fait partie des nombreux patients atteints du syndrome qui ont afflué dans les hôpitaux de la région », selon le médecin.
Le département de la Santé de la ville d’Idleb, tenue par les rebelles et les jihadistes, a recensé au moins 100 patients atteints du syndrome des ensevelis dans la région, dont beaucoup souffrent d’une insuffisance rénale.
La plupart sont des enfants traumatisés par le drame, qui a laissé certains d’entre eux orphelins.
Leurs membres ont été compressés pendant plus de 12 heures, ce qui a bloqué la circulation sanguine.
« Le sourire de la mort »
Souvent, le patient se plaint seulement de douleurs aux membres, ignorant qu’il risque de développer par la suite des problèmes cardiaques et rénaux potentiellement létaux.
« C’est ce que nous appelons le sourire de la mort », explique M. Moustafa.
Lorsque les Casques blancs ont appris que Cham pourrait être amputée, ils ont appelé sur les réseaux sociaux à prier pour elle ainsi que pour toutes les autres personnes touchées par ce syndrome.
Mohamed Nasreddine, le secouriste qui propose dans la vidéo à Cham de chanter pour lui donner du courage pendant la longue opération de sauvetage, raconte à l’AFP comment « la voir parler sous les décombres nous a galvanisés ».
« Notre joie était indescriptible quand elle est sortie », se souvient-il.
« Je veux être une princesse »
Dans la séquence vidéo, un autre secouriste, Ziad Hamdi, promet à Cham de l’emmener au parc d’attractions si elle tient bon pendant le sauvetage.
« Dans ce cas, je porterai de beaux vêtements, je veux être une princesse », répond joyeusement la petite fille.
« Je ne m’attendais pas à une telle réponse » de la part d’une enfant qui se bat pour survivre, avoue M. Hamdi.
« Le toit était tombé sur ses jambes, quand je me suis employé à extirper ses jambes, j’ai eu les larmes aux yeux », poursuit-il. « Elle m’a rappelé ma fille de cinq ans. »
« Je lui ai promis de l’emmener au parc d’attractions et je tiendrai ma promesse », assure le sauveteur.
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