Ainsi que le révèle Médiapart, ce vendredi 8 avril, les équipes de campagne d’Emmanuel Macron ont envoyé aux directeurs d’école un e-mail les appelant à voter pour le président-candidat. Plutôt que de saluer cette initiative, nombre d’entre eux ont crié au scandale.
Non, il ne s’agissait pas d’un message du rectorat mais d’un e-mail envoyé par les équipes de campagne du président de la république lui-même. Quelle ne fût pas la surprise de ces chefs d’établissement de recevoir, ce vendredi 8 avril, un e-mail sur leurs adresses professionnelles, les invitant à voter pour le président sortant, et qui plus est, à transmettre ce message à leurs collègues.
Se présentant comme « petit-fils d’une enseignante à qui il doit tant » et « époux d’enseignante », le chef de l’État entend s’engager à ce que tous les enseignants soient « mieux reconnus, mieux rémunérés », et qu’ils aient « plus de libertés », indique le message. « Malgré le système qui ne veut pas changer », Emmanuel Macron affirme vouloir « relever tous les défis et passe dès aujourd’hui un pacte » avec les chefs d’établissement, ainsi qu’il le mentionne encore. « Rien n’est impossible, vous le savez mieux que personne vous qui du jour au lendemain pendant le premier confinement avez dû tout réinventer », est-il également indiqué.
Emmanuel Macron tente « de récupérer les enseignants […] qu’il a tant méprisés »
Cet e-mail a suscité de nombreuses réactions d’indignation et de colère de la part de nombre de ses destinataires, d’autant plus que le corps enseignant a été en désaccord avec le gouvernement sur plusieurs points tout au long de ce quinquennat, notamment dans la gestion de la crise sanitaire.
Certains ont trouvé cette méthode « inadmissible », d’autre « scandaleuse ». « Outre le fait que le contenu n’a pas de sens pour les écoles, qu’en pense l’académie de Paris ? » a interrogé sur Twitter la section parisienne du Syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles (SNUipp-FSU). Celle-ci considère que par ce procédé, Emmanuel Macron tente « de récupérer les enseignants en envoyant un mail de propagande aux directeurs qu’il a tant méprisés ».
Florian Philippot a aussi manifesté son opposition et a tweeté ce 9 avril : « Dernière action illégale des macronistes juste avant la fin de la campagne : spammer massivement les directeurs d’école pour le compte du candidat Macron, sur leur boîte mail professionnelle ! »
« Tout est bien conforme aux règles juridiques en vigueur », selon l’équipe du président sortant
L’envoi en grand nombre de ces emails à travers l’Hexagone a été possible via « des bases de données de l’entreprise spécialisée EMB, qui travaille avec plusieurs entreprises du CAC 40 (Renault, PSA, Orange) », détaille Médiapart. Dans un tel procédé, la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) « recommande » aux candidats de s’assurer que les destinataires du message « aient au préalable consenti de manière spécifique à la possible utilisation de leurs données à des fins de communication politique », rapporte encore le journal d’investigation.
De son côté, l’équipe de campagne du président candidat souligne au média avoir fait appel à un sous-traitant pour obtenir des adresses ciblées. Elle certifie par ailleurs que « tout est bien conforme aux règles juridiques en vigueur (Cnil, RGPD) ».
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