Le gouvernement chinois a récemment déclaré qu’il suspendrait pendant un an toutes les importations de charbon venant de la Corée du Nord. Selon les observateurs, cette décision se fonderait sur plusieurs considérations, notamment les relations entre les États-Unis et la Chine, entre la Chine et la Corée du Nord, ainsi que de la lutte des factions au sein du régime chinois.
Le 18 février dernier, le ministère du Commerce chinois a annoncé dans une courte déclaration qu’à partir du 19 février le pays cesserait d’importer tout charbon nord-coréen jusqu’à la fin de 2017. La suspension des importations du charbon sera effectuée conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, qui cible le commerce extérieur de la Corée du Nord, afin de freiner son programme de développement nucléaire et de missiles balistiques.
La décision du gouvernement chinois a été précédée par un test nord-coréen de missiles balistiques de portée intermédiaire le 12 février dernier, ainsi que par l’assassinat, le 13 février, dans un aéroport en Malaisie, de Kim Jong-nam, le demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
La Corée du Nord sera probablement fortement affectée par la décision chinoise, au moins à première vue. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, le charbon représente jusqu’à 40 % de ses exportations vers la Chine.
Toutefois, si on examine cette décision de plus près, elle peut, dans les faits, être moins conséquente qu’il n’y paraît. Stephan Haggard, expert associé à Peterson Institute for International Economics à Washington, a déclaré, dans un blog, que la réglementation de l’ONU mise en avant par le gouvernement chinois imposait une « limitation complexe » au commerce du charbon avec la Corée du Nord, qui « permettrait à la Chine de poursuivre ce commerce » plutôt que d’imposer une « interdiction complète ».
Haggard estime, puisqu’il est clair que cette « interdiction complète » ne vise pas à « mettre fin au régime nord-coréen », que les sanctions imposées par la Chine sont en réalité destinées à pousser Washington à négocier avec la Corée du Nord, par voie directe ou multilatérale, une réduction de son programme nucléaire.
Le président Trump déclarait en janvier pour la Fox News que la République populaire de Chine exerçait le « contrôle total » sur la Corée du Nord et devait à ce titre rappeler à l’ordre son voisin communiste, sinon les États-Unis « rendraient le commerce très difficile pour la Chine ». L’administration Trump n’a pas encore commenté la suspension chinoise des importations du charbon nord-coréen.
Chen Pokong, un observateur de la situation actuelle en Chine et auteur d’ouvrages sur sa culture politique, estime que la décision chinoise était plutôt liée au récent assassinat de Kim Jong-nam qu’aux relations sino-américaines.
« Pékin est contrarié et embarrassé par l’assassinat de Kim Jong-un de son frère », écrit-il dans un courriel.
Li Tianxiao, commentateur politique principal de la chaîne New Tang Dynasty Television (NTD), partenaire d’Epoch Times, croit que la suspension des importations du charbon nord-coréen permet au dirigeant chinois Xi Jinping d’établir de meilleures relations avec l’administration Trump avant de lier personnellement connaissance avec le président américain. Xi Jinping et Trump se sont entretenus par téléphone le 10 février et, selon l’agence de presse nationale Xinhua, prévoient de « se rencontrer prochainement ».
Li Tianxiao pense également que la suspension des importations est une forme de représailles contre la Corée du Nord pour ses tests de missiles balistiques du 12 février, ainsi que pour l’assassinat de Kim Jong-nam. Cet assassinat représente un défi direct à Xi Jinping, souligne-t-il.
« La sécurité de Kim Jong-nam était assurée par la Chine », explique-t-il, ajoutant que l’appareil de sécurité chinois était depuis des décennies « entre les mains de la faction de Jiang Zemin ».
Il y a des liens évidents, et bien documentés, entre les dictateurs nord-coréens et les affranchis de Jiang Zemin : Zhou Yongkang, l’ancien chef de la sécurité (limogé) avait rendu visite à l’État fermé de Kim Jong-un en 2010. Liu Yunshan, membre du tout puissant Comité permanent du Politburo, un autre allié de Jiang Zemin, avait visité Pyongyang en 2015.
Selon Li Tianxiao, les spéculations affirmant que la sécurité chinoise autour de Kim Jong-nam avait cessé juste avant son assassinat suggèrent également qu’un jeu ignoble pourrait se jouer dans les coulisses, résultant d’intérêts contradictoires. Il y a des liens de longue date entre les alliés de Jiang Zemin et le leadership nord-coréen et le meurtre du demi-frère du dictateur aurait servi à nuire à Xi Jinping et à limiter sa marge de manœuvre dans les relations avec la Corée du Nord.
Kim Jong-nam, le demi-frère du dictateur actuel, était considéré comme son remplaçant potentiel pro-chinois en cas d’effondrement du régime nord-coréen ; le mettre hors circuit permettait de réduire le pouvoir de négociation de Xi Jinping avec la Corée du Nord.
Cet assassinat survient également parallèlement à l’enquête très sensible menée sur Xiao Jianhua, le milliardaire en charge du blanchiment d’argent de très hauts responsables communistes chinois, principalement associés à Jiang Zemin.
Li Tianxiao précise : « La suspension par le régime chinois des importations de charbon nord-coréen est liée à la lutte politique des élites entre le camp de Xi Jinping et la faction de Jiang Zemin. »
Version anglaise : Why Is China Stopping All Coal Imports From North Korea ?
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.