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Christophe Girard visé par une enquête pour « viol » sur mineur

août 18, 2020 11:59, Last Updated: août 18, 2020 15:19
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Acculé à la démission en juillet pour ses liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff, l’ex-adjoint à la maire de Paris Christophe Girard est à son tour visé par une enquête pour viol, ouverte par le parquet au lendemain du témoignage d’un homme dans le New York Times sur des faits remontant aux années 90.

Dans un article publié dimanche, Aniss Hmaïd, 46 ans, a raconté au quotidien américain avoir rencontré M. Girard en Tunisie à l’été 1989, quand il avait 15 ans, et avoir ensuite été entraîné dans une relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé « des blessures psychologiques durables ».

L’ancien bras droit de la maire Anne Hidalgo, pilier depuis 20 ans de la municipalité jusqu’à cette démission retentissante sous la pression des écologistes et des féministes, avait dénoncé dès dimanche des allégations « graves » et « sans fondement », annonçant une plainte en dénonciation calomnieuse.

Des accusations qui méritent d’être vérifiées selon le procureur

De son côté, le procureur de Paris Rémy Heitz a estimé que ces accusations, racontées en détails, méritaient d’être vérifiées par la brigade de protection des mineurs. Il a annoncé mardi lui avoir confié une enquête pour examiner ces soupçons de « viol par personne ayant autorité ».

Selon M. Hmaïd, M. Girard l’a agressé sexuellement une première fois à 16 ans lors d’un voyage aux Etats-Unis et l’a contraint à des rapports sexuels une vingtaine de fois au cours des années suivantes, rapporte le New York Times.

En échange, M. Hmaïd assure que M. Girard l’employait parfois comme domestique dans sa résidence d’été dans le sud de la France et « lui obtenait des emplois temporaires au sein de la maison Yves Saint Laurent » dont il était l’un des principaux dirigeants avant d’entrer en politique.

Pour le procureur de Paris, les investigations devront déterminer, outre l’exactitude des accusations, si « la prescription de l’action publique est acquise » au vu de l’ancienneté des faits, a-t-il précisé dans un communiqué mardi.

Les agressions décrites par M. Hmaïd sur la période où il était mineur pourraient en effet être prescrits depuis son 38e anniversaire. Le délai de prescription, depuis une loi de 2018, a été porté à 30 ans après la majorité de la victime, mais la loi n’est pas rétroactive.

« Les faits dénoncés étant prescrits, la parole de l’accusateur, contre la parole de l’accusé, est laissée à l’appréciation du tribunal de l’opinion, où trop souvent une présomption de culpabilité en matière d’infractions sexuelles a pris le pas sur la présomption d’innocence », avait réagi dimanche l’avocate de M. Girard, Me Delphine Meillet. Elle n’était pas joignable dans l’immédiat.

« Nous demandons l’exemplarité (…) et nous souhaitons que Christophe Girard abandonne ses mandats pour se concentrer sur sa défense judiciaire », a réagi mardi auprès de l’AFP la porte-parole d’Osez le féminisme, Céline Piques, rappelant que M. Girard est toujours élu dans le XVIIIe arrondissement et siège au Conseil de Paris.

Pour cette porte-parole, « l’affaire Girard », jusqu’ici centrée sur sa proximité avec l’écrivain accusé de pédophilie Gabriel Matzneff, « change de tournure ».

« Nous ne sommes pas des ‘ayatollahs du féminisme’, on essaie simplement de dévoiler la stratégie des agresseurs (…): quelqu’un qui a du pouvoir et qui cible une personne vulnérable pour commettre des violences sexuelles et construire le silence ensuite autour de ces actes, du fait d’une position de pouvoir », a-t-elle ajouté.

« Il est temps que M. Girard lui même prenne ses responsabilités », a réagi auprès de l’AFP l’élue écologiste au conseil de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu, en pointe avec sa collègue Alice Coffin dans le conflit qui a divisé les socialistes et leur alliés en juillet.

« Il est important que la justice puisse examiner » ces faits « et que les politiques aient un peu de courage », a-t-elle ajouté, dénonçant le « silence » autour de cette affaire et réclamant une prise de parole d’Anne Hidalgo.

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