L’annonce du licenciement de l’universitaire Benny Tai, figure du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, suscitait mercredi émoi et colère dans l’ex-colonie britannique, les autorités étant accusées de renoncer aux libertés académiques sous la pression de Pékin.
Le professeur de droit de 56 ans a annoncé qu’il avait été limogé mardi par une commission disciplinaire de l’Université de Hong Kong (HKU), après avoir été incarcéré l’an passé pour son rôle dans le « Mouvement des parapluies ».
Cette mobilisation globalement pacifique avait paralysé en 2014 l’ex-colonie britannique pendant 79 jours et suscité l’ire de Pékin.
Il allait faire appel
Il a précisé mercredi sur Facebook qu’il allait faire appel, tout en en appelant à la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, qui est nommée par Pékin.
« Je sais que c’est un processus futile, mais Carrie Lam ne peut se dérober à ses responsabilités dans l’érosion des libertés académiques de Hong Kong », a déclaré M. Tai en accusant Pékin d’avoir influencé la décision de l’université.
M. Tai est une figure de proue du camp pro-démocratie, avocat inlassable de la non-violence. Il est souvent l’objet de violentes critiques des autorités chinoises.
Son licenciement suscite la consternation dans la ville
Le Bureau de liaison, qui représente le gouvernement chinois dans la région semi-autonome, a diffusé mardi soir un communiqué saluant son licenciement et le présentant comme une personne « maléfique ».
Son licenciement a suscité la consternation dans une ville qui a connu sept mois de contestation sans précédent de l’influence chinoise, et à laquelle Pékin vient d’imposer une nouvelle loi sur la sécurité nationale très controversée.
« Benny Tai est devenu un martyr de la désobéissance civile », affirmait Joseph Chan, un professeur de sciences politiques de la HKU sur sa page Facebook.
L’Université de Hong Kong a perdu sa réputation
« L’Université de Hong Kong a sacrifié sa réputation et ne pourra garder la tête haute au sein de la communauté universitaire mondiale », a-t-il ajouté en parlant d’une « énorme tache » dans l’histoire de l’université.
Sophie Richardson, spécialiste de la Chine au sein de l’organisation Human Rights Watch, a estimé que les universités du monde entier devaient désormais revoir leurs relations avec la HKU.
« Il est temps de prendre la parole face à ce scandale », a-t-elle dit à l’adresse des universités.
« Pékin s’en prend désormais aux libertés académiques de HK », a twitté de son côté Joshua Wong, figure du « Mouvement des Parapluies ».
Un porte-parole de la HKU a affirmé à l’AFP que celle-ci était « engagée dans la défense des libertés académiques ».
« L’Université respecte la liberté de ses membres quant à l’expression de leurs opinions, mais nous croyons que la liberté implique des responsabilités et doit s’exercer dans le cadre de la loi », a déclaré ce porte-parole dans un courriel.
Condamné en avril 2019 à 16 mois de détention
Benny Tai fut un des fondateurs en 2013 du mouvement « Occupy Central ». Il avait été condamné en avril 2019 à 16 mois de détention pour sa responsabilité dans le « Mouvement des parapluies » lors d’un procès qui avait vu le ministère public se servir d’un système de droit rarement utilisé et hérité de l’ère coloniale.
Plus récemment, il était un des organisateurs des primaires organisées dans l’optique des législatives de septembre par le camp pro-démocratie, auxquelles 600.000 Hongkongais avaient pris part.
Le Bureau de liaison avait jugé ces primaires illégales au regard de la nouvelle loi sur la sécurité et accusé « le gang de Benny Tai » qui les avait organisées de chercher à provoquer une « révolution ».
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