La santé publique, à niveau international, est un désastre. Autrefois considérée comme un bien commun, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’apparente aujourd’hui davantage à un système permettant d’extraire des profits privés des fonds publics. De riches entreprises dirigent un programme de « partenariat public-privé », les fondations de gens fortunés déterminent les priorités mondiales et le peuple se voit de plus en plus écarté des décisions concernant son propre bien-être.
Il fut un temps où les choses étaient différentes : la santé publique promouvait une véritable équité et décentralisation. Cependant, des décennies de remplacement naïf du contrôle public par de l’argent privé ont démantelé le modèle communautaire sur lequel des institutions telles que l’OMS étaient ostensiblement construites. Les politiques récentes ont favorisé l’appauvrissement et le contrôle centralisé, et l’OMS cherche aujourd’hui à renforcer son pouvoir en ce sens.
Si l’OMS reste principalement financée par des fonds publics, et s’il est judicieux d’éliminer les mauvaises idées, les solutions simplistes à des problèmes complexes sont rarement une bonne idée. Remplacer le préjudice net par un vide n’aidera pas les personnes qui ont besoin de substance. Les réactions impulsives peuvent satisfaire ceux qui ne sont pas affectés par les dommages collatéraux mais qui veulent que « quelque chose soit fait ». Nous devrions cependant faire mieux que cela. La santé publique, comme notre santé personnelle, doit rester une responsabilité qui nous incombe à tout un chacun.
Certains affirment que la « santé publique » est une fausse construction et que seule la santé personnelle compte vraiment. Ceux qui sont de cet avis devraient réfléchir à ce qu’ils feront lorsqu’une usine située en amont de leur rivière locale commencera à déverser du mercure ou du cyanure qui risquent de se retrouver dans leur eau potable. En l’absence de contrôle, ils ne le sauront que lorsque les gens autour d’eux tomberont malades ou mourront. S’ils se promènent en pleine nature, ils préfèrent probablement respirer l’air pur. Ces mesures exigent un effort communautaire considérable.
Nous vivons également beaucoup plus longtemps que nos ancêtres, principalement grâce à l’amélioration de l’assainissement, des conditions de vie et de la nutrition. Les antibiotiques jouent un rôle important et certains vaccins ont apporté une contribution tardive. Si certaines de ces améliorations se sont développées de manière organique, beaucoup ont nécessité une action communautaire, c’est-à-dire une action de santé publique. Si la route nous a menés dans la tourbière, il vaut mieux faire marche arrière et modifier son tracé plutôt que de la détruire complètement.
Qu’est-ce que la santé publique ?
L’OMS a été créée en 1946 pour aider à coordonner la santé publique internationale. Elle devait être sollicitée par les pays en cas de besoin. La mission de l’OMS consistait principalement à lutter contre les maladies à forte charge de morbidité, qui provoquent des affections et des décès qui peuvent être évités, lorsque les pays ne disposent pas des ressources ou de l’expertise technique nécessaires. Bien que les maladies non transmissibles telles que le diabète ou l’obésité — ou les cancers et les maladies dégénératives telles que la démence — soient les plus meurtrières, l’OMS a judicieusement donné la priorité aux conséquences inévitables qui résultent de la pauvreté ou de la géographie, principalement les maladies infectieuses, qui frappent les plus jeunes et raccourcissent ainsi beaucoup plus la durée de vie.
Les « années de vie perdues » sont un concept extrêmement important dans le domaine de la santé publique. Si nous croyons vraiment que l’équité est importante — une chance raisonnable pour tous d’avoir une durée de vie à peu près égale — il est logique de s’attaquer aux maladies qui font perdre le plus d’années de vie. La plupart des gens donneraient la priorité à un enfant de 5 ans atteint de pneumonie plutôt qu’à une personne de 85 ans mourant de démence, s’il fallait faire un choix. Les deux vies ont la même valeur, mais l’une a plus à perdre que l’autre. Les maladies pouvant être évitées, telles que la malaria, la tuberculose, le VIH/SIDA et les effets de la sous-nutrition, étaient la priorité de la communauté internationale de la santé.
Le Covid-19 est une anomalie manifeste. Il tue à un âge moyen supérieur à celui de la plupart des gens et touche principalement les personnes souffrant de maladies métaboliques graves ou de maladies liées au mode de vie. C’est pourquoi, dès le début de l’épidémie de Covid-19, seuls les taux de mortalité ont été cités par ceux qui avaient tout à gagner des mesures de confinement et de la vaccination de masse. Les mesures conventionnelles de santé publique qui prennent en compte les années de vie perdues (telles que les années de vie ajustées sur l’incapacité) auraient permis au public de se rendre compte que la situation n’était pas aussi grave que certains voulaient le faire croire.
Ce que la santé publique n’est pas
En termes d’équité, il serait ridicule de détourner les ressources des enfants africains qui meurent du paludisme pour les vacciner contre le Covid-19. Un tel détournement de ressources tuerait plus d’enfants qu’il n’en sauverait — la vaccination massive contre le Covid étant beaucoup plus coûteuse que la gestion du paludisme. Moins d’1% des Africains a plus de 75 ans, la moitié a moins de 20 ans et presque tous étaient immunisés contre le Covid avant qu’Omicron n’immunise le reste de la population. Le fait qu’un tel programme de vaccination ait été mis en œuvre par l’OMS, et qu’il soit toujours en cours, en dit long sur les intentions de l’OMS et de ses partenaires.
La vaccination de masse contre le Covid, manifestement négative pour la santé publique dans les pays à faible revenu, n’était pas une erreur, mais un acte délibéré. Les responsables savaient à quel âge les gens pouvaient mourir du Covid-19, ils savaient que la plupart des gens étaient déjà immunisés et ils savaient que le détournement des ressources entraînerait l’aggravation d’autres maladies. De la même manière, ils savaient que la fermeture des écoles renforcerait la pauvreté future et augmenterait le nombre de mariages d’enfants, et que la fermeture des lieux de travail dans les villes surpeuplées renforcerait la pauvreté, tout en n’ayant aucun impact sur la transmission du virus.
Il est donc rationnel de conclure que ceux qui mènent de telles politiques agissent de façon irresponsable du point de vue de la santé publique. Les appels au démantèlement de leurs organisations et à l’arrêt de leur financement sont tout à fait compréhensibles. Dans les pays riches, où les organisations comme l’OMS n’apportent qu’une valeur ajoutée minime au-delà des opportunités de carrière, l’intérêt de détruire la santé publique internationale semble évident. Toutefois, ceux qui sont nés par chance dans des pays dotés d’une économie et d’un système de santé solides doivent également penser plus globalement. Voici un exemple pour aider à expliquer la question.
Quand la coopération internationale sauve des vies
Le paludisme a eu une influence considérable sur l’humanité. Il a tué suffisamment pour changer l’humanité. Il tue encore plus de 600.000 enfants chaque année. Il existe des diagnostics et des traitements efficaces, mais les enfants meurent parce que ces traitements ne sont souvent pas disponibles. La pauvreté en est la principale cause. Le parasite se propage naturellement par les moustiques dans les régions tropicales et subtropicales, mais il ne constitue un problème majeur que dans les pays les plus pauvres. Par exemple, il n’y a pas de paludisme à Singapour, très peu en Malaisie, mais beaucoup en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Un effort concerté pour développer de meilleurs médicaments contre le paludisme, des diagnostics et des moustiquaires imprégnées d’insecticide (pour arrêter et tuer les moustiques) a permis de réduire les risques pour beaucoup, mais de nombreux pays à faible revenu ne peuvent pas se les procurer et les distribuer sans aide extérieure. Comme l’a montré la réponse au Covid-19, des personnes et des entreprises sont prêtes à risquer la vie d’autrui pour faire du profit. Ainsi, sans un soutien réglementaire international, les malfaiteurs enverraient également des produits de qualité inférieure ou des contrefaçons dans ces pays.
Il en va de même pour de nombreuses autres maladies, notamment la tuberculose, le VIH/SIDA et la schistosomiase (un ver très nuisible). Ainsi, s’il est raisonnable d’affirmer que l’OMS et ses partenaires ont eu un effet négatif net sur la santé publique au cours des dernières années, toutes les actions de ces institutions ne produisent pas un effet néfaste net. Leur travail n’est pas toujours conçu pour profiter aux gens fortunés. Si nous éliminions définitivement tous les efforts internationaux en matière de santé, l’histoire suggère que nous tuerions bien plus que nous ne sauverions. Ce n’est pas un résultat auquel il faut aspirer.
Reconnaître les réalités institutionnelles
D’une manière ou d’une autre, nous devons conserver les avantages tout en supprimant la possibilité de se vendre au plus offrant. Un penchant pour l’injection aux femmes enceintes de médicaments à base d’ARNm qui se concentrent dans les ovaires et le foie, traversant le placenta pour pénétrer dans les cellules en division du fœtus, ne signifie pas que l’honnêteté ou la compétence sont hors de portée. Cela signifie simplement que les gens peuvent être achetés et/ou subir un lavage de cerveau. Nous le savions déjà. La santé publique, comme la plomberie ou la vente de voitures, est un moyen pour les gens ordinaires de gagner de l’argent. Nous avons donc besoin de restrictions et de règles élémentaires pour nous assurer qu’ils n’abusent pas d’autrui pour s’enrichir.
Le désordre actuel est également imputable à la société. Parce que ces institutions s’occupent de santé, nous avons prétendu qu’elles étaient plus attentionnées, plus éthiques et plus aptes à s’autoréguler. Au cours des 20 dernières années, l’OMS a mis de côté les normes établies de longue date en matière de conflits d’intérêts et s’est acoquinée avec l’industrie pharmaceutique et les grandes fortunes de Davos. Nous aurions dû nous y attendre et l’empêcher.
L’OMS comptant du personnel humain, et les hommes aspirant naturellement à plus d’argent, l’organisation continuera à donner la priorité à ses entreprises bienfaitrices et à leurs investisseurs. Les vendeurs de voitures ne réussissent pas en proposant aux clients la meilleure offre, mais en obtenant la meilleure offre pour le constructeur.
Qui et quoi financer ?
Il est irrationnel de soutenir des institutions corrompues, mais rationnel de soutenir l’amélioration de la santé et du bien-être. Il est rationnel (et décent) d’aider les populations qui, du fait d’accidents de l’histoire comme l’exploitation coloniale passée ou d’autres infortunes, n’ont pas les moyens de s’occuper pleinement de leurs propres soins de santé de base. Si des accords bilatéraux peuvent résoudre une grande partie de ces problèmes, il est également judicieux d’assurer une coordination plus large. Les institutions multilatérales peuvent apporter des gains en efficacité et des avantages qui dépassent ceux que l’on peut obtenir sur une base bilatérale.
Un modèle sensé reconnaîtrait la fragilité et la cupidité humaines, en veillant à ce que les institutions internationales de santé n’agissent qu’à la demande de chaque pays. Ce modèle exclurait les intérêts privés, dans la mesure où les priorités en matière de santé de la population sont tout simplement incompatibles avec la maximisation des profits des entreprises (que les entreprises donatrices de l’OMS sont obligées de privilégier). La tendance des êtres humains à faire passer la loyauté envers une institution (et leur propre salaire) avant la cause nécessite également une limitation stricte de la durée des mandats du personnel. L’équité exigerait la même chose.
Les institutions internationales, financées par nos impôts, ne devraient jamais être en mesure de saper la démocratie, de restreindre la liberté d’expression ou d’outrepasser notre droit fondamental au travail, à l’éducation et à une vie de famille normale. Ce serait l’antithèse de l’autonomie corporelle et des droits de l’homme. Ce serait l’antithèse de la démocratie. Et ce serait l’antithèse d’une bonne santé publique. Les institutions qui cherchent à imposer leur volonté à des personnes ordinaires et libres doivent être traitées en conséquence.
La réponse au Covid-19 apportée par l’industrie internationale de la santé, sous la houlette de l’OMS, a appauvri la population et dégradé la santé. L’empressement à transférer des pouvoirs accrus à l’OMS ne doit donc pas être confondu avec la santé publique. Financer publiquement la poursuite de l’érosion de la liberté et des droits de l’homme fondamentaux serait de l’automutilation, alors que financer l’accès aux soins de santé de base est un bien universel. Le public, ainsi que les hommes politiques qui prétendent le représenter, doivent bien comprendre la différence.
De l’Institut Brownstone
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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