Cinq jeunes libanais dont trois mineurs, accusés d’avoir déchiré des affiches du parti fondé par le président Michel Aoun, ont été brièvement arrêtés samedi soir, provoquant des réactions courroucées dans un pays secoué par un mouvement de contestation populaire.
Plus d’un mois après le début de la protestation contre l’ensemble de la classe dirigeante, jugée corrompue et incompétente, de nouvelles manifestations ont eu lieu dimanche à Beyrouth, à Tyr (sud) et à Tripoli (nord).
Les cinq adolescents ont été placés en garde à vue à Hammana, à l’est de Beyrouth, après avoir été accusés d’avoir arraché des affiches du Courant patriotique libre (CPL), a rapporté le Comité des avocats pour la défense des manifestants.
Les cinq adolescents ont été relâchés
Les forces de sécurité les ont relâchés peu après minuit, après avoir pris leur déposition, d’après le communiqué de ce comité. Deux d’entre eux sont âgés de 15 ans, un autre de 12 ans, selon l’armée. Ces interpellations ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux, où la nouvelle a été suivie de nouveaux appels à descendre dans la rue.
« Le régime qui détient des enfants doit tomber », a réagi un internaute. « Quand un enfant de 12 ans secoue le trône de l’Etat, on sait que cet Etat est corrompu », a dit un autre.
Tard dimanche soir, des manifestants ont bloqué les grands axes routiers à travers le pays et ont appelé à une journée de grève pour lundi, pour protester contre l’absence de progrès dans la formation d’un nouveau gouvernement.
Une contestation à Beyrouth
Plus tôt dimanche, des centaines de personnes s’étaient réunies à la tombée de la nuit sur la place des Martyrs, un des hauts lieux de la contestation à Beyrouth, brandissant des drapeaux libanais et scandant « Révolution, révolution! »
Après avoir obtenu la démission du Premier ministre Saad Hariri et de son gouvernement le 29 octobre, les contestataires maintiennent désormais la pression sur les dirigeants pour que soit nommé un nouveau gouvernement, formé de technocrates et d’indépendants.
Si le mouvement est resté jusque-là pacifique et la réponse des autorités mesurée, trois cents personnes ont été arrêtées, dont 12 mineurs, relâchés sous 48 heures, depuis son déclenchement le 17 octobre, selon le comité des avocats.
Onze personnes, dont deux mineurs, sont toujours derrière les barreaux, accusées d’avoir attaqué un hôtel à Tyr durant la première semaine de la contestation.
Le CPL, fondé par M. Aoun, est désormais dirigé par son gendre, le ministre des Affaires étrangères sortant Gebran Bassil, l’une des personnalités politiques les plus conspuées par la rue.
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