Ce lundi 16 octobre, après des débats houleux, les 27 pays membres de l’UE à la COP28 ont adopté et publié une position commune favorable à la sortie des énergies fossiles. Parmi les points défendus figurent la fin du recours au hydrocarbures, l’arrêt des subventions aux combustibles ne servant pas à combattre la pauvreté énergétique, ou encore le développement des énergies renouvelables. Si l’Europe entend bien peser en vue d’obtenir un accord en phase avec ce programme lors de la prochaine Conférence des parties pour le climat, elle risque en revanche de se heurter à la résistance d’autres participants, peu enclins à abandonner partiellement ou complètement les combustibles fossiles.
À un mois et demi de la COP28, l’Union européenne veut présenter un front uni dans la défense de l’élimination des énergies fossiles. C’est dans ce but que les Vingt-Sept étaient réunis à Luxembourg lundi 16 octobre. Non sans difficultés, les ministres de l’Environnement sont parvenus à accorder leurs violons pour négocier d’une seule voix lors de la prochaine conférence mondiale de l’ONU sur le climat, qui aura lieu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre prochain.
Dans la soirée, le bloc, qui se pose en fer de lance de l’action climatique, a ainsi adopté une position commune sur la sortie des combustibles fossiles brûlés avec l’objectif de rallier les gouvernements du monde entier à la transition verte.
Pas de date de sortie des énergies fossiles
Selon le document qui résume la décision des États membres, l’UE plaidera donc en faveur de l’élimination des énergies fossiles brûlés sans captage du CO2, avec un pic de leur consommation mondiale dès « cette décennie ». Dans cet esprit, les Européens prôneront une production d’électricité « entièrement ou très majoritairement décarbonée » à l’échelle mondiale à partir « des années 2030 », soutenue notamment par un triplement d’ici 2030 des capacités installées d’énergies renouvelables.
En outre, l’Union appellera à mettre un terme « aussi tôt que possible » aux subventions pour les combustibles fossiles qui ne sont pas destinés à lutter contre la pauvreté énergétique ou à assurer « une transition juste vers une énergie propre ».
Toutefois, au grand dam des ONG, aucune date butoir n’a été fixée. Paris, Berlin ou La Haye souhaitaient les voir disparaître progressivement dans un calendrier déterminé : « Nous voulons la fin des subventions nocives à l’environnement. Nous travaillerons dur pour décrocher une date butoir », a insisté la secrétaire d’État au climat allemande, Jennifer Morgan. Mais Varsovie et d’autres gouvernements de pays aux économies plus carbonées, inquiets des conséquences financières d’une sortie trop brusque des énergies fossiles, ont refusé de planifier une échéance.
Bloc contre bloc
Lors des négociations communautaires, la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas ont milité pour une sortie de tous les combustibles fossiles, sans condition. « Si vous écoutez tous les scientifiques, il est assez clair que nous devons éliminer progressivement tous les combustibles fossiles », a martelé le ministre du Climat néerlandais, Rob Jetten, exhortant l’UE à être « le bloc le plus ambitieux » sur la question lors de la COP28.
De l’autre côté, un nombre à peu près équivalent d’États membres — dont la Hongrie, la Pologne, l’Italie ou Malte — ont mis l’accent sur la protection des secteurs disposant de moyens technologiques limités pour décarboner leur production. « Les émissions sont extrêmement difficiles à réduire pour certains secteurs, ces technologies » de captage ou de stockage du carbone « font nécessairement partie de la solution », a ainsi fait valoir Wopke Hoekstra, nouveau commissaire au climat, tout en concédant qu’« il n’y a pas d’échappatoire à la nécessité de réduire les émissions partout ». « Cantonnées à certains secteurs », elles pourraient représenter un moyen de continuer à « garantir une énergie sûre et abordable, disponible pour tous », a ajouté Teresa Ribera, ministre espagnole de la Transition écologique.
À l’issue de cette réunion des ministres de l’Environnement de l’UE, le Conseil européen a résumé leur position commune en ces termes : « La transition vers une économie climatiquement neutre exigera l’élimination à l’échelle mondiale des combustibles fossiles « unabated » [c’est-à-dire non adossé à des dispositifs de captage de carbone, ndlr] ». Dans le même temps, les Vingt-Sept prôneront « un secteur énergétique qui soit de façon prédominante sans combustibles fossiles bien avant 2050 » — formule exprimée cette fois sans la mention « unabated », terme qui a causé d’âpres débats entre les Vingt-Sept, certains pays désirant effacer l’adjectif ou bien l’assortir de restrictions sur l’usage des technologies de captage du carbone, de crainte que cela ne serve de motif pour continuer à brûler des hydrocarbures.
« Nous aurons besoin de ces technologies dans les secteurs où les émissions dans la production sont inévitables, comme le ciment (…) Mais il n’y a pas d’alternative à l’abandon progressif des fossiles, cela doit être clair », a mis en garde la ministre autrichienne Leonore Gewessler. « Ces technologies sont intéressantes, mais ne peuvent seules prendre en charge l’essentiel des émissions : il faut les réserver aux secteurs qu’on ne sait pas décarboner autrement », a abondé son homologue française Agnès Pannier-Runacher.
l’approche de la COP28, des attentes mitigées
La COP28 promet quelques tensions. À l’instar de l’UE, les Etats-Unis sous la présidence de Joe Biden ont la ferme intention de promouvoir la transition écologique, bien que ce dernier soit accusé d’« hypocrisie » en raison de l’aval donné par son administration à plusieurs projets pétroliers.
En revanche, la Russie a d’ores et déjà fait savoir qu’elle s’opposerait à un accord mondial sur l’élimination des énergies fossiles. Quant à la Chine, celle-ci a déclaré le mois dernier qu’elle estimait une « utilisation flexible » des hydrocarbures nécessaire afin de « maintenir la stabilité du réseau, la sécurité énergétique et le développement économique », si bien que « les éliminer complètement n’est pas réaliste ».
D’aucuns ne se bercent pas d’illusions quant à l’issue des futurs échanges entre participants à cette Conférence des parties pour le climat. « Je ne suis pas très optimiste », confie ainsi à Reuters Carlos Fuller, représentant permanent de Belize auprès des Nations unies. D’autres diplomates, a contrario, voient le verre à moitié plein, préférant se féliciter de l’engagement croissant en faveur de l’agenda vert au cours de la dernière année écoulée.
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