Le Japon a allégé lundi sa recommandation de porter le masque, déjà abandonné dans la plupart des autres pays, une décision qui devrait cependant avoir peu d’effet à court terme dans un pays où beaucoup restent réticents à sortir « découverts ».
Déjà présent dans l’archipel avant la pandémie, notamment lors des périodes de grippe saisonnière ou d’allergies, le masque y est devenu incontournable depuis début 2020 au point d’hériter du sobriquet de « slip pour le visage ».
Porter le masque n’a jamais été légalement obligatoire dans le pays, mais la pratique reste extrêmement répandue y compris en plein air, malgré les déclarations répétées du gouvernement expliquant depuis plusieurs mois que ce n’était plus nécessaire à l’extérieur.
La pratique de porter le masque reste très répandue
Le Japon a recensé quelque 73.000 morts depuis le début de la pandémie pour une population de 125 millions d’habitants, un bilan inférieur à ceux de beaucoup d’autres pays, que certains ont attribué au port généralisé du masque et à la fermeture prolongée des frontières de l’archipel.
La décision de revêtir ou non l’objet est désormais « laissée aux individus » selon les mots du gouvernement japonais, qui continue de préconiser le masque dans les transports lorsqu’ils sont très fréquentés, ainsi que dans les hôpitaux et établissements accueillant des personnes âgées.
Mais la moitié des personnes interrogées mi-février par la chaîne de télévision publique NHK disaient penser « continuer à porter le masque » même après l’assouplissement de la recommandation.
« Les Japonais se préoccupent beaucoup du regard des autres »
« Les Japonais se préoccupent beaucoup du regard des autres et ont peur d’être jugés s’ils sont les premiers à retirer leur masque », explique Hajime Yamaguchi, professeur de psychologie à l’université Oberlin, à Tokyo.
« Ils vont d’abord observer ce que font les gens autour d’eux avant d’abandonner le masque petit à petit ». Selon lui, la saison des allergies aux pollens, battant son plein actuellement, devrait aussi en inciter beaucoup à rester couverts au moins jusqu’en mai.
A force de le porter, « beaucoup ont commencé à se sentir plus en sécurité derrière leur masque » et pour eux, « retirer son masque est devenu presque honteux », ajoute M. Yamaguchi.
L’exécutif nippon a prié l’ensemble des secteurs d’activité du pays de mettre à jour et adapter leurs règles concernant le port du masque, et les chaînes de supermarchés, grands magasins et restaurants ont pour la plupart choisi de ne plus imposer le masque aux clients, continuant à le recommander à leurs employés.
Le ministère de l’Education a lui aussi demandé aux écoles de ne plus exiger que les élèves soient masqués à partir de la rentrée scolaire d’avril.
La classification du Covid-19 au même niveau que la grippe
Le gouvernement du Premier ministre Fumio Kishida a par ailleurs annoncé son intention d’abaisser la classification médicale du Covid-19 au même niveau que la grippe saisonnière, au lieu de l’actuelle catégorie où il côtoie la tuberculose et le SRAS.
Le changement, accompagné de l’assouplissement de certaines restrictions, doit avoir lieu après la période annuelle de congés de la « Golden Week », qui voit de nombreux Japonais voyager début mai.
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