Attendu fin novembre en Birmanie, le pape François vient en émissaire de « paix », a assuré l’Église jeudi, alors que sa défense des Rohingyas musulmans, fuyant en masse ce pays agité par un courant fanatique radical, risque d’enflammer l’opinion publique.
Le pape « vient pour le bien du pays et il parlera de la paix », a insisté jeudi Mariano Soe Naing, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie, interrogé par l’AFP après la publication cette semaine par le Vatican du programme de la visite.
« Nous ne savons pas encore de quoi il parlera et s’il évoquera la crise en État Rakhine », a précisé le prélat.
L’État Rakhine, région de l’ouest de la Birmanie où les tensions entre musulmans et bouddhistes sont vives, est au coeur du conflit entre rebelles rohingyas et armée, qui a conduit depuis fin août à la fuite de plus d’un demi-million de Rohingyas au Bangladesh.
Le principal événement sera la messe qui sera célébrée le 29 novembre à Rangoun, la capitale économique, où sont attendues 200.000 personnes, selon la Conférence des évêques catholiques. Quelque 100.000 personnes sont déjà inscrites, un mois et demi avant la visite.
Le pape prendra ensuite la parole devant le Conseil suprême de la Sangha des moines bouddhistes, puissante institution de ce pays à plus de 90% bouddhiste.
« Il n’y aura pas de rencontres interreligieuses en raison d’un manque de temps », a expliqué le porte-parole de la conférence des évêques catholiques, interrogé par l’AFP sur l’absence de rencontre avec des représentants de la communauté musulmane.
Le pape doit aussi se rendre le 30 novembre au Bangladesh, après une dernière messe à Rangoun devant des jeunes.
Pendant une grande prière interreligieuse organisée mardi à Rangoun, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, avait déjà souligné la volonté de « paix » du pape.
« Il enseigne toujours la paix. Pour parvenir à la paix, il faut de la justice », avait-il déclaré devant la foule, dominée par les moines bouddhistes, mais où se trouvaient aussi des représentants de religions minoritaires, chrétiens et musulmans.
La Prix Nobel de la paix birmane, déjà reçue par le pape François au Vatican, est très critiquée pour son manque d’empathie envers les Rohingyas, considérés comme une des minorités les plus persécutées au monde, dans ce pays marqué par un fort nationalisme bouddhiste, véhiculant une rhétorique anti-musulmane.
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