ANIMAUX

Dans la campagne belge, mission matinale pour « sauver Bambi »

juillet 8, 2024 14:39, Last Updated: juillet 8, 2024 14:44
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En pilotant son drone au milieu d’un champ de luzerne belge, Cédric Petit vient de repérer une tache blanche sur l’écran, une marque de chaleur qui signe la présence d’un animal niché dans les hautes herbes. Encore un faon qu’il va pouvoir sauver. 

Ce Belge de 40 ans, amoureux de la nature, a fondé il y a quatre ans l’association « Sauvons Bambi », qui permet aux agriculteurs de s’épargner la mauvaise expérience de broyer un petit mammifère ou un volatile en pleine nidification avec un engin agricole.

Appelé en amont du fauchage, il met à disposition son savoir-faire et sa technologie – un drone équipé d’une caméra thermique – pour cette mission de protection de la faune sauvage. L’animal repéré dans la prairie est ensuite éloigné vers le sous-bois voisin où il ne risque plus rien. Le service est gratuit.

« Les accidents arrivent de plus en plus, c’est pour ça qu’on est là », dit Cédric Petit, intervenu ce matin-là sur les terres d’un exploitant d’Eghezée, près de Namur (centre de la Belgique). Ce dernier cultive notamment du fourrage pour le bétail.

« Avec le dérèglement climatique et la météo capricieuse, l’herbe pousse un peu tout le temps et on fauche de plus en plus tôt dans l’année, y compris entre fin avril et fin juin pendant la période de naissance des faons », poursuit-il.

834 faons sauvés en 2023

Son association revendique le sauvetage de 834 faons en 2023 (contre 353 l’année précédente) sur les territoires de la Belgique et du Luxembourg, où elle est également active. C’est moins qu’en Allemagne ou en Suisse, où les animaux sauvés se comptent par milliers grâce à un plus gros réseau de bénévoles permettant de survoler davantage de prairies.

Mais la courbe est à la hausse aussi en Belgique, où « Sauvons Bambi » accueille un nombre croissant de pilotes de drone prêts à consacrer du temps bénévolement à cette mission, un mois et demi par an, souligne le fondateur.

Cédric Petit, fondateur de l’association « Asbl Sauvons Bambi », sauve un chevreuil détecté avec son drone dans les hautes herbes des prairies de Mehaigne, le 24 juin 2024. (JOHN THYS/AFP via Getty Images)

L’association compte environ 80 pilotes actuellement, intervenant tous sur leur temps libre. Cédric Petit a un emploi salarié, à côté de son « hobby ».

Après le déploiement du drone, qui vole à 70 mètres de hauteur pour offrir un large angle de vue sur le champ, il faut parfois de longues minutes pour repérer le jeune faon blotti au sol, trop faible pour se déplacer seul et « proie » la plus facile pour la machine à faucher. Ont d’abord surgi ce matin-là à l’écran de contrôle un lièvre en train de se régaler de luzerne, puis un brocard – un jeune chevreuil mâle – profitant de la fraîcheur des herbes aux premières heures de la journée.

« Celui-là a une semaine et demi »

Quand un faon est finalement découvert, somnolant recroquevillé sur lui-même, Cédric Petit accourt en gants avec une cagette recouverte de foin, le moyen choisi pour transporter l’animal en douceur. « Celui-là a une semaine et demi, peut-être deux semaines. Le but est maintenant de le mettre en sécurité le long du bois, où sa mère pourra le retrouver et l’emmener », explique le quadragénaire, qui a grandi dans une famille d’agriculteurs.

Les « Bambi » sauvés sont le plus souvent des faons de chevreuil, éloignés des bois vers les prairies à leur naissance afin de bénéficier d’une lumière essentielle lors des premiers jours. « Le faon de cervidé est moins présent car il suit rapidement sa mère après la naissance, il est plus costaud, comme le jeune poulain », selon M. Petit.

Outre la lutte pour le bien-être animal et le maintien de la biodiversité, les services de « Sauvons Bambi » permettent d’éloigner les risques d’empoisonnement de bovins qui ingéreraient du fourrage contenant la bactérie du botulisme. « La putréfaction d’une carcasse d’animal dans un ballot de foin plastifié peut provoquer cette maladie. C’est mieux d’éviter ce gros problème », souligne Bernard Debouche, l’agriculteur qui a sollicité l’intervention.

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