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Dans la sécheresse d’Inde, le ballet des camions-citernes d’eau

juin 12, 2019 11:00, Last Updated: juillet 12, 2019 20:37
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Gajanand Dukre a tout juste garé son camion-citerne dans un village indien frappé par la sécheresse que des dizaines de locaux accourent avec bidons, seaux et pots en fer blanc pour recueillir sa précieuse eau.

Au cours des deux heures suivantes, cet employé du gouvernement déverse dans ces réceptacles son réservoir de 12.000 litres de ce liquide vital dans la chaleur implacable de l’été du géant d’Asie du Sud, qui connaît l’une de ses pires sécheresses depuis des années.

« Nous travaillons sans arrêt », explique Gajanand, 41 ans, qui effectue quatre tournées de livraison d’eau par jour dans des localités autour de Shahapur (Maharashtra, ouest). Il est l’un des 37 conducteurs de camions-citernes des autorités à opérer dans cette zone à une soixantaine de kilomètres de la capitale économique Bombay. Les camions-citernes d’eau y opèrent sept jours par semaine de mars à juin, saison la plus chaude et sèche en Inde où l’eau vient à se faire rare dans de nombreuses régions.

L’été s’est montré particulièrement rude cette année, avec des températures dépassant même les 50°C dans l’État du Rajasthan (nord). Plus de la moitié du territoire indien, partie où vivent plus de 500 millions de personnes, fait face à des conditions de sécheresse en raison de précipitations pré-mousson insuffisantes cette année, selon les services météorologiques indiens.

Dans le village de Shakar Pada, les niveaux des puits sont dangereusement bas, ce qui fait que l’arrivée du camion de Gajanand est vue comme un soulagement. Sitôt arrêté, il branche un tuyau et remplit les récipients amenés par les habitants, généralement des femmes en sari. « Il y a un manque d’eau depuis un mois », explique à l’AFP Pramila Shewale en transportant sur sa tête un pot tout juste rempli d’eau.

« S’il n’y avait pas les camions-citernes, nous devrions dépendre du puits, ce qui serait très difficile », ajoute la jeune femme de 25 ans.  La centaine de familles de ce village vit de l’agriculture, principalement du riz et des légumes qu’elles vendent sur les marchés des villes voisines. Durant la sécheresse, il n’y a pas d’eau pour les cultures ou le bétail.

La baisse des nappes phréatiques et un système d’irrigation insuffisant font que ces populations sont extrêmement dépendantes de la mousson, qui dure de juin à septembre et donne à l’Inde le gros de ses précipitations annuelles. Or trois des cinq dernières moussons ont été en-dessous de la moyenne. Et bien que les prévisions annoncent une mousson normale cette année, celle-ci est déjà en retard d’une semaine sur le calendrier habituel, ce qui inquiète les agriculteurs.

« Chaque année la sécheresse empire. Je prie Dieu qu’il y ait assez d’eau » cette année, dit à l’AFP Naresh Rera, un agriculteur de 32 ans. Gajanand Dukre continuera ses tournées de livraison d’eau jusqu’à ce que la mousson ait atteint sa pleine puissance au Maharashtra, normalement à la fin du mois de juin. Chaque nuit, lui et ses collègues dorment dans leur véhicule sur un terrain vague où les camions sont alignés à côté d’une rivière.

Ils se réveillent 03H00 du matin, remplissent leur réservoir avec de l’eau de la rivière venant d’un barrage non loin. Ils y ajoutent ensuite du chlore pour l’assainir puis se mettent en route pour les villages assoiffés. Une fois vides, ils reviennent et font le plein d’eau à nouveau. Gajanand ne finit pas ses tournées avant 19H30. « C’est un travail dur mais mon cœur se sent bien car j’aide les gens », dit-il.

D.C avec AFP

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