L’association Millî Görüs, le Comité de coordination des musulmans turcs de France et le mouvement Foi et Pratique ont refusé de signer en janvier dernier la « Charte des principes de l’islam de France ».
Gérald Darmanin prévient les fédérations de mosquées n’ayant pas signé « la charte des principes de l’islam de France » qu’il n’y a « rien à négocier » avec elles et que l’État multipliera les contrôles visant leurs associations religieuses ou leurs écoles hors-contrat.
En janvier, l’association Millî Görüs, le Comité de coordination des musulmans turcs de France et le mouvement Foi et Pratique, proche des prédicateurs rigoristes du Tabligh, ont refusé, au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), de signer la « Charte des principes de l’islam de France ».
« Que certaines associations n’aient pas souhaité la signer lève le voile sur le théâtre d’ombres des ingérences étrangères et des mouvements extrémistes qui opèrent sur notre sol », affirme le ministre de l’Intérieur dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point jeudi. « Il n’y a rien à négocier avec ces gens-là et nous mobiliserons tous les leviers de l’État pour empêcher l’installation de ceux qui n’ont pas signé la charte », ajoute-t-il.
« Cela vaut aussi pour les associations éducatives religieuses ou les écoles hors contrat », a précisé M. Darmanin, « il serait inimaginable que ces dernières puissent prétendre à des agréments sans avoir ratifié la charte, les contrôles seront très intenses ». « Les gens qui se livrent à des ingérences étrangères ou qui encouragent l’islam politique auront de très gros problèmes, qu’ils s’attendent à avoir l’État sur leur dos matin, midi et soir », prévient-il.
Départementalisation de l’islam de France
Fortement poussée par Emmanuel Macron pour lutter contre le « séparatisme », la charte dénonce notamment « l’instrumentalisation » politique de l’islam, proscrit « l’ingérence » d’États étrangers dans le culte et réaffirme la « compatibilité » de la foi musulmane avec la République. M. Darmanin, qui a demandé aux préfets d’organiser prochainement des « assises territoriales avec les acteurs de l’islam », souligne que ceux-ci « ont deux mois pour formuler des propositions concrètes ».
« Ces assises territoriales (…) vont permettre la départementalisation de l’islam de France, qui jusqu’à présent était plutôt organisé au niveau national ou régional, faisant la part belle à des gens qui n’étaient pas toujours très représentatifs », explique-t-il, déplorant que « près de la moitié des mosquées en France ne sont pas affiliées à une fédération et (que) beaucoup de musulmans ne se reconnaissaient pas dans ce système ».
Les préfets « seront amenés à consulter, entre autres, les indépendants qui ne sont affiliés à aucune fédération » composant actuellement le Conseil français du culte musulman (CFCM), jusqu’ici principal interlocuteur des pouvoirs publics, en pleine crise interne. L’association Millî Görüs est au cœur d’une polémique autour du possible financement du chantier de sa mosquée par la mairie de Strasbourg.
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