Acclimatation à l’apesanteur dans une piscine, expériences scientifiques, cours de médecine et géologie : la nouvelle promotion d’astronautes européens s’est lancée dans une année de formation intense, en Allemagne, pour mériter son ticket vers l’espace.
Les cinq aspirants – trois hommes et deux femmes – doivent acquérir tous les rudiments pour pouvoir aller sur la station spatiale internationale (ISS) dans un premier temps, et plus tard éventuellement sur la lune. « Le plus grand défi pour nous, c’est d’apprendre tant de choses différentes en une période de temps aussi courte », confie à l’AFP la Britannique Rosemary Coogan, 31 ans, lors d’une rencontre au Centre européen de formation des astronautes à Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne. Avec les quatre autres aspirants, la jeune femme a débuté en avril cette formation de 13 mois qui s’achèvera en mai 2024.
À cette date, ils sauront qui d’entre eux sera le premier à partir en 2026 sur la station spatiale placée en orbite basse autour de la Terre, où le Français Thomas Pesquet, formé à Cologne en 2009, a déjà effectué deux séjours. La Française Sophie Adenot, 40 ans, l’autre femme de la promotion, est séduite par « la variété de l’entrainement » : « cela va des sciences fondamentales jusqu’à l’entrainement le plus opérationnel. Je suis émerveillée par tout ce que l’on a fait depuis un mois », explique-t-elle à l’AFP.
« Diversité des origines »
Cette nouvelle promotion, qui côtoiera celle de Pesquet, a aussi vocation à s’envoler vers la Lune, avec notamment le programme Artemis qui vise dans la prochaine décennie, un retour d’astronautes sur le sol lunaire et l’installation d’une base permanente.
Jamais un corps européen d’astronautes n’a été aussi féminin. Une volonté affichée de l’ESA, décidée à renouveler ce monde de la conquête spatiale, jusqu’ici très masculin. Elle avait d’ailleurs fortement encouragé les femmes à postuler. Du coup, le nombre de candidatures féminines pour la promotion 2022 a bondi par rapport à celle de 2009 : leur part est passée de 15% en 2008 à 24% en 2021 dans le nombre total des postulants. « Ce qui est important au delà de la présence des femmes dans l’équipe, c’est la diversité des origines, des backgrounds professionnels », juge Sophie Adenot.
« Un médecin apportera une manière de penser différente d’un ingénieur ou d’un pilote (…) c’est important de varier les manières de penser dans l’équipe », ajoute-t-elle. Alors qu’elle est ingénieure et pilote d’essai d’hélicoptères, la quadragénaire côtoie dans sa promotion un médecin urgentiste, le Suisse Marco Sieber, un spécialiste en neurosciences, le Belge Raphël Liégeois, et un ingénieur aéronautique, l’Espagnol Pablo Alvarez Fernandez.
En plus des cinq candidats à l’espace a également été choisi un « parastronaute », un astronaute en situation de handicap, le Britannique de 41 ans, John McFall, qui participera aux entrainements. Sera ainsi établie une étude de faisabilité sur les possibilités d’avoir un astronaute avec une limitation physique.
« Comme une équipe de sportifs »
L’entraînement suivi par les astronautes vise également et surtout à les préparer à toutes les situations auxquelles ils peuvent être confrontés dans l’espace. Ainsi, quand ils s’entrainent dans la piscine de 10 mètres de profondeur du centre de formation, ils apprennent ce qu’il faut faire si l’un de leur coéquipier est victime d’un malaise dans l’espace et comment communiquer avec lui. « L’une des principales qualités nécessaires à l’astronaute, c’est d’avoir un jugement très sûr (…) Vous devez rester calme et faire ce qu’il faut pour assurer la sécurité de la mission », explique Mme Coogan.
Après leur formation de 13 mois, seul le premier des cinq astronautes sélectionnés pour aller dans l’ISS aura un entraînement de deux ans, plus spécifique pour cette mission. Selon Sophie Adenot, aucune concurrence n’empoisonne les relations entre les cinq promus. « On est là comme une équipe de sportifs de haut niveau. L’exigence des missions spatiales est tellement élevée que l’on ne peut y arriver qu’en se soutenant les uns les autres », dit-elle. « Quand l’un de nous sera désigné pour une mission qu’elle soit sur la station spatiale internationale ou sur la lune, on sera tous derrière pour l’aider ».
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