Karim Tir, devenu le manager du rappeur marseillais Jul, voulait tourner la page des trafics de stupéfiants. Mais la vendetta qui décimait sa famille l’a rattrapé, en région parisienne, en 2014, une vendetta au cœur du procès ouvert lundi à Aix-en-Provence, pour trois semaines.
Au total, huit hommes sont sur le banc des accusés de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, dans ce dossier mêlant banditisme parisien et guerre fratricide entre deux clans familiaux marseillais, sur fond de trafic de drogue dans les quartiers nord de la cité phocéenne : trois poursuivis pour cet assassinat le 12 juin 2014 à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), dans le cadre d’une « bande organisée », cinq autres uniquement pour association de malfaiteurs, pour leur rôle de logisticiens.
Avec la mort de ce jeune homme de 30 ans, c’est alors un épisode de plus qui s’écrit, d’une longue liste d’une vingtaine de règlements de comptes opposant deux familles depuis 2010 à Marseille : les Tir d’un côté, associés aux Berrebouh, les Remadnia de l’autre, rejoints par une bande de malfaiteurs de Marignane.
Haines et vengeance
Et l’assassinat du manager de Jul, alors au tout début de sa carrière, n’aurait été que le résultat de haines et d’accusations sans fin entre les deux clans. Haines qui, selon l’accusation, auraient conduit Mohamed Seghier, 45 ans, présenté comme l’un des chefs de la bande de Marignane, à assouvir son désir de vengeance contre la famille Tir, avec Youser Titouh et Juan Marti, les deux autres accusés pour assassinat.
En 2010, son frère Karim Seghier avait été soupçonné de la séquestration de Farid Tir et de son épouse, pour leur voler une grosse somme d’argent. Enceinte, la jeune femme avait perdu son bébé. Quelques mois plus tard, en août 2010, attiré dans un guet-apens à la cité Font-Vert, à Marseille, Karim Seghier était assassiné et Mohamed Seghier blessé.
« La thèse consistant à affirmer que des membres de la famille Tir auraient été à l’origine de l’assassinat de son frère ne repose sur rien et n’a jamais été judiciairement étayée », insistent les avocats de Mohamed Seghier, Me Pascal Roubaud et Medhi Khezami. « Je suis allé à Paris, pas dans le but de monter sur un assassinat, mais de voler. Je suis juste un voleur de voitures », avait déclaré l’accusé durant l’instruction.
Dans la « bande organisée » responsable selon la juge d’instruction de l’assassinat de Karim Tir figurait aussi Zakary Remadnia. Mais le jeune homme a été abattu à Marseille, à peine un mois plus tard.
Une cible facile à suivre
Loin de cette vendetta marseillaise, Sabir Titouh, dit « Titax », figure montante du banditisme parisien, aurait lui aussi, selon l’accusation, participé au meurtre, en fournissant son « relationnel criminel ». Il est décrit comme l’un des participants actifs aux surveillances de la victime et comme le fournisseur d’armes et de véhicules dits « de guerre ». Mais lui non plus n’a pas survécu jusqu’au procès : « Titax » a été abattu en 2015, devant le domicile de sa compagne, à Taverny (Val d’Oise).
La famille Titouh est cependant représentée sur le banc des accusés par son frère Youser, qui comparaît libre. Considéré comme proche du milieu corso-marseillais, Juan Marti avait quitté la région parisienne aussitôt après le meurtre, avec Zakary Remadnia, direction Marseille. « Je redescends en voiture avec une personne et on me met pour assassinat », a-t-il protesté lundi devant les jurés, niant formellement son implication dans cette mort.
Selon l’enquête, c’est en fait la visibilité du rappeur Jul qui avait permis aux meurtriers de pouvoir facilement suivre et surveiller leur cible : « Ils planquaient Jul pour remonter Karim Tir », avait expliqué un témoin sous X. Alors que son témoignage était programmé vendredi, le rappeur a fait savoir dès lundi, via un courrier de son avocat, qu’il serait en fait « empêché » durant toute la durée du procès.
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