Le licenciement d’une douzaine d’employés par les Nations unies de leur agence d’aide à la Palestine, en raison de leur rôle dans l’horrible massacre, perpétré par le Hamas, le 7 octobre 2023, semble peu convaincant aux yeux des universitaires et des spécialistes sur la question.
Ces derniers estiment qu’il s’agit d’une réaction tardive, à un problème beaucoup plus profond, auquel les Nations unies ont toujours refusé de faire face. Les spécialistes utilisent des termes tels que « limiter les dégâts » et « balayer sous le tapis » pour décrire la situation.
« Il est réjouissant de voir que les gens s’éveillent enfin à ce fait », a déclaré Simone Ledeen, haut fonctionnaire du ministère américain de la Défense sous l’administration Trump.
« Ils se rendent compte de ce fait, mais ils ont également, si j’ai bien compris, été confrontés à des preuves indéniables. Or, nous avions déjà des preuves, preuves qui existaient avant le 7 octobre. »
L’agence – l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (United Nations relief and works agency for palestine refugees in the near east, UNRWA) – est depuis longtemps accusée d’entretenir des liens étroits avec le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis 2007.
Depuis 1997, le gouvernement américain considère le Hamas comme une organisation terroriste.
Après le Hamas et l’Autorité palestinienne, l’UNRWA est le plus grand employeur de la bande de Gaza. La quasi-totalité de ses employés sont des Palestiniens, ce qui est unique parmi les agences humanitaires des Nations unies.
Depuis près de 75 ans, l’agence n’a fait aucun effort pour réinstaller les Palestiniens, entretenant plutôt l’espoir, de plus en plus improbable, qu’ils retournent un jour dans ce qui est aujourd’hui l’État juif d’Israël.
Les défenseurs de l’UNRWA affirment que le fait de ne pas réinstaller les Palestiniens est explicitement mentionné dans la charte de l’agence.
Le Hamas utilise depuis longtemps les écoles, les hôpitaux et d’autres bâtiments de l’UNRWA comme boucliers humains, ce qui constitue un crime de guerre en vertu de la quatrième convention de Genève et peut être sanctionné par le président des États-Unis en vertu de la Loi sanctionnant l’utilisation de civils comme boucliers humains de 2018 (H.R. 3342 – Sanctioning the Use of Civilians as Defenseless Shields Act ou ‘Shields Act’).
Le Hamas entrepose des armes à l’intérieur, à proximité ou sous les installations de l’UNRWA, et a développé son vaste réseau de tunnels terroristes sous ces installations. Il a détourné les denrées alimentaires et les fournitures d’urgence que l’agence était censée distribuer aux civils.
Depuis longtemps, Israël accuse l’UNRWA d’enseigner la haine [des Juifs aux enfants] à l’école, cette haine à l’origine des attaques du 7 octobre 2023, lorsque des terroristes ont assassiné, violé, torturé et brûlé les communautés frontalières d’Israël, abattant même leur chiens.
Les terroristes se sont filmés à l’œuvre et ont publié leurs vidéos sur les réseaux sociaux, où on les voit maltraiter des otages ramenés à Gaza, et exposer les corps de ceux qu’ils avaient tués, devant des civils en liesse.
Le 31 janvier, les sénateurs américains John Kennedy (Parti républicain – Louisiane) et Rand Paul (Parti républicain – Kentucky) ont présenté un projet de loi demandant au département d’État d’encadrer ce qui est enseigné dans les écoles palestiniennes, un système éducatif que les contribuables américains ont contribué à financer.
Plus tôt, le 26 janvier, le département d’État a déclaré qu’il « suspend temporairement » le soutien financier des États-Unis à l’UNRWA pendant qu’il examine les allégations formulées à l’encontre de l’agence.
Cette suspension est intervenue un jour après que le secrétaire d’État Antony Blinken se soit entretenu avec le secrétaire général de l’ONU António Guterres sur la nécessité d’une enquête approfondie.
Selon le porte-parole de M. Guterres, le secrétaire général était « horrifié » après avoir pris connaissance des allégations israéliennes selon lesquelles une douzaine d’employés de l’ONU auraient participé au raid, dont sept auraient pris d’assaut le territoire israélien.
L’un d’entre eux aurait participé à un enlèvement et un autre aurait aidé à voler le corps d’un soldat.
Le 26 janvier, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a qualifié ces allégations de « choquantes » et d' »horribles », et a déclaré qu’il renvoyait immédiatement les employés en question.
Deux d’entre eux seraient morts.
« Ils se positionnent comme très surpris par les preuves », a déclaré Kobi Michael, professeur affilié à deux groupes de réflexion israéliens, l’Institut de sécurité nationale et l’Institut Misgav, à Epoch Times.
« Ils essaient de donner l’impression qu’ils prennent la question très au sérieux et qu’ils vont s’attaquer aux problèmes immédiatement. ‘Nous renvoyons 12 personnes’, et ils croient que cela fera taire les critiques. »
« Et cela permettra à l’ONU de continuer à faire fonctionner l’UNRWA. Parce que l’UNRWA est un outil politique géré par l’ONU à des fins politiques. »
Le 30 janvier, Hillel Neuer, directeur exécutif d’U.N. Watch, un groupe de surveillance pro-israélien, a témoigné devant les sous-commissions sur la Surveillance et l’Imputabilité, la Santé mondiale, les Droits de l’homme et les organisations internationales de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.
Il a déclaré au Congrès que, non seulement 12 employés de l’UNRWA ont participé au massacre du 7 octobre 2023, mais que 3000 enseignants de l’UNRWA appartiennent à un groupe de médias sociaux sur Telegram qui ont célébré le massacre.
L’équipe de M. Neuer a mis à contribution des traducteurs arabes professionnels pour passer au crible 249.000 messages sur les médias sociaux, a-t-il expliqué au Congrès.
Selon M. Neuer, 1200 employés de l’UNRWA appartenaient au Hamas, soit près d’un dixième des 13.000 employés palestiniens de l’agence, et que 6000 employés avaient des membres de leur famille dans le Hamas.
Il a demandé au Congrès de ne pas se contenter de suspendre le financement de l’UNRWA, mais d’y mettre fin définitivement.
« Vendredi, le secrétaire général Guterres a annoncé qu’il était, je cite, horrifié d’apprendre que des membres de son personnel étaient impliqués dans des activités terroristes », a déclaré M. Neuer.
« Le secrétaire général Guterres, le chef de l’UNRWA, leurs prédécesseurs et leurs collègues seniors n’ont pas pu être choqués par le fait que des employés de l’UNRWA soient impliqués dans des actes terroristes. »
« Car, depuis neuf ans, (…) nous démasquons, publions et soumettons à l’ONU et à l’UNRWA des preuves d’une incitation généralisée et systématique au terrorisme djihadiste. »
« Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas. M. Guterres savait. Le chef de l’UNRWA savait. Les Nations Unies savaient. Ils ont simplement choisi de ne pas agir. »
Eli Sperling, chargé de cours à l’Institut israélien de l’Université de Géorgie, a déclaré à Epoch Times qu’il voyait un manque de franchise dans la position de l’ONU.
« Lorsque vous entendez des membres de l’UNRWA s’exprimer, ils ne reconnaissent pas l’existence de ces liens directs. Ils licencient, disent-ils, sur la base d’allégations et ouvrent une enquête. Il s’agit donc d’un aveu tacite », ce que les licenciements suggèrent fortement, selon M. Sperling.
Il ne s’agit toutefois pas d’un aveu entier de culpabilité, pas plus que ce qui est diffusé dans les médias en langue arabe, tels qu’Al Jazeera aux États-Unis.
Il n’y a rien de mal à vouloir mener sa propre enquête, a déclaré M. Sperling.
« Mais si l’on considère ce qui semble être une preuve très concrète et que l’on licencie ensuite ces personnes, on essaie de limiter les dégâts », a-t-il ajouté.
Mme Ledeen, aujourd’hui consultante en gestion des risques pour Vantage ROI, et ancienne secrétaire adjointe à la défense pour le Moyen-Orient sous l’administration Trump, a déclaré à Epoch Times : « Que l’UNRWA soit responsable non seulement de l’emploi de membres du Hamas détenteurs d’une carte, mais aussi de l’utilisation d’une grande partie de ses fonds pour soutenir des activités terroristes, ce n’est une surprise pour personne, et encore moins pour nous qui sommes attentifs à cette question depuis de nombreuses années. »
« C’est pourquoi l’administration Trump a suspendu le financement de l’UNRWA, car nous ne voulions pas que l’argent des contribuables américains soit utilisé à cette fin. »
Le 2 février, le Service de recherche du Congrès a indiqué que les États-Unis avaient versé près de 7,2 milliards de dollars (6,7 milliards d’euros) à l’UNRWA depuis sa création en 1950.
En 2009, sous la première administration Obama, le financement a dépassé les 200 millions de dollars par an. Il est passé à près de 400 millions de dollars, pendant le second mandat d’Obama. Il a été réduit à néant par l’administration Trump, et il est revenu à plus de 300 millions de dollars par an sous l’administration Biden.
Le financement américain s’élève à 371 millions de dollars (344 millions d’euros) en 2023, selon le rapport.
D’autres pays comme le Japon, l’Australie, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse et la Finlande ont également cessé de financer l’agence.
Le président Trump a suspendu le financement de l’UNRWA dans le cadre de son changement de stratégie américaine au Moyen-Orient, a déclaré Mme Ledeen.
« Il était très clair que l’UNRWA intégrait l’ancienne façon de faire des affaires qui n’aidait que (…) ‘les méchants’. Il n’était pas dans l’intérêt des États-Unis de continuer à la financer. C’est la raison pour laquelle ils ont pris la décision de suspendre le financement », a-t-elle ajouté.
La Loi pour conditionner l’aide à la Cisjordanie et à Gaza aux mesures prises par l’Autorité palestinienne pour mettre fin à la violence et au terrorisme contre les citoyens israéliens (To condition assistance to the West Bank and Gaza on steps by the Palestinian Authority to end violence and terrorism against Israeli citizens ou ‘Taylor Force Act’), signée par Donald Trump en 2018, « interdit ce qu’ils appellent ‘payer pour tuer' », c’est-à-dire les paiements effectués par le Hamas et l’Autorité palestinienne aux terroristes, à leurs familles et aux kamikazes, explique Mme Ledeen.
Cette loi porte le nom d’un ancien combattant américain, diplômé de l’Académie militaire de West Point, dans l’État de New York, assassiné par un terroriste palestinien en 2016 en Israël, alors qu’il faisait partie d’un groupe d’étude de l’université Vanderbilt.
L’administration Biden était au fait de ces allégations troublantes, mais a tout de même repris le financement de l’UNRWA, a-t-elle dit.
Selon M. Michael, Israël a lui-même une part de responsabilité. Il a utilisé l’UNRWA pour traiter avec le Hamas.
« Au final, Israël est responsable de la poursuite de l’existence de l’UNRWA parce que c’était très confortable. (…) Israël préfère ne pas avoir de contact direct avec le Hamas », a-t-il déclaré.
« Chaque fois qu’Israël avait des divergences avec le Hamas, ce qui est arrivé plusieurs fois au fil des ans, il était plus facile pour les forces de défense israéliennes de se coordonner avec l’UNRWA sur les questions humanitaires. Cela a même poussé les donateurs internationaux à continuer à faire des dons au Hamas. »
« Mais je pense que les choses ont changé depuis le 7 octobre. Beaucoup de choses ont changé dans l’esprit des Israéliens. Et c’est la raison pour laquelle Israël a décidé que trop c’est trop. »
Quant à l’avenir de l’UNRWA, Mme Ledeen a déclaré : « [L’agence] a perdu toute crédibilité. Elle intègre un problème plus large, dans un contexte où les choses ne reviendront jamais à ce qui était considéré comme normal avant le 7 octobre. »
« Ce temps n’existe plus, et l’UNRWA en faisait partie. »
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