Le Parlement a commencé à examiner dimanche la démission du gouvernement dans un Irak en deuil, y compris dans les régions sunnites jusqu’ici à l’écart de la contestation, alors que la répression a fait un nouveau mort à Bagdad.
Peu après ce décès sous les balles des forces de l’ordre, un tribunal du sud a condamné à la mort par pendaison un officier de police pour avoir tué deux manifestants, il y a un mois à Kout, au sud de Bagdad.
C’est la première fois que l’Etat punit un de ses hommes alors que Bagdad accuse régulièrement « des tireurs non identifiés » de tirer indifféremment sur les manifestants et les forces de sécurité.
Le pays endeuillée par plus de 420 morts
A Kout, comme ailleurs dans le sud tribal et chiite, la répression n’a pas entamé la mobilisation dimanche, après deux mois d’une contestation contre le pouvoir et son parrain iranien endeuillée par plus de 420 morts. Des milliers de personnes ont aussi été blessées.
Les défilés du jour se sont transformées en processions funéraires, y compris à Mossoul, la grande ville sunnite du nord, où des centaines d’étudiants vêtus de noir se sont rassemblés.
Les provinces sunnites, reprises au groupe Etat islamique (EI) il y a deux ans, s’étaient tenus à l’écart du mouvement jusqu’ici. Si leurs habitants se plaignent des mêmes maux que dans le sud, ils redoutent d’être taxés de nostalgiques du pouvoir de Saddam Hussein ou de celui de l’EI, accusations déjà portées ailleurs contre les manifestants par leurs détracteurs.
Les martyrs de Nassiriya et Najaf près de 70 manifestants ont été tués
Mais, après deux mois de contestation, Zahra Ahmed, étudiante en odontologie à Mossoul, estime que « c’est le minimum que nous puissions faire pour les martyrs de Nassiriya et Najaf », deux villes du sud où près de 70 manifestants ont été tués ces trois derniers jours.
« Nous sommes présents, tout l’Irak est présent, maintenant le gouvernement doit répondre aux revendications », a renchéri Hussein Khidhir, étudiant en sciences de l’Education.
Vendredi dernier, déjà, une autre province sunnite, celle de Salaheddine, au nord de Bagdad, avait déclaré trois jours de deuil.
Dimanche, huit provinces du sud chiite ont également observé un deuil. Les autorités locales y ont même décrété un jour chômé pour les fonctionnaires.
Tout le système politique qu’il faut changer
Même si le Parlement approuve la démission du gouvernement d’Adel Abdel Mahdi, pour les manifestants, c’est tout le système politique installé par les Etats-Unis après la chute de Saddam Hussein en 2003 et désormais sous mainmise iranienne qu’il faut changer.
Ils réclament le renouvellement complet d’une classe politique qui a déjà fait s’évaporer dans les vapeurs de la corruption l’équivalent de deux fois le PIB de l’un des pays les plus riches en pétrole au monde.
« Qu’Abdel Mahdi dégage, le Parlement aussi, et les partis et l’Iran », a énuméré un jeune manifestant sur la place Tahrir à Bagdad.
« Qu’ils nous donnent cinq noms de remplaçants et on votera, ici, sur Tahrir », a poursuivi un autre, alors que plusieurs noms circulent dans les cercles politiques, tous liés plus ou moins étroitement aux partis au pouvoir.
« Nos martyrs ne sont pas tombés pour les partis, mais pour la patrie », s’est emporté un troisième.
A 150 km plus au sud, dans la ville sainte chiite de Najaf, où l’incendie du consulat iranien mercredi soir a ouvert une nouvelle page de répression et de violences, ce désaveu des partis menace de dégénérer une nouvelle fois.
Après la mort depuis jeudi d’une vingtaine de personnes, pour beaucoup sous les tirs d’hommes en civil défendant le mausolée d’une figure tutélaire d’un parti chiite, les manifestants s’attaquent toujours à ce sanctuaire déjà en partie incendié, ont rapporté des témoins. Des renforts policiers dépêchés de Bagdad ne sont pas parvenus jusqu’ici à les en éloigner.
A Nassirya une quarantaine de manifestants tués vendredi et samedi
A Nassiriya, ville d’origine du Premier ministre où une quarantaine de manifestants ont été tués vendredi et samedi, les protestataires ne quittent plus leur campement.
Ils ont reflué samedi soir sur cette place du centre-ville à l’appel des dignitaires tribaux de la ville qui borde les ruines de l’antique Ur.
Ces derniers avaient fait sortir des combattants tribaux en armes jeudi, premier jour d’une répression qui a fait sombrer la ville dans le chaos.
Vendredi, ils les ont rappelés après avoir obtenu le limogeage du commandant militaire en charge de la répression. Et, samedi, ils se sont mis d’accord avec les forces de l’ordre pour circonscrire les manifestations, accusant des saboteurs venus de l’extérieur de la province de se glisser parmi les manifestants tentant d’encercler des postes de police pour semer le désordre.
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