Une femme de 32 ans, qui avait suivi son mari dans les rangs de l’organisation terroriste État islamique en Syrie où elle a passé quatre ans, a été condamnée mercredi à Paris à deux ans de prison ferme, une peine couverte par la durée de sa détention provisoire.
Salima R., qui comparaissait libre, a été condamnée à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, puis cinq ans de suivi socio-judiciaire. Elle ne retournera donc pas en prison. Elle a été reconnue coupable par la cour d’assises spéciale d’« association de malfaiteurs terroristes » et d’avoir mis ses enfants en danger en les emmenant vivre dans une zone de guerre en Syrie.
La trentenaire a affirmé avoir vécu sous « l’emprise » de son mari – un cadre dans l’administration de l’EI, tué en 2016 par un drone américain – mais a admis avoir adhéré de son propre chef aux idéaux de l’organisation jihadiste, tout en affirmant s’être tenue à l’écart de toute violence. « Je ne réalisais pas l’implication de l’EI dans le terrorisme », a-t-elle dit.
Elle a dit regretter d’avoir mis en danger ses deux premiers enfants, âgés de trois ans et cinq mois lors de leur départ en Syrie, tout en soulignant qu’elle avait veillé à ne pas les exposer à des images des exactions de l’EI.
Une implication largement minimisée
Selon une enquêtrice de la DGSI entendue par la cour, Salima R. a participé au « jihad du ventre » prôné par l’EI pour inscrire sur la durée la pérennité du califat autoproclamé. Elle a eu six enfants : deux nés en France avant son départ en Syrie, trois nés sur place, et le dernier né en France lorsqu’elle était en détention. Tous ont été placés.
La représentante du parquet avait requis 13 ans de réclusion, en soulignant que l’accusée ne pouvait pas « tout mettre sur le dos de son défunt mari ». Elle « minimise considérablement son implication puisqu’elle ne reconnaît pas qu’elle a adhéré à l’idéologie jihadiste », a-t-elle dénoncé.
Pour la défense, Me Adélaïde Jacquin a souligné au contraire que Mme R. était certes « rentrée dans la radicalisation de son plein gré », mais que la peine devait être « adaptée à la personne qu’elle est devenue aujourd’hui ».
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