Le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, a dressé dimanche le panorama des menaces terroristes existant sur le territoire, dans un entretien au journal Le Monde.
Si « elle a baissé en intensité », la menace terroriste demeure tout de même « à un niveau très élevé ». « Le djihadisme sunnite (…) reste la principale menace terroriste » affirme Nicolas Lerner. Il précise que les actions terroristes des djihadistes sont celles qui ont tué ces dernières années.
« La première source de menace » existe et vient de l’intérieur de nos frontières, précise-t-il. Ces individus sont « nés ou séjournent durablement sur le territoire national ».
Depuis plusieurs mois, des projets d’attentats visent particulièrement les « opposants à l’Islam ». La DGSI a pu déjouer au mois de mars « plusieurs attentats à l’arme blanche contre des civils, des personnalités qualifiées d’opposants à l’Islam ou contre des églises ». L’un des deux jeunes hommes impliqués n’avait que 17 ans.
La menace terroriste exogène
La menace venant de l’extérieur persiste, même si elle est moindre en comparaison à la période 2015-2018. Cette persistance constitue tout de même « un sujet de préoccupation croissant depuis une année ». Les organisations terroristes en Syrie ou en Afghanistan opèrent en contactant sur place des individus radicalisés, en les poussant à passer à l’acte. Ce phénomène, identifié dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie centrale, prend de l’ampleur en France depuis l’été 2022.
Concernant les retours volontaires des Français partis faire le djihad en Syrie, cela représente en tout « 56 femmes et 132 enfants ». « Toutes les femmes ont fait l’objet de poursuites judiciaires et la quasi-totalité a été incarcérée. » Quant aux enfants, ils ont tous fait « l’objet de mesures de placement et d’un suivi extrêmement fin et individualisé. »
Nicolas Lerner reste méfiant concernant un éventuel revirement idéologique de ces Françaises ayant choisi de participer au djihad en Syrie. « Si l’essentiel des femmes tient un discours apparent de regret vis-à-vis de leur expérience, il ne faut évidemment pas baisser la garde, certaines d’entre elles ayant été et restant potentiellement radicalisées. »
Une résurgence de l’ultradroite
« Depuis le printemps, nous assistons à une résurgence très préoccupante des actions violentes ou des intimidations de la part de l’ultradroite, dont une partie s’inscrit en rupture assumée avec le cadre démocratique », souligne le patron du renseignement intérieur français.
Nicolas Lerner, à la tête de la DGSI depuis 2018, rappelle notamment les attaques contre les maires de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), qui a démissionné après l’incendie de son domicile, et de Callac (Côtes-d’Armor), où l’installation de centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) ou réfugiés à proximité d’une école était vivement contestée par les habitants. « Les menaces abjectes à leur égard (…) ou au travers de courriers anonymes d’une rare violence, en sont l’illustration. »
Le haut-fonctionnaire s’inquiète de « la banalisation du recours à la violence et la tentation de vouloir imposer ses idées par la crainte ou l’intimidation » dans la mouvance de l’ultradroite, « forte d’environ 2000 personnes ».
Dix projets d’attentat terroriste de l’ultradroite ont été déjoués depuis 2017, rappelle-t-il.
Les « modes d’action » de l’ultragauche
L’ultragauche constitue « d’abord et avant tout, une menace pour l’ordre public », à travers ses « déferlements de violence », « association de malfaiteurs en vue de commettre des infractions terroristes », incendies pouvant viser des casernes de gendarmerie et se propager à des habitations, « saccages », « destruction de biens ».
« Aux yeux de ces militants, s’en prendre au système nécessite désormais de s’en prendre à ceux qui l’incarnent, pas seulement à ceux qui le dirigent. », analyse Nicolas Lerner.
« La lutte contre ‘‘l’État capitaliste’’, l’extrême droite, les forces de l’ordre ou encore le personnel pénitentiaire », sont les revendications habituelles de l’ultragauche. « Le phénomène nouveau de ces derniers mois, c’est la part croissante de ses militants qui a investi la question environnementale. »
Ainsi, l’importation de ses « modes d’action » sur la question environnementale, comme la contestation des mégabassines à Sainte-Soline ou des travaux de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, « est un sujet de préoccupation ». Les revendications écologiques constituent pour certains « un prétexte pour s’en prendre aux symboles de l’État, aux forces de l’ordre, à ce qu’ils appellent le ‘‘système’’ ».
Il ne reprend cependant pas à son compte le terme d’« écoterroristes » du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, expliquant qu’« aucune action » de nature terroriste n’a été commise au nom de la cause environnementale ces dernières années, tout en restant « vigilant » face à des « idéologies qui légitiment et théorisent le recours à l’action violente ».
Entre 1970 et 1980, en France mais aussi en Allemagne et en Italie, l’ultragauche « a tué en considérant que la légitimité de ses idées devait conduire à ce type d’action radicale. »
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