Les trois policiers du Raid placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la mort de Mohamed Bendriss, 27 ans, ont été mis en examen pour « violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et placés sous contrôle judiciaire, a annoncé jeudi 10 août le parquet de Marseille dans un communiqué relayé par france info.
S’ils sont autorisés à continuer d’exercer, ils ont, en revanche, interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles et de prendre part dans le cadre de leurs missions à des interventions portant sur des violences urbaines et de grands événements sur la voie publique, indique le parquet.
Mohamed participait « à une action d’appropriation frauduleuse dans un contexte de pillage généralisé »
Dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que de violentes émeutes ont éclaté partout en France après la mort du jeune Nahel, tué par un policier après un refus d’obtempérer, Mohamed Bendriss a été retrouvé inanimé proche de son scooter cours Lieutaud, dans le centre-ville de la cité phocéenne. L’homme a été transporté à l’hôpital où il est décédé. Selon le parquet de Marseille, il aurait probablement perdu la vie à cause d’« un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de type flashball ». « Cet impact a entraîné un arrêt cardiaque et donc la mort dans un temps proche », précise-t-il.
Les auditions et les vidéos ont permis d’en savoir plus sur le déroulé des faits ayant conduit à sa mort. « Les investigations et les auditions réalisées tant des témoins que des gardés à vue ont permis d’établir un certain nombre d’éléments quant au déroulé des faits ayant conduit au décès de » Mohamed, indique le parquet. D’après les images de vidéosurveillance, Mohamed a essayé de saisir le sac en possession d’un homme qui venait de piller une boutique Foot Locker. « Il existe donc des éléments démontrant que ces deux individus participaient à une action d’appropriation frauduleuse dans un contexte de pillage généralisé des magasins du centre-ville fondant une action d’intervention pour en interpeller les auteurs », poursuit le parquet. Alors que le premier individu a été interpellé, Mohamed « parvenait à s’enfuir en scooter (…). C’est dans ces circonstances qu’il était atteint dans un laps de temps très court par deux tirs de LBD, dont l’un au niveau du thorax se révèlera mortel, puis par un tir de munition type ‘bean bag’ qui impactait son scooter. »
Des investigations complémentaires doivent encore être conduites, ajoute le parquet, « notamment quant à la régularité des conditions d’emploi des armes utilisées à l’encontre » du délinquant et la « proportionnalité de cet engagement ». À ce stade, il est encore impossible de déterminer quel tir est à l’origine de l’arrêt cardiaque du jeune homme.
La famille de Mohamed porte plainte
Les déclarations du Parquet sur les circonstances du décès de Mohamed ont suscité le courroux de sa famille qui, par le biais de leur avocat, Arié Alimi, ont annoncé jeudi sur BFM TV porter plainte pour diffamation contre le procureur de la République, accusé de « salir » sa mémoire. En effet, les proches du jeune homme contestent les faits reprochés à l’individu, soutenant qu’il voulait empêcher le vol, et non pas le commettre.
Le procureur de la République de Marseille « n’a pas droit de tirer des interprétations de faits », dénonce Arié Alimi. Il « sera poursuivi devant un tribunal correctionnel ». « On ne peut pas se permettre, au seul motif que l’on souhaite protéger des policiers qui sont eux-mêmes auteurs de la mort d’un homme, d’essayer de salir la mémoire d’un homme qui a peut-être essayé de participer à un acte civique. C’est quelque chose qui est inadmissible et qui ne doit plus jamais être réalisé. Encore moins par un procureur de la République, encore moins s’agissant d’un homme qui vient de mourir ».
L’avocat juge que le procureur de la République de Marseille « protège les policiers en essayant de salir la mémoire d’un homme puisqu’il indique que Mohamed aurait empêché un vol mais qu’il en tire la conclusion qu’il aurait participé à un vol. » Et de conclure : « À mon avis, il a essayé de salir la mémoire de Mohamed dans ce contexte pour essayer de justifier qu’il n’ait pas demandé la détention provisoire de ces policiers ».
« Il fallait impérativement les neutraliser »
Toujours présumés innocents, les trois policiers du Raid ont donc été mis en examen pour « violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et encourent jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle.
A la sortie du Palais de justice, l’avocat de l’un des policiers explique à TF1 la raison derrière le geste de son client, qui se sentait menacé, selon lui : « Il y avait un danger caractéristique, et ce danger venait reprendre des informations données à la police selon lesquelles il y avait des scooters qui entendaient s’en prendre aux forces de l’ordre, et qu’il fallait impérativement les neutraliser, les interpeller », fait valoir Me Dominique Mattéi.
Ce vendredi 11 août, sur Sud Radio, Rudy Manna, porte-parole national du syndicat de Police Alliance, s’est satisfait que les trois membres de l’unité d’élites placés sous contrôle judiciaire aient pu rentrer le soir chez eux auprès de leur famille, mais il a tenu à souligner que « le malaise au sein de la police est toujours aussi fort et prégnant » : « Aujourd’hui, le sentiment de nos collègues est le suivant : lorsqu’on rentrait dans la police, on était prêt à risquer notre vie pour préserver la liberté de nos concitoyens, mais aujourd’hui on se rend compte qu’on risque notre liberté pour préserver celle de la société. Cela devient difficile pour beaucoup de policiers qui s’interrogent sur la suite de leur carrière. »
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