En Seine-Saint-Denis, un lycée encensé pour son accompagnement éducatif a basculé dans un conflit ouvert entre enseignants, parents d’élèves et direction, avec pour point de rupture la gestion « chaotique » d’une rixe en plein cours.
Quelques jours avant les vacances de la Toussaint, quatre élèves de terminale du lycée Mozart au Blanc-Mesnil, à une vingtaine de kilomètres au nord de Paris, s’introduisent dans une classe pour frapper un autre adolescent. Des moqueries seraient à l’origine de la bagarre.
Sur une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, au milieu des cris et de la cohue, on distingue un garçon, à terre, roué de coups par un groupe.
Puis le déferlement de violence s’est poursuivi sur le parvis du lycée pour un « match retour ». Les agresseurs « ont été livrés à la gueule du crocodile et frappés par une bande de quinze extérieurs au lycée », ont témoigné Sirine, Jessica, Laurine, Sauntou, camarades de classe des victimes, encore sous le choc.
Police et pompiers ont été dépêchés sur place. Un des élèves a été transporté à l’hôpital, selon le rapport du comité d’hygiène et sécurité, consulté par l’AFP. Le jour même, les professeurs ont fait valoir leur droit de retrait, refusé par le rectorat de Créteil estimant qu’il n’y avait « pas de danger grave et imminent ».
Le proviseur « a laissé les élèves livrés à eux-mêmes »
La goutte de trop. Depuis, des enseignants ont planté un piquet de grève, soutenus par des parents d’élèves qui reprochent au proviseur d’avoir géré de « manière chaotique l’incident qualifié de « sans gravité » dans une note envoyée aux parents », explique Tatiana, parent d’élèves élue. « Il a laissé les élèves livrés à eux-mêmes, qui ne voulaient pas sortir du lycée, apeurés des représailles », insiste la mère de famille.
Fait rare, dix familles ont déposé plainte à l’encontre du proviseur pour « mise en danger de la vie d’autrui ». La plainte « a donné lieu à une enquête », a indiqué le parquet de Bobigny.
Sollicité par l’AFP, le rectorat estime que « le délai de gestion du chef d’établissement est correct » et ne fera « aucun commentaire sur la plainte ». Les agresseurs ont été mis à l’écart en attendant un conseil de discipline. Des affrontements dans l’établissement, c’est du « jamais vu », assurent les parents.
« Il est impossible de continuer à travailler avec un chef d’établissement qui met en péril l’intégrité physique et psychique des membres de la communauté scolaire », assure le syndicat majoritaire Snes-FSU 93.
Vives tensions entre la direction et les enseignants
Depuis le printemps dernier le torchon brûle entre enseignants et direction. Un professeur de littérature estime que « le rectorat a installé le proviseur pour faire le ménage parmi le corps enseignant », jugé trop contestataire. « Il a instauré un climat de terreur, impose les plannings, nous dénigre sur les réseaux sociaux », accuse un autre en arrêt maladie.
Le syndicat des proviseurs SNPDEN-UNSA 93, dénonce, lui, « un lynchage » du dirigeant du lycée. « Aucun proviseur ne tient dans cet établissement », assure Radouane M’Hamdi, à la tête du syndicat départemental.
« Il (le proviseur) fait tout pour que les élèves aient leurs quotas d’heures », insiste M. M’Hamdi qui estime qu’« il est temps de penser à l’intérêt des élèves et de discuter autour d’une table », en taclant au passage l’absentéisme de certains.
À cette guerre des tranchées, s’ajoute dans ce lycée « une vie scolaire en sous-effectif, des profs de philo, mathématiques et espagnol manquants depuis la rentrée », énumère une maman. « C’est déprimant », confie-t-elle sous couvert d’anonymat. Elle soutient les professeurs mais s’« inquiète » de l’avenir de son fils en première et regrette que ce lycée ait perdu son prestige.
Face à cette situation de crise, la rectorat de Créteil a annoncé à l’AFP recevoir les enseignants et parents d’élèves élus au retour des vacances scolaires de la Toussaint.
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