Les autorités turques ont arrêté mardi au moins treize avocats d’un cabinet assurant la défense de deux enseignants incarcérés et en grève de la faim, deux jours avant l’ouverture de leur procès, selon un de leurs collègues.
« Des mandats d’arrêt ont été émis contre 18 avocats. Nous savons que 13 (d’entre eux) ont été placés en garde à vue, et nous n’avons aucune nouvelle des 5 autres », a déclaré à l’AFP Anil Arman Akkus, un avocat du Bureau des droits du peuple (HHB), très impliqué dans la défense des deux grévistes de la faim.
Nuriye Gülmen, une universitaire, et Semih Özakça, un enseignant, ont été limogés par des décrets-lois émis dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite du putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur musulman auto-exilé aux États-Unis Fethullah Gülen, qui dément toute implication.
Après des mois de manifestations quotidiennes dans le centre-ville d’Ankara, ils ont entamé le 9 mars une grève de la faim pour contester leur limogeage, avant d’être incarcérés fin mai sous l’accusation d’appartenance à un groupuscule d’extrême gauche, le DHKP-C, classé « terroriste » en Turquie.
Leur procès doit s’ouvrir jeudi à Ankara, tandis que des manifestations se poursuivent tous les jours dans le centre-ville de la capitale pour les soutenir.
L’agence progouvernementale Anadolu a pour sa part rapporté l’arrestation de 11 avocats à Istanbul et quatre autres à Ankara pour des liens présumés avec le DHKP-C.
Le HHB a diffusé mardi matin sur Périscope une vidéo montrant l’intervention des forces de l’ordre dans son bureau d’Ankara.
Me Akkus a affirmé que les avocats interpellés étaient la « locomotive » de l’équipe de défense des deux enseignants, mais que d’autres avocats s’étaient portés volontaires pour les défendre.
« Cette attaque vise à nous faire renoncer », a affirmé dans une vidéo publiée sur Twitter Esra Özakça, épouse de M. Özakça, elle-même en grève de la faim depuis l’arrestation de son mari et assignée à résidence depuis le 13 juillet.
Appelant à une forte mobilisation lors de la première audience du procès jeudi à Ankara, elle a assuré que Nuriye Gülmen et Semih Özakça « ne resteront pas sans avocats ».
Plus de 50 000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plus de 140 000 limogées ou suspendues lors de purges lancées après le putsch manqué.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.