Le Parti communiste chinois (PCC) représente un danger concernant les réseaux sans fil du monde entier en charge de tous types d’activités essentielles, telles que la production en usine ou la communication militaire, selon Jon Pelson.
M. Pelson est l’auteur de Wireless Wars : China’s Dangerous Domination of 5G and How We’re Fighting Back (La guerre du sans fil : la dangereuse domination chinoise de la 5G et nos moyens de riposter). L’ouvrage constitue une mise en garde face aux risques de sécurité que représentent les entreprises de télécommunications liées au régime chinois.
« Si une entreprise liée au PCC a fourni votre équipement 5G, vous lui avez remis les clés du royaume – vous êtes à sa merci », explique M. Pelson pour Epoch Times.
Concernant la 5G, le risque est d’autant plus important que la technologie implique des innovations considérables. « La 5G a été conçue pour tout affecter dans la vie, ce qui n’était pas le cas des générations précédentes. »
Non seulement la 5G est plus rapide que les générations précédentes de technologies sans fil, mais elle peut également gérer des volumes d’activité plus importants de manière quasi instantanée. « Elle a un impact sur l’automatisation des usines, sur le fonctionnement des voitures autonomes, sur la façon dont le trafic et même la criminalité sont surveillés dans les villes, et bien plus encore », poursuit-il.
« La 5G va devenir la technologie en charge de toutes les autres infrastructures, notamment la distribution d’électricité, le transport aérien, les services financiers, la prestation de soins de santé, etc. »
Présence en milieu rural
Le géant chinois des télécommunications Huawei a joué un rôle important dans l’avancement des réseaux 5G à travers le monde, et M. Pelson craint que le groupe ait infiltré certaines des installations les plus sécurisées des États-Unis.
En 2012, Huawei a été exclu du marché américain, lorsqu’un rapport du Congrès a averti que ses produits présentaient un risque pour la sécurité du fait des liens qu’entretenait le groupe avec le PCC. La Commission fédérale des communications (FCC) a également désigné Huawei et plusieurs autres entreprises de télécommunications chinoises comme des menaces pour la sécurité nationale. L’entreprise a également été inscrite sur une liste noire commerciale.
Pour justifier ces mesures, les responsables américains ont invoqué les relations du groupe avec Pékin, ainsi que les lois chinoises qui obligent les entreprises à collaborer à la demande avec le renseignement.
Mais M. Pelson note que les équipements de Huawei sont toujours utilisés dans les zones rurales du pays, où les petits opérateurs ont été attirés par leurs prix. La Rural Wireless Association, un groupe de commerce représentant 55 petits opérateurs sans fil, estimait en 2018 que 25 % de ses entreprises membres utilisaient des équipements Huawei ou ZTE (une autre entreprise de télécommunications chinoise).
M. Pelson rappelle qu’une déclaration de 2019 de la commissaire de la FCC, Jessica Rosenworcel (aujourd’hui présidente), exposait les préoccupations concernant les antennes-relais de téléphonie mobile équipées d’éléments fournis par Huawei à proximité de la base militaire de Malmstrom dans le Montana (qui abrite des missiles nucléaires).
« Les équipements de communication qui sont accrochés à ces antennes proviennent de Huawei, et nous avons de bonnes raisons de croire qu’ils sont susceptibles d’imposer l’influence et le contrôle étranger », a déclaré Mme Rosenworcel.
« Ce n’est qu’une base militaire dans le Montana. Mais il y en a d’autres. Tout comme il y a toutes sortes d’infrastructures essentielles à travers nos communautés rurales, et dans de nombreux cas, on retrouve des réseaux sans fil nichés à proximité avec des équipements étrangers non sécurisés. »
En enquêtant pour son ouvrage, M. Pelson a vérifié de lui-même les sites ruraux et constaté qu’un certain nombre utilisaient encore du matériel Huawei. « Ce sont les petits réseaux régionaux et ruraux qui ne veulent pas changer parce qu’il n’y a pas d’argent à gagner », explique-t-il, ajoutant que « Huawei a pratiquement offert le matériel dans ces zones – et ce n’est pas une coïncidence ».
Mais la FCC prend des mesures pour répondre à ces préoccupations. En septembre, elle a annoncé la mise en place d’un programme de 1,9 milliard de dollars visant à payer les opérateurs américains pour « arracher et remplacer » les équipements fabriqués par Huawei, ZTE ou tout autre entreprise désignée comme présentant un risque pour la sécurité nationale. Le matériel devra être remis aux autorités du 29 octobre au 14 janvier 2022.
John Lenkart, un cadre supérieur retraité du FBI, autrefois en charge des menaces de contre-espionnage posées par les entreprises de télécommunications chinoises, estime qu’il y a encore beaucoup à faire pour retirer les équipements Huawei du pays. « Les équipementiers chinois restent une menace et leur présence donne toujours la possibilité de dégrader, détourner ou refléter secrètement les signaux et les données de leurs utilisateurs », explique-t-il pour Epoch Times.
Extraction des métadonnées
Selon M. Pelson, dans ces endroits éloignés desservis par Huawei, l’entreprise est en mesure de recueillir les métadonnées des utilisateurs. Les métadonnées ne concernent pas seulement le contenu d’un appel téléphonique ou d’un courrier électronique, mais englobent toutes les autres informations associées à la communication, des informations qui constituent autant de renseignements intéressants.
Les métadonnées « vous diront qui parle à qui, à quels sites web vous êtes connecté, qui est près de vous ou va à votre rencontre, que votre téléphone soit allumé ou non », précise-t-il.
Elles peuvent également déterminer l’heure et la fréquence des communications entre les personnes, ce qui peut aider à établir le profil d’une personne et à identifier des éléments de chantage potentiel.
« Il peut vous dire qu’une personne parle au Pentagone, à un bookmaker ou à un trafiquant de drogue notoire » précise M. Pelson.
« Il peut vous dire que quelqu’un de la CIA s’est rendu à tel endroit, puis à la division du ministère de la Justice qui enquête sur l’espionnage », poursuit-il.
Selon M. Pelson, les métadonnées peuvent surtout permettre de détecter des « conversations », c’est-à-dire des volumes de communication élevés entre des personnes. « Le plus important, c’est que [le régime chinois] sait quand et où quelque chose se passe aux États-Unis là ou Huawei est en charge de la connectivité. »
M. Lenkart est tout aussi inquiet, affirmant que « Globalement [le PCC] à la capacité de plonger dans les données et de les détourner vers une autorité centralisée qui aura alors une sorte de compréhension omnisciente de tout ce qui se passe [dans la portée du réseau]. »
Baisse des tarifs stratégique
En dehors des États-Unis, Huawei continue à jouer les gros bras dans le monde entier pour dominer le marché de la 5G, continue M. Pelson.
« Sorti de nulle part, Huawei est passé de fournisseur local à mastodonte de 120 milliards de dollars par an en quelques années seulement », explique-t-il.
Grâce à des dizaines de milliards de dollars d’aides publiques, l’entreprise a été en mesure de pratiquer des prix agressifs inférieurs à ceux de ses concurrents.
« Les prix de Huawei constituent une fraction de ceux de leurs concurrents, même s’ils fabriquent tous le matériel en Chine », dit-il. « Ils se sont rendus très bon marché, ont offert une gamme de produits et se sont attaqués à tous les secteurs. »
Le soutien financier important du PCC a permis à l’entreprise de « fixer des prix inférieurs à leurs propres coûts pendant des années et d’avoir encore de l’argent à dépenser pour la recherche et le développement et d’autres dépenses, tout en prétendant générer du bénéfice », souligne l’auteur.
Dépendance
Selon M. Pelson, il n’y a aucun avantage stratégique à dépendre de la technologie du PCC, un régime auquel on ne peut faire confiance. Pourtant, Huawei s’est positionné de manière à maintenir les utilisateurs dépendants de ses services. « Huawei garde la main lorsqu’il fournit le matériel pour les réseaux 5G, parce qu’il peut refuser des pièces ou des services à tout moment. »
Il émet une mise en garde face au risque de devenir dépendant des réseaux de contrôle sans fil gérés par la Chine. « Lorsque vous utilisez des équipements Huawei dans votre réseau cellulaire, ils doivent les mettre à niveau, les entretenir, les ajuster. »
« Considérez une usine ou un port connecté par Huawei – que ce soit aux États-Unis, en Europe, en Afrique ou en Asie – l’entité devra compter sur la bonne volonté de la Chine pour vraiment maintenir l’endroit en état de marche. »
Bien que l’influence de Huawei dans le monde semble diminuer, la menace du PCC ne peut être écartée, car le régime a toujours l’ambition d’exercer une domination mondiale, selon M. Lenkart.
« Il est important de considérer la totalité de la mosaïque, et, le fait que PCC a la capacité et l’intention stratégique de dominer les marchés mondiaux des télécommunications », dit-il. « En dominant la technologie 5G, le PCC peut surveiller les menaces [pour le régime] ici et à l’étranger. »
Finalement, M. Lenkart propose des solutions, affirmant qu’il faut commencer par mettre en place « un mécanisme de vérification et de conformité gouvernemental beaucoup plus robuste ». Il estime que la FCC, en particulier, devrait imposer une certaine conformité, appliquer des amendes, et refuser l’accès aux entités qui enfreignent les normes de sécurité nationale.
Selon M. Lenkart, la FCC doit utiliser son autorité dans toute la mesure du possible en termes de sécurité nationale. « C’est à ce moment-là seulement que nous prendrons le chemin gagnant », conclut-il.
En réponse à une demande de commentaire d’Epoch Times, la FCC a rappelé ses récentes actions visant à protéger la sécurité nationale dans la chaîne d’approvisionnement des communications.
Huawei, par contre, n’a pas répondu à une demande de commentaire d’Epoch Times.
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