« En suivant l’argent, on peut trouver des terroristes » : l’ancien procureur général près la Cour de cassation François Molins a appelé vendredi à intensifier l’étude du « micro-financement » des organisations terroristes face à une « menace durable » à l’approche des Jeux Olympiques.
Interrogé sur les risques à l’approche des JO en France (26 juillet au 11 août), M. Molins a souligné que la France s’intégrait « dans un univers » avec la « réactivation du jihadisme dans la zone afghane », « la résilience de Daech, qui commet des attentats », ou encore une « métastase » continue dans les zones du Sahel.
« On est sur une menace très particulière de micro-financement », a insisté l’ancien procureur général, lors du premier colloque du service de renseignement financier Tracfin qui émet des signalements à l’autorité judiciaire sur des flux financiers suspects.
Le « caractère atypique » de certains flux doit « attirer l’attention sur la préparation d’attentats ou les velléités au départ » pour le jihad, a détaillé celui qui a été le visage de l’antiterrorisme face à la vague d’attentats lancée en 2015 en France.
« Une petite somme, croisée avec d’autres renseignements, peut être extrêmement intéressante pour la justice », a-t-il souligné, détaillant que « le budget » des attentats qui ont frappé la France en 2015 était évalué à « environ 150.000 euros ». Avant ces attentats, « on travaillait mal » sur les signalements émis par Tracfin, qui n’étaient pas traités « en interne » par des services spécialisés dans l’antiterrorisme, reconnaît avec humilité M. Molins.
Un protocole a notamment été mis en place en 2015 pour « aviser Tracfin de toutes les enquêtes ouvertes en matière de terrorisme, ce qui permettait de croiser les cibles et les flux, et Tracfin pouvait orienter davantage ces recherches », rapporte M. Molins. « Il y a un avant et un après les attentats de 2015 », a relevé le directeur de Tracfin Guillaume Valette-Valla, notamment par la « quantité de soupçons signalés pour financement de terrorisme ».
« 180.000 déclarations de soupçons » attendues en 2023
Sur l’ensemble de l’année 2023, Tracfin s’attend à recevoir environ « 180.000 déclarations de soupçons » liées au financement du terrorisme mais aussi au blanchiment de capitaux, a indiqué M. Valette-Valla.
Ces signaux d’alerte, lancés en grande majorité par le secteur financier et en particulier les banques, poursuivent ainsi leur nette augmentation (163.000 déclarations de soupçons traitées en 2022, quelques dizaines de milliers en 2017).
Les enjeux financiers des dossiers signalés par Tracfin devraient dépasser les trois milliards d’euros en 2023, après avoir atteint 2,1 milliards en 2022, a souligné M. Valette-Valla.
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